Depuis des siècles, la longue histoire de Nice et des Alpes-Maritimes témoigne des liens étroits noués avec l’Italie voisine. Avec cette conférence, découvrez les immigrés italiens venus travailler et vivre sur place après 1860. Ces hommes et ces femmes ont quitté leur pays pour rejoindre des promesses d’emploi, de mieux-être, de faim rassasiée, d’avenir pour les enfants, mais aussi d’élan vers la patrie des Droits de l’homme et des libertés. Toute une histoire humaine douloureuse qui ne s’est pas inscrite dans la mémoire collective. Enrichi de témoignages inédits et de photographies d’époque, cet ouvrage réhabilite ces générations de migrants italiens en retraçant leurs origines géographiques, leurs métiers, leurs conditions de vie, leurs lieux de vie…
Gérard Geist, conférencier et auteur du livre
Gérard est historien et conférencier. Après des études au lycée Masséna, il obtient son troisième cycle d’histoire à l’université de Nice. Dirigeant de nombreuses institutions culturelles publiques ou parapubliques, il a été maire pendant 19 ans (2001 à 2020) de la commune de Sainte-Aulde en Seine-et-Marne et président de la Communauté de Communes du Pays fertois. Il est le fils de Henri Geist, décédé en 2022, archéologue, fondateur-président du Cercle d’histoire et d’archéologie des Alpes-Maritimes, découvreur de nombreux sites archéologiques locaux. Gérard Geist est né à Nice, issu par sa mère, d’une double immigration. L’une de France vers les vallées vaudoises dans le Piémont au XVIIe siècle pour des raisons religieuses et l’autre, économique, au XIXe siècle, du Piémont vers Nice.
Contexte historique et géographique
L’histoire des immigrés italiens à Nice est une composante essentielle de l’identité et du patrimoine de la ville, bien que souvent méconnue. L’immigration italienne a profondément marqué la culture, l’économie et la société niçoises depuis plusieurs siècles. Nice, une ville italienne jusqu’en 1860 : Avant son rattachement à la France en 1860, Nice faisait partie du Royaume de Piémont-Sardaigne. À cette époque, la ville avait des liens culturels et linguistiques très forts avec l’Italie. Le dialecte niçois, parlé à l’époque, était très proche du ligurien, une langue régionale italienne. Après l’annexion de 1860 : Le rattachement de Nice à la France n’a pas freiné l’immigration italienne, bien au contraire. Des milliers d’Italiens des régions voisines, principalement du Piémont, de la Ligurie, et plus tard du sud de l’Italie, continuèrent de s’installer à Nice à la recherche d’opportunités économiques et d’une vie meilleure. La première vague d’immigration italienne date de la fin du 19e siècle. Les Italiens sont alors très nombreux dans les métiers de l’agriculture, de la construction, et du commerce. Ils jouent un rôle important dans la croissance économique et le développement urbain de Nice. Viendra ensuite la seconde vague : Dans l’entre-deux-guerres, l’immigration italienne reprend de plus belle. Les tensions économiques et politiques en Italie, notamment sous le régime fasciste de Mussolini, poussent de nombreux Italiens à fuir vers Nice. La ville devient alors un lieu d’accueil pour des antifascistes italiens, des travailleurs, et des familles entières qui cherchent à échapper à la répression. Enfin, une troisième vague après la Seconde Guerre mondiale : Après la guerre, une nouvelle vague d’Italiens arrive à Nice, fuyant les destructions de la guerre et les difficultés économiques. Ils continuent de contribuer de manière significative à la reconstruction de la ville et à son développement.
Une Mémoire Effacée et Redécouverte, l’héritage italien aujourd’hui
La mémoire de l’immigration italienne a été partiellement effacée ou ignorée pendant longtemps en raison des tensions franco-italiennes, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Les liens entre Nice et l’Italie ont été minimisés dans l’histoire officielle, et l’accent a été mis sur l’identité française de la ville. Depuis les années 2000, un effort de redécouverte et de reconnaissance de cette histoire s’est développé. Des chercheurs, des historiens locaux et des associations ont travaillé pour documenter et valoriser la contribution des immigrés italiens à Nice. Des initiatives culturelles, des expositions et des publications ont permis de remettre en lumière cette partie essentielle de l’histoire niçoise. Aujourd’hui, l’influence italienne est toujours palpable à Nice. La gastronomie locale, le dialecte niçois, les traditions religieuses, et les fêtes locales portent encore la marque de cette présence italienne. Des noms de familles, des entreprises, des quartiers témoignent de cet héritage. La communauté italo-niçoise continue de jouer un rôle actif dans la vie de la ville, entretenant la mémoire et les liens transfrontaliers avec l’Italie.
L’histoire des immigrés italiens à Nice est une histoire de contribution, de lutte, et d’intégration progressive. Elle montre comment des vagues successives d’immigrés ont aidé à façonner une ville, à construire ses infrastructures, à enrichir sa culture et à renforcer son identité unique. Malgré une mémoire parfois effacée ou sous-estimée, cette histoire continue de résonner dans la ville et ses habitants aujourd’hui.