Sa silhouette ne passe pas inaperçue avec ses lunettes noires, sa veste légère noire bien sûr, ses bottes indiennes, ses bagues argentées et, ultime attirail, son tee-shirt du Che… Vicky Berardi est un personnage qui a voué sa vie aux autres pour les faire entendre, pour les comprendre aussi, toujours au service de ses plus de 40 000 interviewés. Le Grassois est allé à sa rencontre, elle qui vient de prendre sa retraite cet automne.
Le Grassois : Comment êtes-vous arrivée à la radio ?
Vicky Berardi : C’est plutôt la radio qui est venue à moi. Je travaillais pour la Ville de Grasse, au service animation après avoir raté le concours de bibliothécaire (7ème sur 50) ce qui aurait dû être ma voie à l’époque. Albert Moreau qui était directeur de la MJC Altitude 500 mais aussi du CIG, le théâtre de Grasse, m’a choisi. Il m’a dit : « j’ai quelque chose qui pourrait t’intéresser, on monte Grasse FM, je pense que tu pourrais avoir le profil de… ». J’ai pris un congé d’un mois pour faire un essai et cela a duré 38 ans, de ce 1er août 1982 au 30 septembre 2020.
LG : Votre meilleur souvenir ? Et le plus mauvais ?
VB : Ma plus belle histoire d’amour a été toutes les rencontres que j’ai pu faire… Des invités, des bénévoles, des gens croisés qui sont devenus des amis. Il y en a trop eu pour en sortir un seul. Pour les mauvais, j’ai fait en sorte de ne pas en avoir hormis quelques pannes techniques lors de directs en extérieur peut-être. Je suis toujours allée travailler avec plaisir et motivation. C’est un métier extraordinaire.
LG : Quel bilan ?
VB : Sur les 62 émissions de la grille, j’en ai créé une vingtaine dont Rencontres devenue Agorascopie, un magazine culturel d’une à deux fois par jour selon les sujets. On ne peut pas toutes les citer mais il y a eu Pêle-Mêle, le journal régional, Paroles et Musiques, La Nuit des écrivains (18 auteurs dans la nuit), des Spéciales lors des élections… Mais aussi Ciné-Passion tous les vendredis pour parler des films sortis la semaine, et La Passion du 7ème Art lors des Festivals de Cannes avec le relais de 40 à 50 radios libres sur le plan national.
LG : Parlez-nous un peu de ces émissions quotidiennes en direct du Festival de Cannes ?
VB : Cela a commencé en 1994. L’idée était de proposer un autre regard sur le Festival avec beaucoup d’invités, des retours sur toutes les sélections, et des partenaires comme la CCAS, Cannes Cinéma, RFI. Le format, c’était une heure de direct avec une soixantaine d’invités sur 11 jours. La Passion du 7ème Art, c’était deux mois de préparation avec une équipe rodée, solide, professionnelle, et toujours disponible, de bénévoles engagés et volontaires. De grands moments…
LG : Quelle était votre ligne rédactionnelle ?
VB : Social, politique, culture… Toujours donner la parole aux syndicalistes du département qui se battent pour faire valoir leurs droits, avec des rendez-vous quotidiens et un suivi de leur lutte. À ce propos, lors de mon départ de la radio, j’ai reçu beaucoup de lettres très émouvantes. Je me souviens aussi de cette émission : « Au cœur de la parfumerie » pour étayer le dossier de classement auprès de l’Unesco pour la candidature du pays de Grasse comme site privilégié de la parfumerie et des plantes à parfums. En 2h30, nous avions reçu plus d’une vingtaine d’invités avec Jean-Pierre Leleux comme président de l’association et grand témoin sur le plateau. L’idée était aussi de donner la parole aux acteurs du Haut pays grassois. J’ai découvert tant de choses grâce à toutes ces personnalités.
LG : Pour parler un peu d’actualité, que vous inspirent les derniers attentats de Samuel Paty et de Nice ?
VB : Je suis catastrophée. Comment a-t-on pu en arriver là ? Je veux rendre hommage à toutes les victimes. J’ai une pensée aussi pour les profs qui font un travail pas toujours reconnu de nos jours. Ils sont parfois maltraités par les parents, ils ne sont plus respectés comme auparavant, parfois même, ils ne sont même pas soutenus par leur hiérarchie… Ils ont un rôle pour certains plus social qu’éducatif.
LG : Et maintenant, quel programme pour la retraite ?
VB : J’ai toujours eu la curiosité du monde. Durant 10 ans, j’ai couvert le FESPACO, le rendez-vous du cinéma africain à Ouagadougou, un continent que j’ai beaucoup sillonné comme l’Amérique latine, l’Europe, et l’Asie. Cette curiosité, je la dois à mes parents, Jane et Jean, ainsi qu’à mes profs d’histoire-géo… J’ai l’intention de faire un grand voyage au Canada, Montréal, Vancouver, la Colombie-Britannique. Je n’ai pas encore pu le faire à cause du coronavirus… Et puis, la France, mon pays que je ne connais pas si bien. Je vais m’acheter un break aménagé pour partir en toute liberté dans tous les coins de France.
Propos recueillis par Pascal Gaymard
Questionnaire à la Proust
Le principal trait de votre caractère ? L’optimisme.
La qualité que vous préférez chez un homme ? L’humour.
La qualité que vous préférez chez une femme ? La gaieté, la joie de vivre.
Le bonheur parfait pour vous ? De faire ce que l’on peut à défaut de faire ce que l’on veut.
Où et à quel moment de votre vie avez-vous été la plus heureuse ? A la naissance de ma fille, Sarah.
Votre dernier fou rire ? En 2018, à la Fête de la Musique à Grasse.
La dernière fois que vous avez pleuré ? Je pleure rarement. À la disparition de mon compagnon, Olivier, le père de ma fille.
Votre film culte ? Autant en Emporte le Vent et, Tristan et Iseult.
Votre dernier film ? Un Fils.
Votre occupation préférée ? Les voyages et la cuisine. Je prépare très bien la daube, le couscous, le tajine (ma spécialité) et la soupe au pistou.
Votre écrivain favori ? Jack Kerouac et Jack London, ils m’ont fait beaucoup voyager.
Votre dernier livre ? Les Dames du Mardi de Jean Siccardi.
Votre héros ou héroïne dans la vie ? Che Guevara.
La figure historique que vous admirez ? Jean Jaurès.
Votre héros de fiction ? Corto Maltese.
Votre musicien préféré ? Le guitariste, Django Reinhardt.
Votre chanteur préféré ? J’en ai plusieurs : Brel, Ferrat, Ferré, Brassens.
La chanson que vous chantez sous la douche ? Quand on a que l’Amour.
Votre couleur préférée ? Le Noir.
Votre boisson préférée ? Un bon verre de Bordeaux ou une coupe de champagne.
Que possédez-vous de plus cher ? Ma fille.
Les fautes pour lesquelles vous avez le plus d’indulgence ? Les fautes de français, je préfère une lettre d’amour pleine de fautes que pas de lettre d’amour du tout.
Que détestez-vous vraiment ? Le mensonge.
Si vous deviez changer une chose dans votre apparence physique ? Revenir 40 ans en arrière.
Quel est votre plus grand malheur ? La perte de mes parents.
Votre plus grande peur ? Perdre la vue car c’est la vie.
Votre plus grand regret ? Je n’en ai pas, ni regrets ni remords.
Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ? Ma vie est le plus beau des voyages, ma fille, ma vie professionnelle. J’ai toujours fait les choses avec passion.
Votre devise ? Le voyageur est un rêveur qui passe à la réalité.