La Trinité : Les ex-voto du Sanctuaire Notre-Dame de Laghet

En Provence, les chapelles de pèlerinage ont reçu jadis -et reçoivent encore parfois- des ex-voto. Par ces objets déposés près de l'autel, les fidèles témoignaient de leur dévotion et de leur gratitude envers la Vierge ou le saint dont ils espéraient ou croyaient avoir obtenu une grâce spéciale (guérison d’une maladie, sauvetage, réalisation d’un souhait). D’où le nom donné à l’objet qui manifeste leur reconnaissance : ex voto = en accomplissement d'un voeu.

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L’ex-voto existait déjà dans l’Antiquité païenne et n’a jamais cessé d’être utilisé. Médiateur entre la divinité et le fidèle, témoin de l’efficacité de la première et de la dévotion du second, il a pris au cours des siècles diverses formes. La plus connue consiste en une inscription gravée sur une plaque de marbre, telle qu’on en voit dans la chapelle Notre-Dame de la Queste à Grimaud, mais surtout et en très grand nombre dans les grands centres de pèlerinage comme Lourdes ou le Sacré-Cœur de Paris, où ils couvrent des murs entiers. Découvrons le centre de pèlerinage de Notre-Dame de Laghet.

La commémoration du Sanctuaire de Laghet

Dans le plus célèbre pèlerinage marial du comté de Nice, au cœur des coteaux verdoyants, entre la Méditerranée et la montagne, des prêtres du diocèse de La Salette et des soeurs bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre accueillent les familles, en groupe ou individuellement. Des milliers d’ex-voto, petits tableaux naïfs, sont les témoins des grâces reçues par les pèlerins.

En 1652, dans la modeste chapelle du vallon de Laghet, entre Nice et Monaco, la Vierge Marie aurait répondu à la prière de dévots par plusieurs miracles. La statue de la Vierge à l’Enfant de la modeste chapelle de bergers, restaurée à l’initiative de Don Fighiera curé d’Eze, voit affluer des foules considérables depuis Nice, Monaco, la Ligurie et même du Piémont… Le bouche à oreille fait état de guérisons, d’une délivrance, de la libération d’un captif prisonnier des barbaresques.  Les historiens niçois appelleront plus tard ce temps de grâces « l’année des prodiges.

Hameau dépendant de la commune de La Trinité (autrefois appelée La Trinité-Victor en l’honneur de Victor-Emmanuel Ier), la commune possède cette chapelle, Notre-Dame de Laghet, dédiée à la Vierge Marie qui se manifeste par des guérisons miraculeuses, tenant son nom de laguet qui signifie petit lac, étang. Chacun peut apercevoir sur l’intrados de l’arc triomphal de la chapelle, cette inscription en latin : « Un nouveau nom, un nouveau culte était dû à la Bienheureuse Vierge Marie de Laghet à cause de ses miracles. Mgr Palletis, avec le pieux et généreux concours des divers peuples de la Ligurie, a, dans l’intérêt général, de ses deniers et des deniers publics, bâti un temple, ouvert une place, tracé une route et construit une fontaine au milieu de ces montagnes. L’an du Seigneur 1656, 21 novembre de la troisième année des miracles ».

Le sanctuaire possède une collection d’ex-voto qui rassemble plus de 4 000 pièces est une des plus riches d’Europe. Elle se répartit entre le Musée des ex-voto Salle Don Jacques Fighiera, les cursives du cloître et la crypte où s’entassent les offrandes telles que, béquilles, volants de voiture, bouquets de mariée, souvenirs de baptême…

Ex-voto de la Nouvelle Année 2023

Ex-voto de cette Nouvelle Année pour son 370e anniversaire, en raison de l’inquiétante instabilité du monde, le défunt pape Benoit XIV invitait ses pèlerins : « cherchons Dieu et laissons nous trouver par Lui ».

Histoire et symboles des ex-voto

L’inscription votive suppose la maîtrise de l’écriture et son développement massif date de la fin du XIXe siècle et de l’institution de l’enseignement public obligatoire. Avant cette époque, d’autres formes avaient la faveur des fidèles. La première et la plus ancienne est un objet sculpté ou façonné qui symbolise le danger conjuré. Dans la Grèce antique déjà le temple d’Epidaure recevait ainsi des représentations en cire ou en bois de membres ou organes guéris. Plus tard, on a utilisé aux mêmes fins des béquilles et des prothèses devenues inutiles. Les marins rescapés d’un naufrage offraient des maquettes de bateaux, comme celles qu’on voit dans la chapelle Sainte-Anne de Saint-Tropez, les prisonniers libérés leurs chaînes, les soldats leurs armes, d’autres leurs vêtements, toutes sortes d’objets usuels ou fabriqués pour la circonstance. Les représentations peintes sont moins anciennes et moins universelles. Originaires d’Italie, où les premiers exemples connus remontent au milieu XVe siècle, elles ont pris leur essor en Provence au début du XVII e siècle et n’ont guère franchi les limites de la région. Mais leur nombre étonnant, plusieurs centaines dans des sanctuaires à large rayonnement, leur richesse iconographique et leur utilisation dans toutes les couches de la population en font des témoins précieux à la fois de la vie quotidienne, des comportements sociaux et des mentalités. Même s’ils ont rarement une valeur artistique, ils restent des documents irremplaçables et des souvenirs attachants, dignes donc de figurer en bonne place dans un conservatoire du patrimoine local.

D’après Les travaux de l’Association pour la recherche de l’histoire de Freinet et de L’histoire du Sanctuaire Notre-Dame de Laghet.

Véronique LA ROSA

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