Le Petit Niçois : Vous venez d’être élu à la tête de la chambre consulaire. Pouvez-vous vous présenter ?
Gilles Dutto : Je suis artisan boulanger-pâtissier comme mon père. J’ai commencé à l’âge de 18 ans et j’en ai aujourd’hui 54. Je suis marié et père de trois enfants, 2 garçons et une fille : Maxime 31 ans Charlotte 29 ans et Cesar 22 ans. J’ai deux entreprises dans le département, une à Opio et l’autre à Châteauneuf. Je suis président des maîtres-boulangers et boulangers-pâtissiers du département depuis 2017. Quant à mes fonctions à la chambre, lors de la précédente mandature, j’étais vice-président régional de la CMA.
LPN : Pourquoi avez-vous rejoint la CMA ?
GD : Lorsque j’étais encore adjoint de mon prédécesseur à la fédération de la boulangerie, je suis rentré à la CGAD, qui est la branche alimentaire de la CMA. Les élections de la chambre des métiers ont eu lieu avec une première régionalisation. C’est à ce moment que je me suis positionné et que j’ai été élu vice-président de Jean-Pierre Galvez.
LPN : Un mot sur votre prédécesseur, Jean-Pierre Galvez ?
GD : La passation s’est faite naturellement et dans la continuité. C’est avec un immense plaisir que je prends le relais. C’est quelqu’un avec qui j’ai travaillé pendant 5 ans et j’ai beaucoup appris auprès de lui. C’est une belle personne.
LPN : Ce dernier avait la double casquette : président de la CMA 06 mais aussi PACA. Ce ne sera pas votre cas. Pourquoi ?
GD : Je n’ai pas souhaité me présenter à l’élection régionale parce que ma grande passion ce sont les Alpes-Maritimes. Je vais m’investir à fond pour le 06. Cela aurait pu être possible puisque c’était à ma branche, la CGAD d’y aller, d’ailleurs le nouveau président Yannick Mazette est lui aussi issu de cet organisme, mais ce n’était pas ma volonté. Après, j’aurais des responsabilités régionales évidemment que je remplirai le mieux possible.
LPN : Que ressentez-vous maintenant que vous êtes à la tête de la CMA ? Un peu d’appréhension ?
GD : Absolument pas, moi je n’ai peur de rien (Rires !). Je suis évidemment très content d’avoir été élu à ce poste. Nous allons continuer à faire perdurer ce lien avec les artisans et même le renforcer. Qu’est-ce que la chambre des métiers ? C’est la boîte à outils des artisans. On a un maillage départemental avec nos élus qui est formidable. Du littoral jusqu’à la frontière varoise du Moyen et du Haut-pays, nous avons des représentants partout. Cependant nous voulons accentuer ce lien sur les communes ou nos élus se trouvent.
LPN : Par quels moyens ?
GD : Nous avions déjà commencé ce travail avec les chartes de proximité, que nous allons multiplier, mais au-delà de ça, nous allons continuer. Nos élus auront en charge de faire le lien avec les artisans et de faire vivre cette relation, en organisant par exemple des réunions et aussi en servant de relais avec nous pour faire remonter les problématiques du terrain et les attentes de nos artisans. Notre devise c’est « un problème. Une solution » je ne veux pas que quelqu’un soit ou se sente oublié. Nos élus doivent être les interlocuteurs des artisans pour la chambre des métiers.
LPN : Quelles seront vos premières actions pour le département ?
GD : Nous avons 23 commissions territoriales à mettre en route. À partir de là, nous pourrons positionner nos élus et nous mettre au travail. Ce que nous voulons également, c’est renforcer nos liens avec les organisations professionnelles comme la CAPEB, la CGAD, la CNAMS, la CNATP…Nous allons établir un calendrier sur les 5 ans de mandature qui viennent pour qu’à la fin, nous ayons rempli nos missions. Nous avons proposé 7 engagements : accompagner les entreprises, agir en priorité ou leur activité, garantir une offre de formation adaptée aux besoins, porter une politique ambitieuse pour le développement des activités artisanales dans les centres-villes et les villages, renforcer l’accompagnement des artisans porteurs de projets et des créateurs-repreneurs, défendre des aménagements commerciaux et urbains adaptés et enfin, valoriser et représenter notre identité et nos valeurs.
LPN : Un focus sur l’apprentissage ? Certaines branches manquent de jeunes à former…
GD : Je veux qu’on accompagne les apprentis après leur examen, c’est-à-dire vers les entreprises. Nous nous sommes aperçus qu’aujourd’hui ils finissent leurs CAP ou leur diplôme et souvent, ils sont lâchés dans la nature. Et de leur côté, on s’aperçoit que les entreprises sont en recherche de personnel. Il manque un maillon dans la chaîne et nous allons à la CMA 06 nous y employer. Nous allons aussi développer le numérique pour faciliter la transmission d’entreprise.
LPN : Cette carence de personnel est due à quoi selon vous ?
GD : Je pense qu’il y a surtout une méconnaissance du métier. Nous devons plus communiquer là-dessus. Par exemple, pour parler d’un domaine que je connais bien, la boulangerie a beaucoup évolué. Ce n’est plus comme 5 ans en arrière. On pense qu’il faut se lever très tôt, or avec les chambres de fermentation contrôlée, chez moi les gens commencent à 5h et ils finissent à 12h. Je préfère une journée qui se finit à midi plutôt que de faire 8h/12h et 14h/17h. Et ce n’est qu’un cas parmi d’autres.
LPN : Quels seront vos rapports avec la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI) ?
GD : Il peut y avoir des actions communes, mais la CMA et la CCI sont deux chambres à part et bien distinctes. Je suis contre une fusion entre les deux chambres consulaires. Et ce n’est pas qu’un avis personnel c’est aussi celui de la CMA. À la CCI il y a beaucoup de grandes entreprises et souvent comme dans le règne animal, les gros tentent de manger les petits. Et c’est pour cela que je suis là pour les défendre (Rires !).
LPN : Un mot sur la situation actuelle avec la crise sanitaire. Craignez-vous des faillites à venir ?
GD : Non, parce qu’il y a une reprise de l’activité. Mais nous allons continuer à nous battre, nous voulons le zéro charge pendant la période Covid-19. Nous avons lancé un pavé dans la marre au niveau national. Comment retrouver du chiffre d’affaires pour payer des charges sur du personnel mis en chômage partiel ? Les PGE étaient une bonne chose, mais ce n’est pas suffisant, de plus, il va falloir le rembourser aussi. Pour nous, les charges sont la principale problématique à laquelle les artisans sont confrontés aujourd’hui. C’est le message que l’on veut faire passer.
Propos recueillis par
Pascal Gaymard & Andy Calascione
Questionnaire à la Proust
Le principal trait de votre caractère ? Passionné
La qualité que vous préférez chez un homme ? La franchise
La qualité que vous préférez chez une femme ? La franchise
Le bonheur parfait pour vous ? La santé
Où et à quel moment de votre vie avez-vous été le plus heureux ? Je suis toujours heureux
Votre dernier fou rire ? Tout à l’heure
La dernière fois que vous avez pleuré ? Je voudrais citer Charlie Chaplin : « J’aime marcher dans la pluie parce que personne ne peut voir mes larmes »
Votre film culte ? Kingdom of Heaven, Légende d’Automne, Le Kid et Gladiator
Votre occupation préférée ? Les objets publicitaires anciens
Votre écrivain favori ? Jack Kerouac
Votre dernier livre ? Un livre de cuisine
Votre héros ou héroïne dans la vie ? Il y a des personnes que je respecte beaucoup mais je n’ai pas de héros
La figure historique que vous admirez ? Jean Moulin
Votre héros de fiction ? Luke Skywalker
Votre musicien préféré ? Hans Zimmer, John Williams, Carlos Santana, AC/DC
Votre couleur préférée ? Le Bleu
Votre boisson préférée ? Le Côte du Rhône et le Côte de Provence…rouges
Que possédez-vous de plus cher ? Ma famille
Les fautes pour lesquelles vous avez le plus d’indulgence ? On peut se tromper si on se remet en question et qu’on avance
Qui détestez-vous vraiment ? La lâcheté
Si vous deviez changer une chose dans votre apparence physique ? Un ventre un peu plus plat
Quel serait votre plus grand malheur ? Le décès d’un proche
Votre plus grande peur ? Je n’ai pas peur
Votre plus grand regret ? Je n’en ai pas pour l’instant
Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ? Ma famille
Votre devise ? « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort »