HUMEUR Emmanuel Macron : « Confinement jusqu’au 11 mai »

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Que retenir de la dernière intervention du président de la République, Emmanuel Macron ? C’est un grand mea-culpa auquel il s’est livré… Manifestement, « nous n’étions pas assez préparés à la crise… Des failles, insuffisances comme dans tous les pays du monde… ». On croit rêver ! Pénurie de gel hydroalcoolique, absence de masques durant des semaines et toujours pas pour tous aujourd’hui, retrait de la Chloroquine en vente libre, pas de blouses, ni de gants de protection… Et Emmanuel Macron se moque encore de « nous » quand il affirme avec un aplomb terrible « que tous les pays du monde ont connu les mêmes défaillances ». La Chine reprend une vie normale, la Corée-du-Sud, Taïwan… ont eu une gestion de crise bien plus efficace que « nous », avec généralisation des masques, des gants, des « gestes barrières » et des tests. Mais plus proche de « nous », l’Allemagne allège les restrictions en matière de circulation automobile… et envisage le déconfinement.

Mais pas de panique, Emmanuel Macron « nous » le dit : « les commandes de masques sont passées » … On croit rêver ! Le confinement a été décidé le 17 mars, le COVID-19 a sévi en Chine en décembre puis en Italie en janvier et « nous », « nous passons commande » ? Alléluia ! Faut-il croire Jean-Yves Le Drian quand il dit que nous aurons des masques pour tout le monde… en fin juin. Heureusement que « nous sommes en guerre », comme nous l’a seriné le chef de l’État lors de son allocution du 16 mars dernier.

Comme si cela ne suffisait pas, Emmanuel Macron insiste : « Des ratés, des lenteurs, des procédures inutiles, des faiblesses logistiques ont eu lieu… On en tirera toutes les conséquences… ». La faute à qui ? N’est-ce pas au pouvoir d’éviter « les ratés », de réduire « les lenteurs », d’interdire « les procédures inutiles », d’annihiler « les faiblesses logistiques » … ? Donc, « les conséquences tirées » seront-elles la démission du gouvernement voire du chef de l’État pour incapacité et même déclarations criminelles comme sur l’inutilité des masques car nous n’en avions pas ?

Emmanuel Macron a salué une collaboration européenne pour quelques dizaines de malades accueillis par l’Allemagne, le Luxembourg, la Suisse, l’Autriche, mais quid des différends toujours existants entre pays du Nord et du Sud de l’Europe sur la nécessité d’une solidarité économique ? Quant au « rapatriement de milliers de Français », il faudrait en parler à ceux qui sont revenus après des jours et des semaines d’abandon et à ceux qui ne sont toujours pas rapatriés…

Et puis est venue la seule vraie annonce de cette intervention présidentielle, « le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai prochain ». Durant ce mois supplémentaire, il « nous » est recommandé de continuer à respecter les gestes barrières et éviter de sortir de chez soi.

Si « les couvre-feux peuvent être envisagés si nécessaires, il ne faut pas rajouter des interdits en journée ». Le maire de Nice, Christian Estrosi, appréciera, lui qui a une gestion de la crise exemplaire selon de nombreux observateurs.

Aujourd’hui, « 8 millions de salariés sont protégés (donc en chômage partiel) … Le fonds de solidarité et les aides seront augmentés et simplifiés » et de demander « que les banques et assurances fassent plus encore pour le soutien de l’économie ». À ce sujet, il faudrait que les prêts de soutien à l’activité soient instruits plus rapidement, ce qui est loin d’être le cas.

Emmanuel Macron a aussi annoncé « un plan spécifique pour le tourisme, les restaurants, hôtels, équipements culturels » … qui sera « présenté prochainement ».  Ce plan sera des plus nécessaires car bien des établissements se disent d’ores et déjà en faillite. Dans notre région, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques.

À partir du 11 mai, « les crèches, écoles, collèges, lycées seront rouverts progressivement » mais ce déconfinement partiel ne concernera pas les équipements culturels et « les grandes manifestations interdites jusqu’à la mi-juillet ». Cela pourrait porter un coup fatal au Festival de Cannes ainsi qu’au Tour de France.

Mais là où l’on tombe dans la mauvaise foi assurée, c’est lorsque le président de la République parle des tests. Selon lui, « une large politique de tests serait effectuée depuis 15 jours avec mobilisation des laboratoires publics et privés ». On croit rêver ! D’après un article très documenté de notre confrère du Parisien en date du 3 avril, « la France se priverait de 150 000 à 300 000 tests par semaine depuis le 13 mars dernier » ? La réponse de l’Administration serait toujours la même : « Nous étudions les possibilités mais il faut respecter nos réglementations » dixit les responsables de l’Agence Régionale de la Santé (ARS). Selon Le Parisien : « Les fabricants (tous basés en France) IDVET, IDEXX, BIOSELLAL confirment qu’ils disposent de la matière première pour fournir des kits en grande quantité. Une proposition est adressée par mail dès le 15 mars au directeur général de la santé Jérôme Salomon. Quelques jours plus tard, les professionnels ont établi leur plan : les laboratoires départementaux pourraient réaliser, sous un délai de 15 jours, entre 150 000 et 300 000 tests PCR par semaine. Et ils sont outillés pour traiter en masse les tests sérologiques à venir, éléments clés de la sortie de confinement, qui permettront de déterminer quelle population est immunisée ». Dès lors, Emmanuel Macron ment-il aux Français ? La France disposerait à ce jour de 21 000 tests/jour alors qu’il en faudrait minimum 50 000… L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé un message d’alerte : « Il faut dépister massivement ». Mais avec toujours le même aplomb, Emmanuel Macron nous assure « que tous ceux qui présentent des signes seront dépistés à partir du 11 mai » … Et d’ici là, combien de morts encore faudra-t-il déplorer, Monsieur le Président ?

Motif de satisfaction, « les frontières resteront fermées avec les pays non européens ». Ce qui signifie ipso-facto que les frontières restent ouvertes avec les pays européens… Le saviez-vous ? C’est comme cela que des Français ont pu partir en vacances en Espagne…

Bon, finalement, quand retrouverons-nous une vie normale ? Le Président « n’a pas de réponse définitive ». Enfin, une vérité ! Mais là encore, nous avons « deux voies » : celle du « vaccin, on y travaille mais si solution il y a, il nous faudra des mois pour la mettre en œuvre ». La 2ème, « les traitements, des essais chimiques sont faits dans toute l’Europe… mais il nous faudra encore vivre des mois avec le virus ». Donc, un retour à la vie normale n’est pas pour demain…

Là où l’intervention du chef de l’État devient des plus comiques alors que le sujet ne s’y prête guère, c’est lorsqu’il a abordé « notre » mobilisation : « On disait que nous étions un peuple désobéissant, routinier… ». Il disait lui-même « Gaulois, réfractaire aux réformes » macroniennes… Mais ça c’était avant, maintenant Emmanuel Macron est devenu le chantre de l’esprit français qu’il dénonçait avec arrogance hier encore…

Et pour clôturer le tout, « il nous faut préparer l’après-confinement… en rebâtissant « notre » économie, « notre » industrie, « notre » système de santé, « notre » agriculture française ». C’est donc le plus mondialiste, le plus libéral, le plus soumis à la finance internationale de tous les présidents de la Vème République qui nous affirme sans broncher, qu’il faut juste que nous recommencions à produire Français tout en préservant notre système économique et social, tout ce qu’il s’est évertué à démembrer et à réduire au néant durant ces trois ans de présidence.

On croyait l’expression « L’Hôpital qui se fout de la charité » désuète, mais avec Emmanuel Macron, elle redevient à la mode.

« Nous », les Français, « nous » serons lui en tenir compte à l’avenir lorsque le procès de la gestion de la crise du coronavirus sera instruit…

Raymond Aquila