Accueil À la Une FILMS – PAUVRES CRÉATURES et CAPTIVES : Femmes, je vous aime…

FILMS – PAUVRES CRÉATURES et CAPTIVES : Femmes, je vous aime…

Par ces temps cinématographiques qui précèdent les grandes messes du cinéma mondial avec les César, le 23 février prochain à Paris, et les Oscars dans la nuit du 10 au 11 mars à Los Angeles, deux films se détachent : CAPTIVES et PAUVRES CREATURES.

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La parité des nationalités entre les deux plus grandes filmographies mondiales (sans oublier le cinéma Indien très prolixe), Américaine et Française, est respectée.

CAPTIVES avec Mélanie Thierry

Tout d’abord, CAPTIVES d’Arnaud des Pallières qui signe le plus beau de ses films, le plus fascinant, le plus attachant. La raison ? A un casting extraordinaire où chaque personnage a des scènes à défendre qui ne sont en aucun cas superfétatoires voire inutiles. Bien sûr, l’héroïne en est Mélanie Thierry, cette femme mariée avec enfants qui se fait volontairement enfermée comme folle dans une institution Charcot pour retrouver sa mère. Elle met une telle profondeur dans son interprétation que le spectateur en reste scotché dans son fauteuil. Mais le film ne serait pas si grand sans tous les autres rôles qui sont tous au diapason du talent de Mélanie/Fanni. Josiane Balasko est la tenancière de cette maison de folles qui ne sont pas si dérangées mais souvent placées là par des familles peu scrupuleuses et soucieuses de se débarrasser de certaines de leurs membres… Marina Foïs est une surveillante sévère et austère qui est un véritable cauchemar pour les pensionnaires de cet hospice. Carole Bouquet incarne une pianiste talentueuse enfermée contre son gré et qui n’en finit plus d’écrire vers l’extérieur pour dénoncer sa condition. Yolande Moreau est cette femme brisée qui ne se souvient plus de sa propre fille. Et il y a toutes les autres qui sont autant de trognes et qui sont des archétypes de laissés pour compte de la société. Le côté sombre de l’esthétique du film, la beauté lumineuse de ses interprètes, la qualité d’une mise en scène qui n’en fait jamais trop dans le pathos, contribue au final à proposer un drame d’une force peu commune et qui prouve encore une fois, la qualité du cinéma hexagonal. C’est trop tard pour les César 2024 mais nul doute que Mélanie Thierry et d’autres actrices de CAPTIVES pourront concourir pour les César 2025.

PAUVRES CREATURES avec Emma Stone

L’autre film du moment n’est autre qu’un des favoris des Oscars 2024. Il est signé d’un metteur en scène Grec, Yorgos Lanthimos qui s’affirme comme l’un des génies du cinéma actuel au même titre qu’un Ruben Ostlund ou d’un Tim Burton… THE LOBSTER lui avait valu un Prix du Jury lors du Festival de Cannes 2015. LA FAVORITE (2018) avait permis à Olivia Colman de décrocher un Oscar de la Meilleure Actrice. Il récidive avec PAUVRES CREATURES avec lequel il a décroché le Lion d’Or du Meilleur Film à la Mostra de Venise 2023. De quoi s’agit-il ? Bella est une jeune femme morte qui est ranimée à la vie par le Dr Godwin Baxter. La femme, c’est Emma Stone qui ne se souvient de rien et qui doit tout réapprendre avec une soif de vivre jouissive. L’apprenti Frankenstein est un Willem Dafoe défiguré particulièrement crédible. Et puis, il faut un tentateur, un libertin sans morale campé par Mark Ruffalo qui va tomber sous le charme de Bella… pourtant promise à un autre Docteur (Ramy Youssef)… Avec sa démarche robotique, son innocence ravageuse, et son côté délurée qui lui fait tout comprendre très vite de la psychologie masculine, Bella/Emma effectue des ravages dans cette fin du XIXème siècle, où l’Art Nouveau va donner une liberté jamais atteinte aux femmes. Comme dans les films précédents de cet immense réalisateur, le spectateur de sait jamais ce qu’il va se passer. Nous sommes tout le temps pris à contrepied des attentes et toujours dans le bon sens du terme. Il faut aimer le baroque, le fantastique, les scénarios à tiroir, les répliques définitives, les costumes flamboyants, et vous vivrez ce film comme une expérience visuelle bouleversante qui en dit long sur nos préoccupations actuelles, égratignant nos « croyances » ou « poncifs » avec une liberté réjouissante. En route pour les Oscars où Emma Stone devra faire face à Lily Gladstone (KILLERS OF FLOWERS MOON) et PAUVRES CREATURES à OPPENHEIMER, grand favori.

Pascal Gaymard

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