Ce que nous aimons au cinéma, c’est lorsqu’un metteur en scène, le Néo-Zélandais, Taika Waititi, (Boy, Thor : Ragnarok…) nous entraîne dans une histoire dont personne ne peut dire où elle nous amènera… Au début de JOJO RABBIT, on s’interroge… Film historique ? La reconstitution est très soignée. Film de propagande à la gloire d’Adolf Hitler ? Peut-être au vu de l’admiration sans borne que notre héros, un enfant de 10 ans, voue à son chef dans l’Autriche de 1944… Farce comique ? Un peu beaucoup même au vu des péripéties de Jojo et d’Adolf qui ne cesse de le conseiller dans son imagination fertile d’enfant… Drame sur l’endoctrinement des enfants sous le nazisme ? Un peu beaucoup aussi. Dénonciation de l’image des Juifs vue par les habitants de l’époque ? Aussi. Bref, vous l’aurez compris, JOJO RABBIT est un film hybride, magique par instant, drôlissime à certains moments et dramatique à d’autres. Un vrai régal d’autant que le réalisateur a eu la bonne idée de s’octroyer le rôle d’Adolf, un Hitler vociférant, sautillant, et au final ridicule à la Chaplin dans Le Dictateur. Mais il y a toujours une justesse dans l’interprétation des personnages qui touche au sublime. Les enfants, Roman Griffin Davis et Thomasin McKenzie sont géniaux et les adultes ne sont pas mal non plus, Scarlett Johansson en mère courage ou Sam Rockwell en officier allemand alcoolique et désabusé, voire Rebel Wilson en mère pondeuse du Reich ou Alfie Allen en sous-fifre veule. Fallait-il encore un plus à cette reconstitution aux décors et costumes remarquables ? Sans doute… La Bande originale est un sommet où l’on retrouve les Beatles en allemand, Bowie, Tom Waits et quelques autres… Vous n’avez que de bonnes raisons d’aller voir JOJO RABBIT en passant outre sur le titre que vous comprendrez en allant voir ce film magnifique en course pour les Oscars du 9 février prochain.
Pascal Gaymard