Le Festival, ce sont des habitudes et plus encore, des rituels. Cette année, l’organisation a décidé de les faire exploser ! Plus de casiers de presse car le papier est banni, plus d’ordinateurs aussi en salle de presse pourtant si essentiels au travail des journalistes… Et plus d’accès privilégiés pour la presse avec un système par Internet qui a fait immédiatement preuve de son inefficacité, de son incroyable incompétence et de son immanquable mépris pour les journalistes qui, à ce que l’on disait les années précédentes, étaient ceux qui sont censés faire vivre le Festival dans leurs médias respectifs. Avec ce système de réservation qui s’applique à tous, un badge Cannes Cinéphiles a autant de valeur qu’un badge de presse… Tant mieux pour eux et tant pis pour les autres. Autant dire que les débuts de ce Festival, 74ème du nom, a été plus que Rock’n’roll. Pourtant, dans le Grand Auditorium Lumière, la Fête avait fière allure avec une Doria Tillier qui a fait le job plutôt bien, suscitant de l’émotion dans ces retrouvailles du cinéma avec son public et son Festival. Et puis, il y avait le costard rose fuchsia d’un Spike Lee au sommet de sa forme en président du Jury. Et puis, il y avait la présence de Jodie Foster… Un Français parfait, une aura de star, une robe blanche qui lui allait comme un gant… Sa Palme d’Or d’Honneur récompense 50 ans de carrière cinématographique débutée à Cannes avec TAXI DRIVER, Palme d’Or et surtout, qui a révélé une gamine de 13 ans qui a osé improviser devant Robert De Niro avec un toupet qui a laissé le monde entier à genoux. Alors oui, s’il fallait une bonne raison pour que ce Festival ait lieu en juillet sans les masques pour les montées de Marches, c’était Jodie Foster, un nom qui claque comme celui d’une star, Doria Tillier s’amusant de le répéter à l’envi…
Mais, me direz-vous, et le film d’ouverture alors ? C’était le dernier Léos Carax qui n’avait plus tourné depuis 10 ans… Son ANNETTE avec Adam Driver et Marion Cotillard vaut surtout pour cette dernière qui illumine le film et qui disparaît trop précipitamment. Une star, une étoile, une beauté inaltérable, dans un film qui déroutera plus d’un spectateur. C’était une idée scénaristique des Sparks qui signent tout naturellement la bande son, géniale forcément. Les décors, la lumière, le son, tout était parfait, hormis l’histoire et le montage bourrés d’effets qui n’apportent pas grand-chose aux propos. En 1986, Léos Carax signait son chef-d’œuvre, Mauvais Sang. Il n’a pas retrouvé cette verve. Avec ses 2h20, ANNETTE est bien long… Impardonnable à Cannes.
Pascal Gaymard & Véronique Rosa
Photos Dominique Maurel