POLITIQUE – Législatives 2e Tour : Les Alpes-Maritimes sont bien à droite…

Habituellement, les élections législatives n’étaient qu’une formalité pour le président de la République qui se devait d’avoir une Majorité pour gouverner…

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Ce ne sera pas le cas dans la future Assemblée nationale où ENSEMBLE ! n’aura que 245 élus là où il en fallait 289 pour avoir la majorité.

Des cadres macronistes en échec…

Lors des dernières élections, le parti du président, LREM, avait la majorité à elle seule. La France se retrouve dans une situation inédite avec une majorité introuvable… Comment le parti LR, siphonné par Horizons et LREM ou autre, pourrait oublier ce qui vient de se passer pour faire un pacte gouvernemental que prône un certain Jean-François Copé ? Comment un Éric Ciotti peut-il souscrire à un tel accord alors qu’il vient d’être bien réélu et que la guerre avec Christian Estrosi rallié à Macron ne fait que commencer ? Cela veut dire clairement que si demain, le gouvernement demandait un vote de confiance, ce vote pourrait revenir négatif… C’est une vraie claque pour Emmanuel Macron, avec des figures du gouvernement battues tels Amélie de Montchalin chargée auprès de la 1ère ministre de la rénovation écologique, de Brigitte Bourguignon, la ministre de la santé, de Justine Bénin, ministre de l’outre-mer, de Christophe Castaner président du groupe Renaissance à l’assemblée nationale, et enfin de Richard Ferrand qui était le président de l’Assemblée.

Les vainqueurs : LFI et RN…

Les Français n’ont pas voulu donner tous les pouvoirs au président jupitérien qui n’a presque pas fait campagne à la présidentielle et qui a fait le minimum syndical avant les Législatives. Ferrand est même allé à dire que LREM avait les mêmes valeurs que LFI de Jean-Luc Mélenchon… Ce dernier (+ 22 DVG) peut se réjouir d’avoir autant clivé en affirmant qu’il serait le 1er ministre car avec 131 députés, il est la première force d’opposition. Mais dans le détail, son parti LFI fait moins d’élus que le RN qui avec 89 députés est le parti qui dispose de plus d’élus. Les LR résistent bien et avec 80 députés seront la force la plus courtisée par la majorité présidentielle. Ils conservent 80% de leurs sièges ce qui est un exploit après le naufrage des Présidentielles avec leur candidate, Valérie Pécresse, qui avait 4,7%… L’autre enseignement de ce scrutin, c’est la fin du front républicain anti-RN qui s’est retourné contre le président de la République qui croyait l’activer en sa faveur une nouvelle fois…

06 : 5 LR, 3 RN, 1 Majorité…

Dans les Alpes-Maritimes, la droite ou les droites ont gagné. La Majorité présidentielle n’a plus qu’un député, Philippe Pradal, là où précédemment ils étaient 3… Dans les secteurs à enjeux que nous avions identifiés comme étant la 1ère, la 4ème et la 5ème, c’est un échec pour Christian Estrosi. Eric Ciotti est bien réélu, et il arrive à placer sa protégée, Christelle D’Intorni contre Marine Brenier qui avait quitté LR pour aller à Horizons… Et Alexandra Masson a battu l’autre Alexandra, Valetta-Ardisson dans la 4ème. Au final, 5 élus LR, 3 RN et 1 Horizons. Les Alpes-Maritimes sont restés une terre de droite et un fief des LR. La percée du RN est remarquable et correspond au score présidentiel de Marine Le Pen. Bryan Masson et Lionel Tivoli sont bien implantés et ils l’ont prouvé. Voyons dans le détail ce qu’il s’est passé, circonscription par circonscription. Fini l’assemblée godillot, voilà le retour du parlementarisme avec des figures fortes dans l’hémicycle.

1ère circonscription : Éric Ciotti encore mieux élu…

Le combat a été rude, les coups ont été nombreux des deux côtés. L’incertitude régnait avant ce 2ème tour surtout sur ce que les électeurs de Gauche allaient faire, Ciotti ou Estrosi ? Ils ont décidé de ne pas trancher et d’aller à la plage, à la pêche ou de rester à la maison… Le sortant LR l’emporte avec 56,33% des voix soit mieux qu’en 2017 et totalise 3 986 suffrages d’avance sur son adversaire. Force est de constater qu’Éric Ciotti dispose d’un socle solide dans sa circonscription qui comprend une grosse partie de Nice, « sa ville » a-t-il dit après le résultat. Cela signifie qu’il sera candidat la prochaine fois aux Municipales de 2026 qui viennent de débuter à Nice. Car ces élections seront la prochaine grande échéance où tout se jouera ici comme ailleurs. Graig Monetti n’a pas été le bon candidat et n’a pas convaincu les électeurs. En face, Éric Ciotti a été droit dans ses bottes et a eu beau jeu de dire que lui, n’avait pas changé, ni trahi son camp. Manifestement, les électeurs l’ont entendu et ont décidé de lui refaire confiance pour un 4ème mandat parlementaire. À noter le soutien du président du Département, Charles-Ange Ginésy à la permanence du candidat qui n’est autre que le président de la commission des finances du conseil 06. En attendant les Municipales, Éric Ciotti sera-t-il le nouveau patron des LR ? Ou préférera-t-il la présidence du groupe LR à l’Assemblée ? Réponse dans quelques jours…

2ème circonscription : Lionel Tivoli bat Loïc Dombreval…

Au soir du 1er tour, seulement 92 voix séparaient Lionel Tivoli (RN) de Loïc Dombreval (LREM) dans une terre qui avait voté à 53,9% pour Marine Le Pen au 2ème tour des présidentielles. Si le sortant est arrivé en tête dans son ex-ville de Vence (57,64%) et à Grasse (54,27%), il n’en a pas été de même dans les autres grandes villes comme Carros (57,76%) ou Puget-Théniers (63,61%). Lionel Tivoli a fait une bonne campagne, soulignant les carences de son adversaire et son absence sur le terrain… ce que l’intéressé dément… Au final, Lionel Tivoli arrive en tête avec 51,65% et 1 188 voix. Le sortant était fragile et nous vous l’avions annoncé lors de notre dernier article suite au 1er tour de ces Législatives. Le candidat RN a bien fait de changer de secteur en se présentant dans la 2ème plutôt que dans la 7ème où il aurait dû faire face à Eric Pauget, un sortant LR autrement plus difficile à déboulonner. Pour cet ancien du RN, c’est une belle récompense pour sa fidélité à son parti.

3ème circonscription : Philippe Pradal, le dernier des Macron…

C’était le choix de Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d’Azur. Philippe Pradal, fidèle parmi les fidèles a été préféré au sortant Cédric Roussel qui n’avait pas ménagé ses critiques contre Christian Estrosi. Dans cette circonscription, c’est le seul territoire où un candidat de la majorité présidentielle avec Horizons devait faire face à un adversaire de Gauche, Enzo Giusti. Il perd largement avec 42,56% contre 57,44% pour Philippe Pradal soit 4 932 voix d’avance. Ce dernier sera donc le seul élu de la majorité dans les Alpes-Maritimes. Que se serait-il passé si les candidats de la droite nationale, Benoît Kandel et Philippe Vardon avaient fait cause commune avec 28% des voix au 1er tour ? Philippe Pradal avait donc la situation la plus facile car Nice ne pouvait pas donner un député de gauche dans une ville qui est à droite. Cette victoire n’a pas pu faire oublier l’échec des autres candidats macronistes à Nice, Marine Brenier et Graig Monetti.

4ème circonscription : Alexandra Masson, la mieux élue des RN

Dans ce territoire qui avait voté à 58% au 2ème tour des Présidentielles pour Marine Le Pen, la victoire était « quasi impossible » selon les dires mêmes de la sortante, Alexandra Valetta-Ardisson. Pourtant, elle pensait gagner en espérant le report des voix de gauche sur sa candidature. Ici comme ailleurs, ces électeurs de gauche ont déserté les urnes ou ont voté Blanc. Il faut aussi saluer la belle campagne faite par Alexandra Masson qui est allée partout et a rencontré les électeurs comme les élus. Pour elle, « le rejet de la sortante était total ». Elle réalise le meilleur score des élus RN avec 56,20% soit 4 302 voix d’avance. Elle peut d’ores et déjà, rêver des prochaines échéances avec la mairie de Menton.

5ème circonscription : Christelle D’Intorni (LR) chasse Marine Brenier (Horizons)…

Au premier tour, Marine Brenier était arrivée en tête mais il avait donc fait le plein de ses voix… Christelle D’Intorni n’a pas baissé les bras et s’est activée sur les secteurs niçois, sachant qu’elle était majoritaire à plus de 70% des voix dans le moyen et haut pays. Et ses efforts ont payé. La protégée d’Éric Ciotti a battu avec un score sans appel, 57,54%, la candidate de Christian Estrosi lui qui l’avait sommé de partir des LR pour entrer à Horizons, le parti d’Édouard Philippe. Sa joie à la permanence d’Éric Ciotti était belle à voir et faisait contraste à la tristesse de Marine Brenier au QG de Christian Estrosi. Le poids d’un conseiller départemental tel que Bernard Asso a pesé aussi sur cette élection et Fabron comme Marguerite ont voté pour Christelle D’Intorni. Les voix des candidats de la droite nationale ont aussi été prépondérantes avec un report sur Christelle D’Intorni. Cette dernière donne un 5ème siège aux LR qui maintient son score des précédentes Législatives. L’honneur est sauf pour le patron des LR 06, Eric Ciotti.

6ème circonscription : Bryan Masson (RN) bat Jean-Bernard Mion (Horizons)

Dans ce territoire, l’issue paraissait bien incertaine. Sur le plateau de France 3, le maire de La Colle-sur-Loup, Jean-Bernard Mion semblait plutôt serein, lui qui était largement arrivé en tête dans sa ville (61,84%) mais aussi à Saint-Paul (55,35%). Mais les derniers résultats des grandes villes comme Cagnes-sur-Mer (51,57%) ou St Laurent-du-Var (52,58%) voire Villeneuve Loubet (51,04%) lui ont été fatales et il a dû annoncer en direct sur le plateau de France 3, sa défaite. Bryan Masson n’a fait que confirmer son implantation sur le littoral avec au total, 922 voix d’avance… Ses scores à Saint-Laurent-du-Var interpellent et du coup, les prochaines Municipales seront son objectif pour prendre la place de Joseph Segura, maire de St Laurent-du-Var et directeur de campagne de Jean-Bernard Mion… Bryan Masson a arpenté les territoires, ne ménageant pas ses efforts. Sans doute aussi que Jean-Bernard Mion a pâti de son désistement des LR pour rallier la majorité présidentielle. Cela a été compris dans son village, moins dans les grandes villes du littoral. Bryan Masson donne raison à Marine Le Pen de l’avoir choisi, lui et Alexandra Masson, pour prendre les rênes du parti dans le 06.

7ème circonscription : Éric Pauget (LR) bien réélu…

En 2017, en plein raz-de-marée LREM, Éric Pauget (LR) avait dû lutter contre un inconnu pour conserver son siège de député. Rien de tel cette fois-ci bien qu’il ait dû faire face à un candidat local bien connu et maire de Gourdon, Éric Mèle. Éric Pauget est allé voir tous les électeurs dans tous les villages, places et rues. Son travail a payé et il se retrouve réélu, mieux qu’en 2017, avec le plus grand nombre de voix soit 22 496 votants. Il s’impose comme l’un des cadors LR des Alpes-Maritimes avec 58,84% et 6 758 suffrages d’avance ! Il est même arrivé en tête à… Gourdon, dans le village de son adversaire avec 54,41% ! Éric Pauget l’emporte aussi à Biot où la suppléante d’Éric Mêle, Guilaine Debras n’a pas pesé bien lourd avec 36,93%, preuve que désormais le village est bien fidèle au nouveau maire, Jean-Pierre Dermit… Cela prouve assez bien l’implantation du candidat qui a bénéficié du soutien du maire d’Antibes Juan-les-Pins, Jean Leonetti, président de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis (CASA) avec un score record sur cette ville de 64,46% ! Il va pouvoir entamer son 2ème mandat de parlementaire.

8ème circonscription : Alexandra Martin (LR) la mieux élue…

Après la retraite de Bernard Brochand, 83 ans, il appartenait au maire de Cannes, David Lisnard, de choisir la bonne personne pour lui succéder. Il a choisi Alexandra Martin, secrétaire générale de la Nouvelle Énergie, le parti créé par son mentor, David Lisnard. Ce dernier s’est placé comme suppléant de la conseillère départementale qui a réalisé des scores faramineux à Mandelieu-la-Napoule (70,42%), à Cannes (70,13%), à Vallauris (63,67%, et même à Théoule-sur-Mer (62,52%, ville pourtant entre les mains de Georges Botella, proche de la majorité présidentielle. Cela a suffi pour la faire élire brillamment avec 69,27% soit le meilleur score des candidats au 2ème tour des Législatives. L’intéressée a fait une belle campagne, ce qui lui permet d’écraser son adversaire avec 11 990 voix d’avance sur Jean-Valéry Desens… Le suspense n’était pas permis dans le secteur cannois où le nom de David Lisnard, président de l’Association des Maires de France (AMF), est un gage de victoire. Cela fait une femme de plus des Alpes-Maritimes au Palais Bourbon. Les LR conservent l’un de leurs fiefs sans avoir eu à frémir un seul instant…

9ème circonscription : Michèle Tabarot (LR) évidemment…

Comme dans la 8ème, à l’ouest des Alpes-Maritimes, rien de nouveau. Michèle Tabarot (LR) n’a pas tremblé et l’emporte avec 63,06% des votes soit 8 264 voix d’avance sur son adversaire RN, Franck Galbert. Elle a lavé l’affront de 2017 où le candidat LREM l’avait relégué en 2ème position au 1er tour avant une victoire au second tour avec seulement 53,96%. Son implantation est si forte qu’elle l’a emporté dans toutes les communes de la circonscription, contrairement au 1er tour. Elle savait qu’elle ne craignait rien dans ces Législatives d’autant qu’elle avait un suppléant de poids en la personne du maire de Grasse, Jérôme Viaud. Son adversaire n’y croyait pas lui-même. Michèle Tabarot va entamer son 5ème mandat de députée et sera encore une fois, l’une des voix fortes qui compte dans l’hémicycle. Elle est la plus ancienne élue parlementaire des Alpes-Maritimes. Les LR sont indéboulonnables à l’Ouest où ils peuvent s’appuyer sur une femme d’engagement, fidèle à ses convictions et qui a su s’imposer au Palais Bourbon.

Pascal Gaymard

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