Il vient de publier un livre, « Colères virales, le « NOUS » angle mort de la pandémie » aux éditions Ovadia. Il s’est confié au Petit Niçois.
Le Petit Niçois : Y-avait-il urgence à écrire un tel livre ?
Bernard Asso : Pendant la pandémie, j’ai pris du recul sur les forces révélées lors du confinement. La société française est marquée par un individualisme forcené où émerge le MOI D’ABORD en perdant le sens de la collectivité. Il nous faut considérer comme un impératif de pérennité, notre Art de vivre, notre génie français, notre frivolité aussi, notre rôle dans l’Histoire… Peu de gens ont ce sentiment de partager un héritage. L’Histoire de la France mérite qu’on lui sacrifie un peu de notre facilité, de nos désirs si l’on ne veut pas sortir de l’histoire…
LPN : Quelles sont ces « forces révélées » durant le confinement ?
BA : Le monde des soignants tout d’abord, au CHU qui est apparu surévalué alors que la réalité était toute autre à force de coupes budgétaires successives… La situation révélée était celle d’un véritable désastre. Les livreurs, les métiers d’aide à domicile, les gilets jaunes de la France d’en bas, voilà ceux qui ont fait fonctionner le pays, leur quartier, en assurant soins, ravitaillements, sécurité, l’école aussi… Ils avaient en tête un devoir commun et je me suis dit, le « NOUS » existe encore, il n’a pas disparu…
LPN : Pourquoi ce cri parfois de désespoir alors ?
BA : Parce que d’autres ont tout fait pour saccager ce pays de cocagne. Nous n’avons plus rendu les coups à ceux qui voulaient promouvoir les interdits catégoriels. Ces derniers ont essayé de déconstruire le « NOUS ». En cela, les Deleuze, Foucault, Derrida… avaient amorcé le mouvement mais ils n’avaient eu que très peu d’échos en France. Leur pensée s’est épanouie aux Etats-Unis en faisant les ravages que l’on paie aujourd’hui avec la cancel culture ou le wokisme. Le communautarisme a gagné aux USA, on se revendique selon sa race alors même que l’on affirme lutter contre le racisme. On se représente selon ses préférences sexuelles alors même que l’on revendique d’être égaux en droit sur tout. L’émergence de ces minorités se sont imposées à la majorité qui doit se plier au risque d’être exclue de la vie sociale, vilipendée sur les réseaux sociaux, marginalisée au final. Ce courant est arrivé en France…
LPN : Comment ?
BA : Par le biais de l’immigration de masse et de leurs serviles donneurs de leçon d’une gauche qui a perdu tous ses repères républicains. Le « NOUS » de ces nouveaux arrivants s’est confronté à l’absence de notre « NOUS »… La nature ayant horreur du vide, ils ont occupé le terrain des idées jusqu’à contaminer nos élites et nos grandes écoles. La décentralisation a contesté ce « NOUS » au nom d’identités territoriales artificielles. Je suis pour les petites patries, pas pour le fédéralisme que souhaite imposer l’Europe via notre réforme des Régions qui sont devenues trop grandes et donc superficielles. L’idée nationale est qualifiée d’obsolète par ce mouvement qui désire nier l’Histoire.
LPN : Vous évoquez aussi le déracinement…
BA : Plusieurs forces y poussent. Le mouvement féministe s’est scindé en deux. Il y a celles qui restent fidèles aux idées républicaines, et les autres qui sont entrés dans un processus victimaire venu des États-Unis. Le but est de provoquer le déracinement du « NOUS ». L’homme blanc hétérosexuel est devenu une cible. Cela s’est vu au travers de la ville devenue fonctionnelle, on y dort, on y vit, on s’y amuse… et surtout on n’y meurt plus. Le droit objectif, naturel s’est effacé au profit d’un droit fonctionnel lié aux lobby d’influence. Les médias sont régis par le temps court alors que l’enracinement s’inscrit dans un temps long. L’événement, l’actualité, le moment tue l’Histoire…
LPN : Quelles sont les valeurs républicaines ?
BA : Je préfère parler de principes, les 5 républicains qui sont la loi, la Nation, la souveraineté, le citoyen, et la laïcité. Les freins sont le droit européen qui impose la fin du « NOUS », notre organisation administrative est obèse, plombée par l’idée fédérale, et une avalanche de normes européennes et nationales, aggravées par la technocratie. La République aussi se soumet aux oukases des juges du conseil constitutionnel dans une interprétation américaine multi-culturelle niant la tradition République française.
LPN : Quid de l’école ?
BA : Elle est dans un état lamentable (comme nos hôpitaux) et elle ne fonctionne plus, plombée comme notre société par l’idéologie des droits de l’Homme en niant la dimension, « des droits citoyens ». La repentance, l’auto-culpabilisation, le regard si tolérant envers l’islam, sont les gangrènes de notre pays. Personne n’ose réaliser un référendum sur l’immigration et la préservation de nos mœurs. En nommant Pap Ndiaye, ministre de l’éducation, le président Macron a fait le choix du multiculturalisme. L’identité et l’intégrité française sont bafouées par ce ministre et ses déclarations sur le mouvement woke, l’islamogauchisme ou encore les pseudo violences policières. Son alignement sur les pires sujets anglo-saxons feront de l’éducation nationale, le relais d’idées fausses sur l’immigration, le patriotisme et notre longue mémoire qui commence à Athènes, puis Rome et Jérusalem. Nul doute que, comme aux États-Unis, l’Antiquité ne sera plus enseignée en France.
LPN : L’Europe ne peut-elle pas être un frein à cette tendance ?
BA : Bien au contraire. L’Union Européenne encourage ce phénomène. Elle veut des territoires désacralisés, sans Histoire, sans symboles forts. Pour construire une identité nationale, il faut une identité, un peuple, une vision de civilisation, tout ce qui nous manque cruellement aujourd’hui. Ce n’est pas par le marché, le libéralisme effréné ou le consumérisme roi que l’on peut tracer un chemin. Il faut trouver un équilibre entre la nature, l’économie, le cosmos… C’est par l’addition des singularités que l’on parvient à l’universel.
LPN : L’espérance est-elle encore permise ?
BA : Il faut toujours être optimiste. Le peuple a des ressources que n’ont pas les élites qui voudraient supprimer leur essence, leur mode de vie, leur identité. Il faut être dans la rébellion intellectuelle. Prôner l’enracinement, remettre nos forêts au centre de la transmission, dénoncer les concentrations de population urbaines. En France, 87% des habitants vivent sur 12% du territoire… Enfin, il faut rendre toute sa place au citoyen. La France vient du fond des âges. Il faut la reconstruire tant sur le plan de son Histoire que de sa Culture. Malheureusement, cela ne se pourra être fait avec Pap Ndiaye ou Rima Abdul Malak, nos ministres respectivement de l’éducation et de la culture…
Propos recueillis par Pascal Gaymard