CULTURE: Exposition « Femmes fatales » à Cannes

Il arrive parfois que des personnes pensant posséder depuis longtemps un tableau sans valeur, aient un jour la bonne surprise de découvrir que c’est en réalité l’œuvre d’un artiste réputé. La ville de Cannes a ainsi connu une telle situation.

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50 ans d’oubli. Tout commence en juin 1933 lorsque la mairie de Cannes se voit offrir  par une énigmatique Mme Dérive (dont aon sait seulement qu’elle résidait au n°69 de la rue d’Antibes) un tableau très ancien de 236cm x 178cm, représentant Judith de Bethulie qui vient décapiter le Général Assyrien Holopherne. On se contenta de le répertorier, de l’attribuer à un artiste anonyme du XVIIème siècle puis il fut relégué dans les réserves dans les musées cannois où il fut oublié pendant presque 50 ans ! Ce n’est qu’en 1982 que Roger Soubiran, conservateur des musées de Cannes, et des experts s’aperçurent qu’il avait été peint par Artemisia Gentileschi (1593-1625), une éminente représentante du baroque italien et du caravagisme , également considérée comme l’une des premières femmes peintres de l’époque moderne.

16 œuvres exposées

Après sa restauration à Marseille, il est maintenant le tableau vedette de l’exposition « Femmes fatales » au musée des explorations du monde (ex : Musée de La Castre) où 15 autres œuvres illustrant elles aussi le thème des tragiques rapports entre Judith et Holopherne ont été réunies jusqu’au 5 septembre 2021 grâce aux prêts de différents musées français. En prenant la parole, après la visite des 5 salles qui accueillent l’exposition, la directrice adjointe des musées de Cannes, Marie-Lucie Véran (dont c’était la dernière exposition avant son départ à la retraite) et le maire de Cannes David Lisnard ont remercié les musées ayant prêté des œuvres pour assurer le succès « d’une exposition forte et bien ajustée ». Ils ont exprimé la profonde satisfaction que Cannes soit le seul musée français en possession d’une œuvre d’Artémisia Gentileschi, une artiste dont ils ont souligné l’importance et la forte personnalité : « C’était une personne hors-norme pour son époque et ils ont même considéré que le tableau que l’on a la chance de posséder fait résolument partie de ces chefs-d’œuvre qui résistent au temps pour permettre une élévation individuelle ». Et pour qu’une aussi belle rétrospective sur la sanglante conclusion des amours entre Judith et Holopherne, il ne manque que des projections du film italien de Fernando Cerchio « Giuditta e oloferne », réalisé en 1958 et sorti en France sous le titre très justifié « la tête du tyran » avec Massimo Girotti dans le rôle d’Holopherne et notre charmante compatriote Isabelle Boulay dans celui de Judith de Béthulie.

Thierry Ollive

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