Par Mathilde Vignal – Photos Dominique Maurel
Cannes, jour 8 : De la satire sociale à la masterclass pleine d’humour d’Alain Chabat
Huitième jour sur la Croisette, et l’enthousiasme ne faiblit pas. Aujourd’hui, j’ai découvert deux films aussi différents que captivants, et vécu un moment inoubliable lors de la masterclass d’Alain Chabat. Et comme toujours à Cannes, les coulisses réservent aussi leur lot d’émerveillement.
Classe Moyenne d’Antony Cordier : un jeu de tensions sociales finement orchestré
Présenté à la Quinzaine des Cinéastes, Classe Moyenne m’a beaucoup plu par sa manière de jouer avec les contrastes sociaux. Le film se déroule dans une villa du Sud de la France, où les tensions éclatent entre une famille bourgeoise et leurs gardiens. Ce que j’ai aimé, c’est la manière dont Antony Cordier parvient à mêler un humour grinçant à une critique sociale sans lourdeur. On rit, parfois jaune, mais on réfléchit aussi beaucoup. La mise en scène fait sentir l’étouffement, la gêne, les non-dits – et les dialogues sont redoutablement bien écrits.
Le Roi Soleil de Vincent Maël Cardona : un thriller halluciné qui surprend
J’ai également vu Le Roi Soleil, un film intrigant qui commence comme un simple drame et bascule rapidement dans un univers bien plus étrange. Un homme découvre qu’il a gagné à la loterie… juste avant qu’une fusillade ne survienne. À partir de là, le récit entre dans une boucle temporelle où le héros revit les événements. Ce que j’ai trouvé très réussi, c’est l’ambiance presque hypnotique du film. Le travail sur le son, les lumières et le jeu du temps crée une expérience sensorielle forte. J’ai aussi aimé que le film n’essaie pas de tout expliquer : il nous embarque, et c’est à nous de suivre.


La masterclass d’Alain Chabat : un pur moment de joie et de partage
Le moment fort de ma journée reste sans hésiter la masterclass d’Alain Chabat à la Quinzaine des Cinéastes. J’ai adoré. Il est exactement comme on l’imagine, voire mieux : drôle bien sûr, mais aussi incroyablement accessible, attentif, et généreux dans ses réponses. Il a parlé de ses débuts, de son amour pour l’absurde, de la manière dont il pense la comédie comme un travail d’équipe. Il a aussi partagé des anecdotes sur ses films cultes avec une simplicité désarmante. J’ai ri, j’ai pris des notes, et je suis ressortie avec encore plus d’admiration pour lui.
Derrière les paillettes : quelques secrets du Festival
Côté coulisses, Cannes ne cesse d’impressionner. Saviez-vous que la robe blanche portée par Juliette Binoche a nécessité 200 heures de travail artisanal ? Ou que la Palme d’or est composée de 118 grammes d’or 18 carats, pour une valeur estimée à plus de 20 000 € ? Le tapis rouge, quant à lui, est remplacé trois fois par jour pour rester impeccable. Plus de 500 photographes y mitraillent chaque soir les célébrités, sous les regards de 40 000 festivaliers venus du monde entier.

Cannes, c’est à la fois du cinéma exigeant, de l’émotion, du rire, et une logistique hallucinante qui soutient toute cette effervescence. Ce huitième jour m’a offert un beau condensé de tout cela : un cinéma qui interroge (Classe Moyenne), qui bouscule (Le Roi Soleil), et une masterclass qui m’a rappelé pourquoi on aime autant ceux qui font les films.
