Par Mathilde Vignal – Photos Dominique Maurel
Cannes, jour 1 : Cannes allume les projecteurs… sans l’étincelle
Cannes a lancé hier soir sa 78e édition dans un décor toujours aussi somptueux. Tapis rouge déroulé, flashs crépitants, public conquis… La mécanique est bien rodée. Et pourtant, quelque chose s’est grippé dans cette cérémonie d’ouverture, qui a trop vite basculé dans une forme de discours attendu.
Dès les premières minutes, l’élégance du moment s’est teintée d’un sérieux parfois pesant. À travers des prises de parole engagées, des hommages appuyés à des causes nécessaires mais omniprésentes, on a eu la sensation que le Festival s’écoutait parler un peu trop. Oui, Cannes est une caisse de résonance du monde. Mais n’est-elle pas aussi, avant tout, une scène offerte à l’imaginaire ? À trop vouloir coller à l’air du temps, la cérémonie a parfois manqué de souffle.
Il a fallu un Quentin Tarantino, cabotin et libre, pour injecter un peu de chaos bienvenu. Sa verve, ses digressions, son amour intact pour le cinéma ont redonné quelques couleurs à cette soirée qui semblait en manquer. Autre éclaircie : Mylène Farmer. Venue interpréter un titre sobre, Confession, en hommage au grand David Lynch dont elle se sent si proche. Un texte presque murmuré, elle a suspendu le temps. Un moment rare, d’une beauté nue, sans effet.


Le film d’ouverture, Partir un jour, porté par Juliette Armanet dans un rôle tout en retenue, navigue entre drame intime et comédie musicale décalée. L’idée est audacieuse, la réalisation soignée, et le casting fonctionne. Mais était-ce là le film à même de lancer la grand-messe cannoise ? On en doute. L’émotion est bien là, mais le souffle épique ou la proposition de rupture manquent… C’est un film qu’on aurait volontiers aimé découvrir au milieu du Festival, pas en ouverture.
Alors oui, la machine est en marche. Cannes 2025 est lancé. Mais il faudra un peu plus d’audace, de surprise et de vertige pour que cette édition marque vraiment les esprits. En attendant, place aux films.
