Par Pascal Gaymard – Photos Dominique Maurel
Mardi 20 Mai : Jodie Foster… et Jafar Panahi…
En ce jour, c’est du lourd qui est annoncé à Cannes. Tout d’abord, Jodie Foster sera là pour soutenir l’une des plus talentueuses réalisatrices du cinéma Français, Rebecca Zlotowski (Grand Central, Une Fille Facile, Les enfants des autres…). Car dans son dernier film, VIE PRIVÉE, elle rassemble autour de la légende américaine, l’actrice française la plus courue du moment, Virginie Efira (César de la Meilleure Actrice Pour Au Revoir Paris en 2023), mais aussi deux comédiens hexagonaux pas des moindres, Daniel Auteuil (Deux César et un prix d’interprétation à Cannes), et Mathieu Amalric (Prix de la mise en scène pour Tournée en 2010). Cette enquête par une psychiatre sur la mort d’une de ses patientes sur fond de réincarnation en aura déboussolé certains, et fasciné d’autres dont nous faisons partie. Pourquoi ce film était-il Hors Compétition, un mystère… C’est la même considération ou réflexion que nous pourrions avoir vis-à-vis de LA DISPARITION DE JOSEF MENGELE du génial réalisateur Russe, Kirill Serebrennikov (L’été, La Femme de Tchaïkovski, Limonov la Balade…) présenté dans la section, Cannes Première… Son Noir & Blanc est exceptionnel, la subtilité de son approche remarquable, l’interprétation d’August Diehl que l’on avait dans La Vie Cachée de Terence Malick unique. En Compétition, l’acteur Allemand aurait pu décrocher un prix d’interprétation masculine.
Pour rester dans l’interprétation, que dire de la performance de Valeria Golino dans FUORI, un drame controversé du réalisateur Italien, Mario Martone (Nostalgia…). Elle prête son charisme à la féministe très controversée, Goliarda Sapienza (1924-1996) qui a fait de la prison pour vol de bijoux et qui s’est liée avec des terroristes des Brigades Rouges. Son livre posthume, L’Art de la Joie fait référence aujourd’hui en Italie. Nul doute que Valeria Golino peut candidater pour un Prix de la Meilleure Actrice dans ce Festival de cannes qui reste d’un niveau assez faible en Compétition.



L’événement du jour était sans contexte, la projection du dernier film du réalisateur iranien, Jafar Panahi, martyrisé dans son pays. Les années précédentes, il n’avait pas pu être présent au Festival lorsque par exemple, Thierry Frémaux avait sélectionné Trois Visages qui lui avait valu un Prix du Meilleur Scénario. Il a présenté UN SIMPLE ACCIDENT ou comment cet aléa peut transformer la vie de toute une chaîne de victimes d’un tortionnaire gardien de prison. Le courage de Jafar Panahi force le respect et pose une question aux spectateurs : que feriez-vous si vous retrouviez celui qui vous a torturé ? Les membres du Jury devront se la poser pour décider si ce film peut entrer dans le palmarès de ce 78e Festival de Cannes. Pour nous, la réponse est oui !
Enfin, faisons un détour dans la sélection officielle, Un Certain Regard, où Anna Cazenave Cambet a présenté LOVE ME TENDER, une histoire de coming out au féminin. Suite à son aveu de son homosexualité, une mère de famille perd tout le fil de sa vie y compris son fils, le père ayant décidé de le monter contre sa mère. Quand c’est Vicky Krieps qui tient ce rôle, tout change pour le meilleur. Elle y met sa sensibilité, de subtilité, de retenue aussi sans jamais forcer dans le pathos. Du bel ouvrage qui pourrait lui valoir un autre prix d’interprétation à Un Certain Regard après celui qu’elle avait reçu pour Corsage en 2022 des mains d’une certaine Valeria Golino, présidente cette année-là de cette autre sélection officielle…
