78ème FESTIVAL DE CANNES : LE FESTIVAL COMME SI VOUS Y ÉTIEZ…… Jeudi 15 mai

Comme chaque année, nous vous ferons vivre le Festival comme si vous y étiez, en commentant tous les films en Compétition Officielle pour la Palme d’Or et à l’autre Sélection, Un Certain Regard, mais aussi les événements, les rendez-vous, les rencontres qui sont le lot de chaque Festival de Cannes, 78e du nom.

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par Pascal Gaymard – Photos Dominique Maurel

Jeudi 15 Mai : Attention chefs d’œuvre !

Décidemment, ce Festival démarre sur les chapeaux de roue ! Après le Loznitsa, DEUX PROCUREURS, voici que le cinéma Français redevient crédible avec DOSSIER 137 de Dominik Moll (HARRY, un ami qui vous veut du bien, La Nuit du 12, Lemming…) avec une Léa Drucker exceptionnelle (elle brille aussi dans L’INTERET D’ADAM de Laura Wandel qui a fait l’ouverture de la Semaine de la Critique). Elle joue ici une inspectrice de la Police des Polices, IGPN, qui doit enquêter sur les bavures suite aux manifestations des Gilets Jaunes. L’exercice était compliqué car la tentation d’en faire un pamphlet contre la police était grande, ou de diaboliser les Gilets Jaunes comme l’avait honteusement le président Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe, responsable de la répression insensée qui a suivi… Dominik Moll, lui, reste parfaitement juste, ne prenant partie ni pour un camp, ni pour l’autre. Il ne relate que les faits avec un à propos qui force le respect. Oui, les policiers étaient surmenés et le pouvoir a fait n’importe quoi en mobilisant toutes les forces dont les agents de la BRI qui ne sont pas formés au maintien de l’ordre. Oui, les Gilets Jaunes étaient pour la plupart de pauvres gens, excédés par le coût de la vie et qui manifestaient sans violence, hormis les Black Blocs qui se sont mêlés aux défilés pour casser, brûler et piller. Les ordres du pouvoir de ne pas intervenir avant le Journal télévisé de 13h, ça aussi est indubitable et parfaitement répréhensible. Au final, n’est-ce pas ces « chefs » qui ont provoqué les débordements ? Alors DOSSIER 137 demeure un grand, très grand film dont le spectateur sort quelque peu KO… Espérons que les membres du Jury de cette 78ème édition pensent la même chose…

L’autre film en Compétition du jour, SIRAT de l’Espagnol, Oliver Laxe (Vous êtes tous des capitaines…) a été produit par Augustin et Pedro Almodovar. Une caution qui pourtant n’est pas évidente à l’écran, tant ce film apparaît minimaliste dans sa narration .Le spectateur même Cannois est en droit de se poser la question de la présence d’un tel film en Compétition Officielle… Un père, Sergi Lopez, accompagné de son fils, sillonne le désert marocain à la recherche de sa grande fille qui apprécierait les Rave party… Se liant à une bande de pieds nickelés, il va vivre une vraie expérience traumatisante… Nous lui aurions préféré en Compétition, le dernier film de l’Allemand d’origine Turque, Fatih Akin qui avec UNE ENFANCE ALLEMANDE – ILE D’AMRUM, 1945 nous fait vivre le quotidien d’une famille dans une île isolée du Nord de l’Allemagne, épargnée par la guerre. Entre deux sœurs, l’une pro-nazi, et l’autre aux antipodes, les enfants de la maisonnée dont l’aînée, 12 ans, prénommé Nanning, voit toutes ses valeurs s’écrouler comme un château de cartes. Film autobiographique du professeur de cinéma de Fatih Akin, Hark Bohm, qui a demandé à son meilleur élève de mettre en images son histoire, AMRAM permet au réalisateur de retrouver sa muse, Diane Kruger à qui il avait permis de décrocher un prix d’interprétation au Festival de Cannes avec In The Fade en 2017. Là encore, comme pour DOSSIER 137, c’est la justesse du propos qui saisit le spectateur. Aucune caricature, seulement le souci de rendre compte d’une réalité, avec les tensions qui sont le propre d’un milieu fermé comme une île. Pourquoi AMRAM n’a-t-il pas été présenté en Compétition Officielle ? Les explications de Thierry Frémaux ne peuvent être satisfaisantes… On se demande à quoi sert Cannes 1ère si ce n’est à mettre au programme du Festival, des films qui n’ont pas trouvé leur place dans les autres sélections…

Un mot pour finir sur Un Certain Regard. Le film d’ouverture, PROMIS LE CIEL dévoile une vraie solidarité féminine entre des femmes noires à Tunis qui subissent le racisme ordinaire des Arabes. Là encore, aucun manichéisme mais une vraie volonté d’être authentiques, vrais et justes… Un autre film, LA MISTERIOSA MIRADA DEL FLAMENCO, une version Queer dans un coin paumé du Chili où des Trans gèrent le bordel local. Au milieu, une jeune fille qui est le trésor de ces âmes perdues pour les autres. Le ton est plus léger que le sujet le laisserait paraître. Un vrai bon moment et un film qui devrait décrocher la Palme d’Or du film Queer…

Enfin, la comédienne, Joséphine Japy, se lance dans la réalisation avec QUI BRILLE AU COMBAT, un film tourné à Nice et dans les Alpes-Maritimes, soutenu par le Département, avec au casting, Mélanie Laurent (la grande amie de Joséphine), Angelina Worth, Pierre-Yves Cardinal… Il retrace les affres d’une famille confrontée à l’handicap d’une de leurs filles, atteinte d’une maladie névrologique lourde et grave. Largement autobiographique, QUI BRILLE AU COMBAT respire la bonté, la tolérance et la patience voire la générosité. Assurément, une belle surprise des séances spéciales du Festival !

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