Retour sur un film aux multiples rebondissements qui a fait exploser l’accord politique dans les Alpes-Maritimes et en région PACA.
Fusion LR / LREM aux Régionales ?
Tout est parti d’une annonce de Jean Castex qui a claironné que les listes LREM de la majorité présidentielle conduite par la secrétaire d’État aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, et celle des LR conduite par Renaud Muselier, le « sortant », avaient fusionné. Et d’ajouter que cela annonçait une refondation politique avec des parlementaires pressentis sur la nouvelle liste. Colère à droite avec des élus des Alpes-Maritimes qui se déchirent à nouveau. Dans le même temps, Éric Ciotti, président des LR 06, déclare que « Renaud Muselier ne fait plus partie des Républicains et qu’il n’aura pas l’investiture LR pour les Régionales » dans la foulée de Christian Jacob. La tempête se poursuit avec le maire de Cannes, David Lisnard, qui affirme « ne pas vouloir faire campagne pour cette liste ». Le député de la circonscription antiboise, Éric Pauget, assure qu’il vaut mieux « rassembler sa propre famille avant de faire l’ouverture à d’autres ». Le maire d’Antibes, Jean Leonetti, se dit « déçu » de la situation et assure qu’il faudra en tirer « toutes les conséquences ». Le maire de Nice, Christian Estrosi, a de son côté, immédiatement, apporté son soutien indéfectible à Renaud Muselier tout comme Hubert Falco et Martine Vassal, présidents des agglomérations de Toulon et de Marseille. Le mot d’ordre édicté par le président des LR, Christian Jacob, et rappelé par Guillaume Peltier, le N°2 du parti, « Pas de compromissions avec le macronisme qui affaiblit la France comme jamais » semble avoir du plomb dans l’aile.
Renaud Muselier confirmé à la tête de la liste LR
Et Renaud Muselier de lâcher : « La gauche, la droite, j’en ai rien à foutre ! ». Dès lors, la réunion du comité stratégique LR était attendue et certains, des deux côtés, fournissaient leurs arguments à défaut de leurs armes. La menace d’une nouvelle liste LR conduite par Éric Ciotti ou David Lisnard, était plus que probable à ce moment des débats. Après un face-à-face de 2H, la crise a accouché d’une… grande réconciliation. Il n’y aura pas de nouvelle liste, Christian Jacob a bien insisté sur ce point… tout comme Éric Ciotti. Renaud Muselier a donné quelques gages pour étouffer dans l’œuf la crise. « Il n’y aura pas de parlementaires sur ma liste qui reste ouverte à des élus de droite, du centre, d’écologistes raisonnables, mais aussi à des élus qui ont rejoint la majorité présidentielle s’ils ne sont pas ministres ou parlementaires… Il n’y a pas d’accord d’appareils ». Exit donc Loïc Dombreval, Alexandra Valetta-Ardisson, ou Sophie Cluzel elle-même, à moins qu’elle ne démissionne de son poste de secrétaire d’État. Fin de la querelle…
Quelles séquelles à la crise ?
Dès lors, que va-t-il se passer ? Est-ce que ceux qui ont voté contre cette solution négociée, comme Éric Ciotti, feront campagne pour Renaud Muselier ? Les déçus seront nombreux dans les rangs LR car il va falloir faire une place significative aux représentants des LREM d’Emmanuel Macron. Il est fort à parier que le second tour sera une triangulaire entre le LR, Renaud Muselier, la liste de gauche Ecolo-PS qui ne se retirera pas, comme en 2015, eux qui ont remporté la mairie de Marseille, et la liste RN conduite par Thierry Mariani. Ce dernier ne peut que se réjouir de cette situation qui a semé un vent de panique chez les LR. Les séquelles de ces affrontements devraient être durables. En toile de fond de ce « psychodrame », il y a bien sûr la présidentielle de 2022. Le parti LR joue sa survie. Premier parti d’opposition à la majorité gouvernementale LREM à l’Assemblée Nationale comme au Sénat, les élus LR pourront-ils demain affirmer être une alternative entre Macron et Le Pen après ces alliances ? Ce qui se trame aujourd’hui est le dilemme suivant : oui ou non, y aura-t-il un candidat ou une candidate LR à la présidentielle ? Certains à droite, tel Christian Estrosi, ne cachent pas leur préférence pour une candidature commune LR/LREM autour d’Emmanuel Macron, le seul selon lui et les tenants de cette thèse, à pouvoir s’opposer à Marine Le Pen. Les grandes manœuvres présidentielles ont bien commencé même si Renaud Muselier affirme que sa seule préoccupation est « La Région d’abord »…
Pascal Gaymard