C’est le gouvernement le plus resserré de la Vème République avec un 1er ministre qui est le plus jeune de l’histoire, 34 ans. Voici les dessous de ces nominations.
Les ténors reconduits par… Emmanuel Macron qui adoube Rachida Dati…
Tout d’abord, les ténors, Gérald Darmanin, Éric Dupont-Moretti, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu, ont tous négocié leur reconduction auprès du président, Emmanuel Macron. Les propos de Darmanin « sur sa mission qui ne serait pas terminée » ont pu laisser penser que Gabriel Attal ne maîtrise rien… Et comment croire que le débauchage de Rachida Dati puisse avoir été organisé par Gabriel Attal ? C’est encore l’Elysée qui est à la manœuvre. Rachida Dati a négocié la mairie de Paris contre son engagement en tant que ministre de la Culture, ministère que manifestement elle a choisi. Le calcul est simple : si elle ajoute ses voix à celles de Renaissance, elle peut battre la sortante socialiste, Anne Hidalgo, qui est loin de faire l’unanimité. Reste à déterminer si LR laissera la place libre à l’ancienne Garde des sceaux de Nicolas Sarkozy. Dans ce contexte, quelle crédibilité et quelle marge de manœuvre pour le 1er ministre qui apparaît muselé comme une créature de Macron ? Derrière ce « transfert », l’ombre de Nicolas Sarkozy se profile… D’autant que Catherine Vautrin est aussi du « voyage » à un gros ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, elle qui a été ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité sous Jacques Chirac. Associer le Travail et la Santé, cela prouve bien le peu de considération que l’Elysée a pour ce secteur, même si un Secrétaire d’Etat à la santé devrait être nommé prochainement.
Stéphane Séjourné au Quai d’Orsay…
Clairement, Emmanuel Macron a fait ses courses du côté des LR. Après avoir décapité la Gauche et le PS, il veut annihiler la Droite et les LR… Tous les récalcitrants de la réforme sur l’immigration passent à la trappe. La rébellion n’est pas un axiome de la Macronie comme elle l’a pu être lors du passage à la présidence de François Hollande. Exit donc Rima Abdul-Malak, Clément Beaune, Aurélien Rousseau ayant déjà quitté le navire auparavant. C’est l’aile Gauche de la Macronie qui est la grande perdante du remaniement. Et puis, il y a l’arrivée au Quai d’Orsay comme ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de Stéphane Séjourné qui n’est autre que l’ancien compagnon du 1er ministre… Le copinage a de beaux jours devant lui… Moins charismatiques, Marc Fresnau à l’Agriculture, Christophe Béchu (Horizons) à la transition écologique et à la Cohésion des territoires, Sylvie Retailleau à l’Enseignement supérieur et à la Recherche sont reconduits. Le cas de la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra est intéressant. Elle écope aussi de l’Education Nationale ce qui laisse à penser que cela restera une compétence exercée par… le 1er ministre qui n’a fait que 6 mois dans la fonction avec les résultats que l’on connaît. Aurore Bergé est déclassée passant du « grade » de ministre aux Solidarités à celui de ministre déléguée à l’égalité Hommes/Femmes et à la lutte contre les discriminations.
La campagne des Européennes en toile de fond…
Parmi les nouvelles têtes qui n’en sont pas, celle de Prisca Thevenot, ex-Secrétaire d’Etat à la Jeunesse devenue sur proposition de Gabriel Attal qui l’aime beaucoup, porte-parole du gouvernement. Quant à Marie Lebec, elle aura en charge les relations avec le Parlement. Bien sûr, dans les jours qui viennent, des Secrétaires d’Etat devraient compléter cette liste. Olivier Véran, qui s’est retiré, devra mener le combat des Européennes à venir. Et déjà, cela peut paraître un piège pour le 1er ministre si populaire selon les sondages… Il lui appartiendra de réduire l’écart entre la majorité présidentielle et le RN qui serait actuellement de 10 points. Si au terme de cette élection à un seul tour, l’écart est de 5 points en faveur du RN, Attal aura réussi son coup. Dans le cas contraire, ce sera un échec. D’autant que le ministre de l’Europe n’est autre que Stéphane Séjourné… Sans majorité au Parlement, Gabriel Attal devrait jouer sur une corde raide pour faire adopter ses réformes. Nul doute qu’il sera attendu au tournant par toutes les oppositions, la Gauche dénonçant déjà une équipe baptisée « Sarkozy IV »…
Pascal Gaymard