Accueil À la Une PALMARÈS FESTIVAL DE CANNES 76e – Justine Triet : Clap 3ème Femme...

PALMARÈS FESTIVAL DE CANNES 76e – Justine Triet : Clap 3ème Femme en Or !

Il le fallait certainement, avec un tel Jury présidé par Ruben Ostlund, le Palmarès ne pouvait qu’être qu’original et historique.

0

Crédit photo@Dominique Maurel

Pour la 3ème fois, c’est une femme qui a remporté la Palme d’Or et une Française de surcroît, juste après celle de Julia Ducournau il y a 2 ans pour TITANE, la même Julia qui était membre de ce Jury du 76e. La 1ère ayant été octroyée à Jane Campion pour LA LECON DE PIANO en 1993.

Sandra Hüller, Reine de Cannes 2023 !

Alors, certes, il n’y a pas LE JEU DE LA REINE et Alicia Vikander au Palmarès ce que nous déplorons car l’actrice Turc, Merve Dizdar, n’a qu’un rôle secondaire dans le beau film de Nuri Bilge Ceylan, LES HERBES SECHES. Le prix d’interprétation à cette Reine Catherine qui nous avait tant impressionnée n’aurait été que justice. Cela aurait pu être Sandra Hüller qui était dans deux très beaux films sacrés comme tels (NDLR : Un film ne peut plus avoir 2 Prix à Cannes…). Et c’est bien cela qui s’est passé. Nous attendions, THE ZONE OF INTEREST Palme d’Or, mais le réalisateur, Jonathan Glazer, a dû se contenter « que » du Grand Prix du Jury ce qui prouve bien qu’il y a eu bataille. Le président du Jury, Ruben Ostlund, l’a bien sous-entendu lors de la conférence de presse qui a suivi la divulgation du Palmarès. Ce film faisait figure de favori pour la presse et une grande partie du public. Mais ce n’est pas une injustice que l’ANATOMIE D’UNE CHUTE soit finalement Palmé d’Or. Car le film de Justine Triet est suffisamment fort et puissant grâce à l’interprétation de celle qui aura été la véritable Reine de ce Festival de Cannes : Sandra Hüller. Elle se retrouve au cast des deux films préférés du Jury… Et à chaque fois, quelle présence, quelle maestria, quelle disponibilité ! Lors de la conférence du Jury, répondant à notre question, elle a développé sur les deux tournages et la manière de travailler de chacun. Chez Justine Triet, un certain désordre sur le plateau voulu et demandé par la réalisatrice. Plus de distance avec Jonathan Glazer, le sujet l’exigeant sans doute puisqu’il s’agit de dépeindre un jardin d’Eden qui semble irréel alors que de l’autre côté du mur, il y a le camp de concentration d’Auschwitz avec ses cris lugubres et ses fumées interminables…

Les Français et l’Asie à l’honneur

Le reste du Palmarès n’est pas honteux. La France a décroché un autre prix, celui de la mise en scène, attribué à Tran Anh Hung pour LA PASSION DE DODIN BOUFFANT avec Benoît Magimel et Juliette Binoche auxquels il a rendu un hommage appuyé. Le Prix du Meilleur interprète masculin est revenu à Koji Yakusho, le formidable laveur de toilettes de PERFECT DAYS signé Wim Wenders. C’était notre favori. La récompense du Meilleur Scénario, est revenu à Sakamoto YUJI pour le film de HIROKAZU Kore Eda, MONSTER. Ce n’était pas notre choix mais il n’est pas incompréhensible, l’Asie se taillant une belle part dans ce Palmarès 2023. Enfin, pour le Prix du Jury, c’est Aki Kaurismaki qui a été sacré pour LES FEUILLES MORTES. Ce sont le couple d’interprètes de son film qui sont venus récupérer son Prix. Nous aurions aimé qu’il soit là pour nous expliquer pourquoi le peuple Finlandais que l’on dépeint comme le plus heureux du monde, est le plus déprimant et ennuyeux dans ses films… Au final de cette cérémonie, nous retiendrons les mimiques muettes de John C. Reilly pour décrire un film sans scénario ni dialogue, Quentin Tarantino faisant l’éloge des films lui procurant un plaisir coupable aux côtés d’un géant, Roger Corman (révélateur de Scorsese, Coppola, Spielberg, De Palma…), Jane Fonda en égérie féministe éternellement belle à 85 ans alors qu’elle est venue au Festival de Cannes pour la 1ère fois en 1963, l’attaque en règle de Justine Triet palmée d’Or s’en prenant au projet de retraite du gouvernement. C’était la touche politique d’un Festival où les films l’étaient tout autant. Logique donc. Le 76e était un bon cru et Palmarès acceptable. Vivement 2024 !

Pascal Gaymard

AUCUN COMMENTAIRE