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LE FESTIVAL DE CANNES COMME SI VOUS Y ÉTIEZ… Vendredi 19 mai 2023

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Par Pascal Gaymard et Marie BourdelPhotos Dominique Maurel

Décidément, les films sont à l’image du temps cannois, morose. Le documentaire de l’expérimenté Chinois, Wang Bing, JEUNESSE aura eu raison de la patience (et de la fatigue, la billetterie accentuant le stress des journalistes) des spectateurs avec ses 2h32… Répétitif, ennuyeux, sans émotion, le propos du film aurait gagné à perdre une bonne 1h30 de durée…

Le retour du documentaire en Compétition Officielle n’est donc pas une réussite… Du coup, LES MEUTES, 1er film du Marocain, Kamal Lazraq, n’en a eu que plus de saveur à Un Certain Regard. Mais c’est sans doute dans l’après-midi et la soirée que le Festival de Cannes a véritablement commencé. Tout aussi long que le Chinois, le Turc, Nuri Bilge Ceylan (3h17) n’en est bien plus attractif et attrayant avec LES HERBES SÈCHES. Son histoire de jeune professeur dans un village reculé d’Anatolie en attente de mutation présente bien des atouts pour que le réalisateur figure une nouvelle fois au Palmarès ce qu’il a connu à plusieurs reprises lors des 7 films montrés à Cannes.

Mais c’est peut-être le Britannique Jonathan Glazer qui aura fait la plus belle impression avec son très dérangeant THE ZONE OF INTEREST dont le rôle principal est tenu par Sandra Hüller (que nous verrons aussi dans ANATOMIE D’UNE CHUTE de Justine Triet). Ne pas oublier son mari dans le film, le chef du camp, campé par Christian Friedel. Ce petit havre de paix avec son joli jardin, ses chambres ensoleillées, et ses enfants rieurs font un contraste étrange avec les chambres à gaz du camp d’Auschwitz tout proche. La bande son est extraordinaire où les rires des enfants se mêlent aux aboiements des chiens et aux hurlements de terreur des populations gazées… Assurément, un bon candidat à la Palme d’Or…

Tout à l’inverse des FILLES D’OLFA de la réalisatrice Tunisienne, Kaouther Ben Hania, essaie de nous faire comprendre l’impensable, l’engagement de femmes au service des terroristes de daesh. Le père violent ne peut légitimer un tel geste et excuser ces femmes radicalisées et qui ont servies de compagnes aux monstres islamistes. Le montage qui tente de faire le film dans le film pour atténuer la responsabilité de chacun n’est pas non plus une réussite.

Reste EUREKA de l’Argentin, Lisandro Alonso est un film étrange sur l’Amazonie, les Indiens, le rêve, la communication avec la nature. Un voyage envoutant au pays des chamans, des oiseaux, de la forêt… Présenté à Cannes Première, ce bel ouvrage aurait mérité de figurer en Compétition Officielle.

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