Après un début en fanfare et d’excellents films, la Compétition officielle marque un peu le pas avec une journée mitigée et quelques films plutôt faibles. L’Américain, David Robert Mitchell, révélé à la Semaine de la Critique (I Follows), a proposé Under the Silver Lake (Sous le lac argenté). Cette pseudo enquête sur des messages secrets cachés dans les films, chansons, fanzines, débouche sur l’existence de tunnels secrets sous la colline d’Hollywood où les richissimes peuvent terminer leurs vies entouré de belles filles. Certes, le réalisateur multiplie les références à La Fureur de Vivre, Chinatown, Fenêtre sur Cour… mais son scénario est vain et ne débouche sur rien d’essentiel. La bande son très forte et complètement désynchronisée avec l’action finit par lasser pour un film qui dépasse les 2h comme beaucoup cette année à Cannes.
Le même constat pourrait être fait avec Burning du Sud-Coréen, Lee Chang-Dong. Son jules et jim version asiatique est encore plus long, 2h28 que le précédent. Si les personnages sont attachants, le traitement du sujet, sa lenteur, son ennui aussi provoque immédiatement une certaine torpeur. Nous sommes loin de Poetry, le précédent film de cet auteur déjà primé à Cannes avec Secret Sunshine pour son actrice, Jeon Do-yeon. Ce serait étonnant qu’il récidive avec Burning.
Dans cette même journée, nous avons vu Romain Goupil monter les Marches aux côtés de son complice, Daniel Cohn-Bendit pour des considérations sur le monde d’aujourd’hui sur fond d’hommage aux 50 ans de Mai 68 dans La Traversée. Les commémorations et hommages diverses sont l’apanage du Festival qui se veut et se doit à l’écoute du monde.
Parfois, un regard, un documentaire peut susciter plus d’intérêt qu’un film en Compétition. C’est le cas avec Whitney de Kevin MacDonald qui avec force de témoignages de l’entourage le plus proche de la chanteuse, revient sur sa vie, sa carrière, ses amours. Nous apprenons ainsi que Whitney Houston a été abusée comme ses frères par une femme, une tante, Dee Dee Warwick, chanteuse également comme une bonne partie de la famille, et qui était sensée les garder quand leurs parents étaient en tournée. Cela peut expliquer sa peu de considération pour elle-même et ses prises excessives de drogues .Toute sa vie, l’héroïne de Bodyguard ne savait qui elle était… et ce n’était pas son mari violent et aigri qui pouvait être le soutien dont elle avait tant besoin. Bouleversant et dramatique. Le Festival, c’est aussi des rencontres comme celle avec Jean-Daniel Simon, une figure légendaire de la Société des Réalisateurs de Films (SRF) dont il a été l’un des fondateurs enn1968. Il a présidé avec son ami et binôme, Pierre-Henri Deleau, à la naissance de la Quinzaine des Réalisateurs en réaction aux films « institutionnels » envoyés par les gouvernements des pays du monde. Entre anecdotes, souvenirs, explications de textes, nous comprenons mieux les enjeux qui se sont joués à la Quinzaine…