Tout avait débuté avec le Grand Plan d’Investissement décidé par le président de la République à son arrivée au pouvoir. Comment dès lors ne pas envisager la technopole de Sophia Antipolis partie prenante à cette labellisation, elle qui compte sur son territoire 20 % des chercheurs dans ce secteur ô combien porteur d’avenir ? Pour une fois, tous les acteurs économiques, institutionnels, chercheurs ont décidé d’œuvrer ensemble autour de trois piliers, Jean-Marc Gambaudo, président de l’Université Côte d’Azur, David Simplot, directeur de l’INRIA Sophia Antipolis Méditerranée, et Jean Leonetti, président de la Communauté d’agglomération Sophia Antipolis (CASA).
16 ME pour le 3IA de Sophia
Pour prouver la mobilisation de la technopole, encore fallait-il des actes, l’argent public devant, comme toujours, être compensé par des fonds privés. D’emblée, 80 entreprises ont soutenu cette initiative et 62 d’entre elles ont permis de lever 18,4 millions d’euros. Au titre du dossier de labellisation, les acteurs azuréens avaient demandé 13,5 millions d’euros, ils s’en sont vus attribués 16 millions d’euros… Désormais, Sophia Antipolis a donc son Institut Interdisciplinaire d’intelligence Artificielle (3IA) qui sera basé sur le campus Sophia Tech pour une durée de 4 ans. Les 3 axes de cet Institut seront la santé, la biologie numérique et les territoires intelligents. À Grenoble, la santé, l’environnement et l’énergie, alors que Paris comme Toulouse œuvreront sur la santé, les transports et l’environnement. l’enveloppe globale pour les 4 pôles labellisés s’élève à 225 millions d’euros. Est-ce que cela nous permettra-t-il de rattraper les États-Unis et la Chine qui ont pris une avance considérable en matière d’Intelligence Artificielle ? Pas sûr mais le challenge mérite d’être relevé.
Une Maison de l’IA départementale pour les 50 ans de Sophia
Ce qui compte dans cette labellisation, c’est qu’elle permettra un formidable effet de levier national et international comme l’a souligné tous les intervenants politiques, chefs d’entreprises, chercheurs et universitaires. Chacun y est allé de sa bonne nouvelle .La Région Sud représentée par Françoise Bruneteaux va mobiliser les Fonds européens notamment le programme Horizon 2020 doté de 1,5 milliards d’euros, Michel Rossi pour le Département 06 a annoncé dans le cadre du Smart Deal 06, la création d’une Maison de l’Intelligence Artificielle sur le site de la technopole avec un triple objectif, « pédagogique, informatif et expérimental sur la santé et le social, Véronique Paquis pour la Métropole Nice Côte d’Azur a rappelé que la santé et les territoires intelligents avec le Smart City de la ville de Nice étaient des priorités en insistant sur la nécessité de créer aujourd’hui, les formations pour les métiers à venir dans le 3IA. Quant à Jean Leonetti pour la CASA, il s’est réjoui de cette belle unanimité « autour d’un projet qui fédère et qu’il nous appartient maintenant de faire vivre… Il faut croire au progrès. Nous sommes subventionnés pour l’avenir, pas pour récompenser le passé. Sophia n’est pas en déclin et elle le prouve tous les jours ».
25 Chaires universitaires IA dans le 06
L’avenir immédiat, ce sera le SophIA Summit dont la 2ème édition aura lieu le 20 novembre prochain. La priorité actuelle est la négociation avec l’État des Chaires universitaires, véritables fers de lance du projet. L’UCA en a identifié 32 (sur 80 candidatures), l’État en a retenu dans un premier temps, 25… avec la possibilité de renégocier à 5 ans pour en avoir 45. Mais au fait, la 3IA, de quoi s’agit-il ? Elle est partout dans votre quotidien, dans votre smartphone à reconnaissance vocale, dans la voiture sans pilote qui est expérimenté par Renault software Lab à Sophia, dans les molécules intelligentes devant guérir demain des maladies dégénératives comme le Parkinson ou l’Alzheimer, les prothèses sophistiquées permettant de surmonter le handicap… L’Intelligence Artificielle doit rendre le monde meilleur, plus beau, plus sûr. Est-ce un rêve ou un cauchemar ? L’avenir nous le dira mais en attendant, c’est le monde de demain qui se joue à Sophia Antipolis. 85 % des métiers de 2030 n’existent pas aujourd’hui. Il était temps que la France entre dans la course. Et comme l’a si bien dit Jean Leonetti en forme de conclusion : « Le combat pour l’Intelligence Artificielle ne fait que commencer ». A nous de le gagner.
Pascal Gaymard