En cette semaine cinématographique, deux films Français brillent par leur originalité et leur aspect quasi documentaire. En effet, le cinéma Français a très peu effectué des incursions dans le milieu des sous-marins qui jusqu’ici était une chasse gardée des Américains. Antonin Baudry avec LE CHANT DU LOUP s’y essaie avec un timing, un suspense, une vista qui ne peut que susciter l’admiration. Dans un huis clos étouffant au fond des mers où brille Mathieu Kassovitz, Omar Sy, Reda Kateb, François Civel, il parvient à créer une atmosphère tout en respectant scrupuleusement le parler, les procédures, les gestes des sous-mariniers. Et la peur nous étreint lorsque l’on se rend compte que tout ce qui est dit, proposé, exposé peut être vrai et qu’une guerre atomique ne tient qu’à un fil…
Il en est de même de GRACE A DIEU d’un François Ozon très éclectique et qui se fait l’avocat de toutes les familles qui ont subi les violences sexuelles du père Bertrand Preynat. Après bien des déboires juridiques, le film a été autorisé à sortir « grâce à dieu »… le fameux mot de Mgr Barbarin à propos de la prescription des actes de pédophilie du prêtre lyonnais. Là aussi, l’enquête mené par François Ozon et Melvil Poupaud puis Denis Menochet et Swan Arlaud est précise, authentique, sans complaisance pour une hiérarchie ecclésiastique qui a protégé ce prédateur sexuel durant plus de 40 ans, des cardinaux Decourtray à Barbarin.
Si LE CHANT DU LOUP pourrait faire changer les procédures pour qu’un tir nucléaire puisse être arrêté à temps, il faut espérer qu’avec GRACE A DIEU et suite des propos du Pape, les actes de pédophilie dans l’église catholique soit désormais du passé. Dans les deux films, le spectateur se retrouve acteur du film, l’identification est totale car les deux réalisateurs proposent plusieurs portraits forts différents de personnalités qui sont autant d’archétypes de la société Française. Deux grands films donc qui prouvent la force et la vitalité d’un cinéma qui est l’un des plus importants du monde.
Pascal Gaymard