ECONOMIE- L’incertitude règne : les entreprises à l’épreuve du Covid-19

Alors que la crise sanitaire dure depuis maintenant un an, la CCI Nice Côte d’Azur et la Banque de France dressent un bilan économique des entreprises et effectuent des prévisions pour les mois à venir.

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La pandémie de Covid-19 s’est accompagnée d’une crise économique considérable. Les mesures sanitaires mises en œuvre pour lutter contre la propagation du virus ont impacté l’économie mondiale qui a reculé de 3,5% en 2020 par rapport à 2019 selon le FMI. Mais cette moyenne cache des disparités avec des pays comme la Chine qui s’en sortent mieux (+ 2,3% sur son PIB en 2020) alors que le PIB de la zone euro enregistre, lui, une baisse de 6,8%.

En France, l’économie a connu sa plus forte récession depuis la Seconde Guerre mondiale avec une chute de 8,3% de son PIB sur l’ensemble de l’année. En comparaison, l’Allemagne limite la casse avec – 5,3% tandis que l’Espagne affiche une dégringolade de 11%.

Pour faire face à cette crise, l’État a négocié la mise en place d’un plan de relance, ou plutôt de tentative de maintien de l’économie, sous la forme de prêts à hauteur de 131 milliards d’euros. Les entreprises, petites, moyennes ou grandes, qui ont connu une baisse d’activité significative, bénéficient, naturellement, d’une part importante de ces prêts garantis par l’État.

Des secteurs plus ou moins touchés dans les Alpes-Maritimes

La quasi-totalité des secteurs de l’économie ont été touchés mais de manière inégale. Bien évidemment, l’année 2020 a été catastrophique pour les hôtels, cafés et restaurants du département qui ont connu une baisse d’activité de 52,5% et qui, comme beaucoup, ne disposent pas vraiment de perspectives sur un « retour à la normale ». Les industries de la région connaissent des fortunes diverses avec la métallurgie en fort recul (-18,5%) alors que les industries chimiques (+ 5,5%) et alimentaires (+1%) font mieux que résister. C’est dans ce contexte que le bassin grassois s’en sort le mieux sur le plan départemental avec un recul de chiffre d’affaires de « seulement » 7%. À titre de comparaison, la métropole de Nice et l’agglomération d’Antibes perdent 16%, tandis que Cannes en perd 23 et Menton, 22.

D’après une enquête réalisée par la CCI Nice Côte d’Azur, dans 69% des cas, la baisse de la demande est citée comme la difficulté principale rencontrée par les entreprises de la région. Et avec 35%, les problèmes de trésorerie reviennent également souvent. Mais s’il y a bien une problématique qui englobe actuellement toutes les autres, c’est bien celle l’incertitude sur l’avenir. Selon Jean-Pierre Savarino, Président de la CCI Nice Côte d’Azur : « L’incertitude continue à être notre quotidien. Tant que nous n’aurons pas résolu ces notions et que nous n’aurons pas pu prendre compte des aléas que nous avons aujourd’hui sur la Covid, il sera très difficile pour les entreprises de se positionner et d’envisager un avenir plus serein ».

Un paradoxe…

Une enquête réalisée par la Banque de France auprès d’un échantillon représentatif d’entreprises de la région PACA réalisant un chiffre d’affaires de 38 Mds d’euros et employant près de 180 000 salariés, relève un certain paradoxe…

Malgré une baisse du chiffre d’affaires des entreprises de 11% au niveau régional en 2020 et une baisse des investissements de 35%, l’emploi reste quasiment stable avec un recul de 1,3%. Cette disparité aux apparences surprenantes est due aux aides importantes de l’État mentionnées plus tôt dans l’article. L’effet positif des mesures de chômage partiel a ainsi permis de sauvegarder une majorité d’emplois. En effet, seul le non-renouvellement des CDD, des intérimaires ou autres saisonniers explique la relative baisse des effectifs en 2020.

Quelques perspectives pour 2021

Bien que le contexte sanitaire et économique soit encore instable, la Banque de France anticipe une amélioration de l’activité en 2021 qui permettrait de compenser, de façon partielle, le recul de 2020. Le scénario fondé sur l’hypothèse que l’épidémie ne s’aggraverait pas davantage et que le déploiement généralisé des vaccins ne serait pleinement effectif que vers fin 2021, suppose une croissance du PIB de 5% en 2021 et 2022 ainsi que de 2% en 2023 (après, on le rappelle, une baisse de 8,3% en 2020). Selon les mêmes hypothèses, le taux de chômage devrait en revanche s’accroitre en France à 10,7% en 2021 (après 8,5% en 2020), avant de refluer les années suivantes à 9,5% en 2022 et 8,9% en 2023.

En considérant la hausse du PIB, une augmentation des chiffres d’affaires des entreprises PACA est attendue dans les services marchands (+7,3%), dans l’industrie (+6,2%) et dans la construction (+5,1%). Cette progression devrait naturellement s’accompagner d’une reprise de la demande et d’une baisse de problèmes relatifs à la trésorerie. Reste encore à voir si le contexte sanitaire ne s’aggrave pas trop dans les semaines et les mois à venir. Les entreprises le disent, leur crainte numéro un est bien la menace d’un 3ème confinement.

Gaetan Tringham

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