Et certaines circonscriptions seront plus « regardées, scrutées, analysées » que d’autres en commençant par la 1ère, celle d’un certain Éric Ciotti, candidat sortant LR.
1ère circonscription : Vers la réélection d’Éric Ciotti ?
Affirmer que le divorce est consommé entre le député Éric Ciotti, ex-patron du Département 06, et son ex-meilleur ami et mentor, Christian Estrosi, est un euphémisme. Il y a même un parti qui les sépare, le premier étant resté fidèle à ses idées et à sa famille politique, le second ayant préféré faire allégeance au président de la République et ce, bien avant le 1er tour des Présidentielles qui a vu Emmanuel Macron être réélu. Pour faire trébucher le sortant, LREM, le parti de la Majorité présidentielle, a choisi Graig Monetti, le grand (par la taille), ex-chef de cabinet de Frédérique Vidal (quand elle était ministre de l’Enseignement supérieur) et aussi adjoint au maire, délégué à la jeunesse. Est-ce qu’il passera dans les différents quartiers si différents de cette circonscription ? Rien n’est moins sûr, mais il pourra compter sur le soutien total d’un Christian Estrosi. Cette candidature a été imposée par le château, comprenez l’Élysée, l’autre candidat, Olivier Bettati, qui aurait pu avoir plus de chances, ayant pâti de sa proximité avec Marion Maréchal lors des élections régionales de 2015. Dans ces conditions, qui sera au 2ème tour, Graig Monetti ou la candidate de la nouvelle Union de la Gauche, Anne-Laure Chaintron (NUPES) ? Le débat est ouvert. Graig Monetti bénéficie d’une suppléante bien implantée dans le territoire et conseillère départementale, Anne Ramos, mais c’est lui le candidat… Quant au RN, il a mandaté une illustre inconnue, Muriel Vitetti, qui ne devrait pas peser bien lourd dans cette élection. Éric Ciotti, qui sait que tout sera fait pour qu’il trébuche, arpente ce territoire depuis longtemps. Il part avec un avantage non négligeable qui lui vaut le statut de favori.
2ème circonscription : Loïc Dombreval par défaut ?
Que faut-il attendre de la 2ème circonscription ? Le candidat LR n’est autre que le maire de Spéracèdes, Jean-Marc Macario, qui ne semble pas être de taille pour se mêler à la lutte du 2ème tour face au sortant, Loïc Dombreval. En plus, il doit faire face à un dissident LR, Alexandre Gaiffe, conseiller municipal de Grasse « qui a repris sa liberté » pour se présenter à ces Législatives, lui qui avait fait acte de candidature à la candidature LR… Le débat est-il clos pour autant ? Non, car le député actuel n’a pas été omniprésent, ses opposants ayant martelé que personne ne le connaît dans cette très vaste, il est vrai, circonscription autrefois tenue par un certain Charles-Ange Ginésy… en l’absence de « cador » LR, qui sera au 2ème tour face au sortant ? Les NUPES tablent sur Sonia Naffati, qui n’est pas très connue pour ne pas dire plus. Finalement, le conseiller régional, Lionel Tivoli (RN) présente le meilleur profil car implanté depuis longtemps et un temps responsable du parti de Marine Le Pen dans le 06. Il fera face au responsable 06 de Reconquête ! d’Éric Zemmour, le conseiller municipal d’opposition de Grasse, Patrick Isnard tout comme à un ancien sous-préfet, Abdel Aïssou qui se lance en politique sous l’étiquette du Mouvement pour la ruralité. Le 2ème tour sera-t-il un face à face entre Dombreval et Tivoli ? Réponse le dimanche 12 juin.
3ème circonscription : Pradal pour remplacer Roussel ?
Les négociations d’avant-candidature ont été rudes dans la 3ème circonscription de Nice où le maire, Christian Estrosi, n’a jamais caché son animosité envers le Marcheur, Cédric Roussel qui le lui rendait bien. Alors, au moment de choisir, le 1er magistrat de Nice a imposé son candidat, Philippe Pradal, ex-1er adjoint et ex-maire de Nice lorsque Christian Estrosi avait démissionné pour cause de présidence de la Région Sud PACA. C’est une belle revanche pour… Rudy Salles qui avait perdu son mandat parlementaire face à Cédric Roussel et qui place comme suppléante de Philippe Pradal, sa propre fille, Jennifer Salles, conseillère régionale. Avec le retrait de Roussel, Pradal fait figure de grand favori sur ce territoire. Il devra se méfier sur sa droite de Laurent Castillo, candidat LR quelque peu méconnu en politique, et bénéficiera, à n’en pas douter, du différend entre Philippe Vardon, candidat historique de la droite nationale dans ce territoire, et Benoît Kandel, ex-1er adjoint de Christian Estrosi, parti un temps à Reconquête ! avant de rallier le RN. Le parti d’Éric Zemmour a donc choisi d’investir Philippe Vardon qui selon ses dires : « je paie ma proximité avec Marion Maréchal et Nicolas Bay qui ont rejoint Eric Zemmour ». Que feront les électeurs ? Resteront-ils fidèles à Philippe Vardon ou voteront-ils pour un autre local, Benoît Kandel ? Le candidat du 2ème tour réside dans la réponse à cette question. Car la NUPES avec Éric Giusti ne semble pas en mesure de se mêler à cette lutte fratricide à droite… Donc, Philippe Pradal favori face à Philippe Vardon ou Benoît Kandel… Nul doute que ce résultat sera particulièrement scruté à Paris tant au RN qu’à Reconquête !
4ème circonscription : Alexandra députée, c’est sûr ! Mais laquelle ?
Ceux qui professent que la politique est une affaire d’hommes en seront pour leurs frais dans la 4ème circonscription où deux Alexandra se font face, Valetta-Ardisson pour LREM, la sortante, et Masson pour le RN, la challenger. Au second tour des Présidentielles, le RN et Marine Le Pen avait réalisé plus de 55% dans cette circonscription. Tout reste ouvert donc sur ce territoire. Alexandra Valetta-Ardisson a débauché Adrien Sfecci, ex-suppléant d’Olivier Bettati aux dernières Législatives après le forfait de dernière minute de son suppléant… Est-ce que ce sera suffisant pour une réélection ? Que fera Éric Ciotti au 2ème tour, lui qui a tant besoin des voix du RN pour se faire réélire dans la 1ère circonscription ? Et quid du candidat LR, Roger Roux, le maire de Beaulieu-sur-Mer qui sur la papier, n’a aucune chance dans ces Législatives ? Pour qui appellera-t-il à voter au 2ème tour si, comme c’est probable, il n’est pas qualifié ? Ce sont toutes les réponses à ces questions qui seront la clé du 2ème tour dans la 4ème circonscription qui inclut la ville de Menton. Aux Municipales partielles, la candidate d’Éric Ciotti, Sandra Paire, n’avait pas réussi à remporter la mairie face à Yves Juhel, réputé plus proche de Christian Estrosi. Est-ce que cela pèsera sur cette élection ? Il semble que ce soit la seule des Alpes-Maritimes où un(e) candidat(e) RN puisse l’emporter…
5ème circonscription : Le MATCH Brenier/D’Intorni…
Au Petit Niçois, nous n’avons pas l’habitude de parler avec la langue de bois. C’est le MATCH dans la 5ème ! C’est la circonscription qui va cristalliser tous les regards au soir du 19 juin. Que va-t-il se passer ? Les maires se plaignent de pressions des deux camps sur les subsides, un chantage aux subventions et aux projets entre le Département dont Éric Ciotti est le président de la commission des finances, et la Métropole où Christian Estrosi règne en maître. Ce dernier possède un atout maître dans sa manche : la Région Sud PACA qui peut venir en complément du financement d’un dossier… Les élus se plaignent de cette situation : « Nous avons besoin de tous pour faire vivre nos villages ». Mais l’heure ne semble plus aux jérémiades, il faut choisir son camp. Marine Brenier, ex-LR a eu du mal à couper les ponts avec sa famille politique après avoir fait vaillamment campagne pour Valérie Pécresse. Mais il semble que la voix de Christian Estrosi ait pesé lourd dans sa décision. Elle a rallié LREM et la Majorité Présidentielle. C’est avec cette étiquette qu’elle se présente devant Christelle d’Intorni, la maire de Rimplas, soutenu par Éric Ciotti. Tous les autres candidats ne semblent pas exister face à ce duo de femmes qui ne vont pas se faire de cadeaux. À Christelle d’Intorni la primauté dans les villages, mais Marine Brenier devrait avoir l’avantage à Nice… En tout état de cause, le duel s’avère serré et sera chargé d’émotions… Si Marine Brenier gagne, alors on pourra parler de statu quo sur le département. Elle aura eu raison de passer à LREM… Si elle perd, c’est la victoire de Ciotti… et de LR.
6ème circonscription : Trastour, un léger avantage ?
À priori, Laurence Trastour-Isnart, sortante LR, de ce territoire, devrait être réélue dans la 6ème circonscription. Elle a fait le travail, elle, mais reste fragile car sur sa droite, le maire de la Colle-sur-Loup, Jean-Bernard Mion, s’est déclaré candidat pour… LREM… Du coup, sa logique réélection est remise en question par cette candidature qu’elle qualifie de « girouette » étant passé de LR à Horizons, le parti d’Édouard Philippe qui est l’allié de LREM. L’intéressé se défend d’un quelconque retournement et affirme s’être rapproché de la Majorité depuis un moment. Même si le maire de Villeneuve Loubet n’est plus le suppléant de Laurence Trastour-Isnart, il n’en demeure pas moins l’un de ses principaux soutiens. Cela suffira-t-il à faire basculer l’opinion vers la députée sortante ? Elle devra tout de même se méfier car cette guerre fratricide pourrait bénéficier à un autre candidat, celui du RN avec le très ambitieux et talentueux, Bryan Masson. Le « Jordan Bardella » du 06 entend bien jouer les trouble-fêtes et s’inviter au bal du 2ème tour. Auquel cas, il devrait faire face, soit à Laurence Trastour-Isnart, soit à Jean-Bernard Mion… Rien n’est fait sur ce territoire mais la sortante semble partir avec un léger avantage…
7ème circonscription : Éric Pauget… large ?
La carte électorale semble être la même dans la 7ème avec un candidat, maire d’une commune, passé de LR à LREM, Éric Mele, 1er magistrat de Gourdon, un candidat RN, Tanguy Cornec, et un sortant LR, Éric Pauget. Mais avec un gros bémol par rapport à la 6ème circonscription : Éric Pauget est un poids lourd qui semble largement plus méritant, plus compétent, plus sérieux que ses challengers qui n’ont pas la carrure d’un Jean-Bernard Mion ou d’un Bryan Masson… Dans ces conditions, il pourrait être facilement réélu avec le soutien de son mentor en politique, Jean Leonetti, l’emblématique et inamovible maire d’Antibes Juan-les-Pins. Qui pourra contester qu’Éric Pauget a été partout sur le terrain de sa circonscription, qu’il a travaillé à l’Assemblée nationale, et qu’il est l’homme de la situation ? Dans ces conditions, sa réélection apparaît comme normale et logique.
8ème circonscription : Alexandra Martin avec le soutien de David Lisnard…
À l’ouest du département, dans le bassin cannois, il n’y a plus d’opposition au maire sortant, David Lisnard. C’est lui qui a choisi Alexandra Martin comme étant la meilleure candidate pour succéder à Bernard Brochand qui aura brillé au Palais Bourbon par son absence et son manque d’activité parlementaire. Nul doute que la nouvelle venue n’aura pas de mal à faire mieux que son prédécesseur. Contre qui devra-t-elle se battre ? LREM a choisi le représentant d’Anticor, Jean-Valery Desens, cauchemar de la famille Leroy, comme candidat dans cette circonscription. Le candidat estampillé Édouard Philippe et donc Horizons aura du travail sur la planche pour espérer inquiéter Alexandra Martin… À droite, un revenant pourrait réaliser un bon score. Il s’agit de l’ex-RN devenu Reconquête !, Adrien Grosjean. Il est bien connu des Cannois qui l’ont apprécié. Il pourrait sans se forcer passer devant la RN, Dorette Landerer, parfaitement inconnue. David Lisnard devrait s’impliquer dans cette campagne pour que sa championne soit l’élue de la Nation… Pas donc de grand suspense à Cannes…
9ème circonscription : Michèle Tabarot bien sûr !
Y a-t-il un match dans la 9ème circonscription, celle englobant la ville du Cannet chère à une certaine, Michèle Tabarot ? Est-ce Chantal Chasseriaud (PS) pour NUPES ou Franck Galbert (RN) ? Peuvent-ils empêcher une élection au 1er tour ? Personne ne peut y croire. Quant à Mayaa Tudiesche pour LREM, personne ne la connaît. Dans ces conditions, l’élection dans la 9ème circonscription semble la plus certaine de toutes les Alpes-Maritimes. Michèle Tabarot n’a pas de candidat suffisamment implanté et redoutable pour la faire douter.
Au final, il y aurait donc trois circonscriptions plus intéressantes que les autres. La 1ère car le ténor Éric Ciotti joue sa carrière politique. La 5ème circonscription où le duel Brenier/D’Intorni promet quelques étincelles, sera au centre des préoccupations des états-majors tant locaux que nationaux. Enfin, dans la 4ème, une Alexandra sera députée mais celle de LREM, sortante, ou celle du RN, challenger ? Au final, le match sera-t-il encore à l’avantage des LR avec 5 parlementaires contre 4 pour Horizons/LREM ? On se dirige vers un statu quo à moins que… Une élection n’est jamais jouée d’avance, et ça, tous les candidats le savent bien…
Pascal Gaymard