Par Mathilde Vignal – Photos Dominique Maurel
Cannes, jour 7 : Entre loufoquerie andalouse et frissons sur la Croisette
Septième jour à Cannes, et la Croisette ne faiblit pas : elle oscille toujours entre le grand spectacle des films et les petites histoires qui font tout le charme du festival. Et ce jour-là, j’ai eu droit à un délicieux mélange de folie, de style, et de moments complètement inattendus.
The Phoenician Scheme de Wes Anderson : un carnaval d’espionnage délicieusement décalé
J’attendais le retour de Wes Anderson avec impatience et je n’ai pas été déçue. The Phoenician Scheme est une fable d’espionnage aussi élégante que loufoque. On y suit Zsa-Zsa Korda (Benicio Del Toro), un magnat fantasque bien décidé à imposer sa vision au cœur d’un État fictif du Proche-Orient. À ses côtés, sa fille Liesl (Mia Threapleton), une nonne excentrique, semble tout droit sortie d’un conte sous acide.
J’ai adoré retrouver l’univers visuel si particulier d’Anderson : ses plans millimétrés, ses couleurs pastel, ses décors rétro et ses personnages qui semblent toujours vivre à contre-temps du monde réel. Les dialogues, bourrés d’humour absurde, m’ont fait sourire du début à la fin. Et puis, quelle distribution ! Michael Cera, Scarlett Johansson, Bill Murray, Tom Hanks… Un vrai plaisir cinéphile, aussi décalé que brillant.


Coulisses et surprises : les petits riens qui font vibrer le festival
Emma Stone et son invité bourdonnant
Sur le tapis rouge d’Eddington, Emma Stone a dû composer avec une abeille un peu trop curieuse. J’étais dans la foule au moment où elle tentait, avec une grâce toute hollywoodienne, d’éloigner l’insecte sans perdre son sourire. Une scène surréaliste et drôle, qui a aussitôt fait le tour des réseaux. Cannes, c’est aussi ça : l’élégance dans l’imprévu.
Mode et audace face aux règles
Cette année, le festival impose un dress code plus strict. Mais certaines célébrités n’ont pas dit leur dernier mot. Stella Maxwell, par exemple, est apparue dans une robe quasi transparente, assumée et sublime. Et que dire d’Alexander Skarsgård ? Il a littéralement dynamité le tapis rouge avec ses looks : cuissardes en cuir Saint Laurent, pantalon à sequins bleus, nœud papillon rose… Un défilé personnel à lui tout seul. Franchement, j’adore cette façon de réinterpréter les règles sans jamais trahir l’esprit de Cannes.

Felicity, la chienne qui fait fondre la Croisette
Impossible de ne pas craquer devant Felicity. Cette chienne Samoyède, sauvée d’un abattoir en Chine, a défilé sur le tapis rouge en robe bleue à volants aux côtés de sa maîtresse, l’activiste Julia De Cadenet. Elle défend la cause des animaux handicapés et dénonce le commerce de viande de chien. Un moment de tendresse et d’engagement qui a profondément marqué les festivaliers — moi la première.
Denzel Washington, entre tension et émotion
Lors de la présentation de Highest 2 Lowest, j’étais dans la salle quand Denzel Washington a dû recadrer calmement un photographe trop insistant, venu le toucher pour capter son attention. Un moment un peu tendu, mais géré avec classe. Et surtout, quelques minutes plus tard, l’ambiance a basculé : le festival lui a remis une Palme d’Or surprise pour l’ensemble de sa carrière. Voir cette légende du cinéma émue, sous une ovation sincère, était un instant rare et bouleversant.
Un jour 7 entre paillettes, piqûres et panache voilà ce que je retiens en cette journée. Qu’à Cannes, tout peut arriver. The Phoenician Scheme m’a offert ma dose de cinéma décalé comme je l’aime, et le tapis rouge a été le théâtre d’une myriade d’émotions, de provocations et de tendresse inattendue. La magie cannoise opère toujours, entre exubérance maîtrisée et instants volés.
