Accueil À la Une THÉÂTRE – Fabrice Luchini : Quel talent avec Victor Hugo !

THÉÂTRE – Fabrice Luchini : Quel talent avec Victor Hugo !

Il avait annulé ses représentations à Antibes mais il avait promis à Daniel Benoin, son ami depuis 1986, d’honorer plus tard ses engagements. Et il l’a fait...

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Anthéa a rouvert ses portes en juillet pour l’accueillir pour le plus grand bonheur des 3600 personnes qui ont pu assister durant ces trois jours (15, 16 et 17 juillet) à son spectacle sur le plus grand génie français, Victor Hugo.

Victor Hugo, un GRAND…

Les Anglais ont eu Shakespeare, les Allemands, Goethe, et nous, les Français, Victor Hugo. A tous les crétins qui pensent que la langue française n’existe pas (n’est-pas Mélenchon !), il faut lire et relire Hugo ou tout simplement allez voir sur scène Fabrice Luchini. Il se met au service du grand homme comme il l’a fait pour Louis-Ferdinand Céline et son Voyage au bout de la nuit, ou Nietzsche, La Fontaine et le confinement qui devait être le sujet de ses trois représentations à Antibes, finalement remplacées par Victor Hugo, disgressions sur son œuvre et Les Contemplations, recueil de poèmes qui demeure une anthologie de la langue française. Ce n’est pas le cadre austère de l’homme de Meudon où il n’y avait qu’une chaise sur la scène, ici, c’est plus cossu, il y a une table, une chaise, un fauteuil même… Et puis, il y a l’artiste. Il est debout, assis, esquisse quelques pas de danses, oscille, tangue mais toujours debout. Sa force n’est pas physique comme les rugbymen à qui, leur entraîneur, Galthié, fait écouter des post de Luchini sur Hugo avant les matchs. Elle est ailleurs, elle est dans les mots qui font mouche, quand il défend la langue de Molière qu’il convoque au hasard d’une table qui tourne, Victor Hugo ayant pratiquer le spiritisme à un moment de sa vie. Son drame ? La perte de sa fille chérie, noyée en tombant d’une barque, alors qu’elle n’avait que 19 ans… Il ne s’en remettra pas et restera 10 ans sans écrire un poème.

Hugo, Beethoven, Baudelaire, Peguy et les autres…

Tout ça, Fabrice Luchini nous le narre avec des accents poignants à vous tier les larmes avant de balancer une anecdote sur une promenade dans le Cap d’Antibes où il s’est fait virer d’un muret par le propriétaire d’une très grande villa… Névrosé, obsessionnel, stressé voire angoissé en permanence, suivi par un psychanalyste et un psychiatre (pour les médicaments) depuis 40 ans, Fabrice Luchini est unique. Quand le verbe le prend, rien ne l’arrête. Sans doute fallait-il assister à la dernière car il s’est lâché comme sans doute il ne l’a pas fait lors de deux précédentes représentations. Car Hugo est le sujet central mais il y a aussi tous ceux qui l’ont admiré ou tous ceux qu’il aimait. Il avait une passion pour Beethoven, celui qui vous fait prendre conscience de l’infini… Des 150 pages qu’un Baudelaire lui a écrit en lui envoyant aussi son recueil des Fleurs du Mal, il n’aura que ce commentaire en retour : « vous êtes un poète formidable. Bravo ! ». Charles Peguy arrive aussi à la fin, associé au poème « Booz endormi », issu du recueil de la Légende des siècles de Victor Hugo. Il le décortique pour nous avec la gourmandise de celui qui connaît le sens des mots, leur musicalité, leur agencement. Cela touche au sacré… comme Hugo qui n’était pas baptisé mais qui croyait en Dieu, gnostique sans doute, sacralisant l’âme… et l’Esprit. Merci Monsieur Luchini, vous êtes le digne serviteur du grand homme !

Pascal Gaymard

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