Au départ, cela devait être une formalité, adoubé par son prédécesseur, le très apprécié François Baroin, David Lisnard était logiquement désigné comme son successeur.
Élection confortable de David Lisnard avec 62,34 %
Mais il n’aura échappé à personne que les tensions chez Les Républicains (LR), ont amené les uns à soutenir le président de la République, Emmanuel Macron, très probable candidat à sa propre succession à la tête de l’État, et les autres, très critiques envers lui et préférant un candidat aux présidentielles issu de leurs rangs. Ce candidat devrait être désigné au congrès des LR, le 4 décembre prochain. Dans ce contexte, les désaccords des Régionales ont laissé des traces durables d’antagonismes. Avant l’élection à l’AMF, Renaud Muselier comme Christian Estrosi n’avaient pas caché leur préférence pour l’autre candidat, UDI, Philippe Laurent, maire de Sceaux, plus compatible avec le pouvoir en place, face à un David Lisnard, plus critique envers l’exécutif.
Affrontement Christian Estrosi et Éric Ciotti en toile de fond
En toile de fond, la rivalité départementale entre Christian Estrosi, maire de Nice, et le député azuréen, Éric Ciotti, était palpable. Pour ceux qui en doutaient, ils n’ont qu’à lire les multiples tweets d’Éric Ciotti se félicitant du résultat sans appel de cette élection avec 62, 34 % pour David Lisnard contre 37,66 % pour son adversaire. Il est vrai que l’abstention est passée par les maires aussi puisque seulement 35 % se sont exprimés sur les 35 1455 votants. En matière de voix, cela donne 6 913 suffrages pour David Lisnard, 4 176 pour Philippe Laurent. Il est vrai que c’était la première fois que le vote électronique était institué…
« Un pays déchiré »…
Dans son premier discours officiel à la tête de l’AMF, David Lisnard a insisté sur ses thèmes de campagne, la liberté de l’AMF face au pouvoir en place et son indépendance. « Je serai le garant de l’indépendance de l’AMF. Les enjeux sont colossaux dans un pays rempli de dynamisme, de potentialités, mais qui est aussi un pays déchiré ». Il avait reçu le soutien d’Éric Zemmour qui avait considéré que l’élection de Philippe Laurent aurait fait de l’AMF « une succursale de l’Élysée ». La venue du président au congrès des maires ne s’est pas traduite par des sifflets comme en 2017 après la suppression de la taxe d’habitation. Cette fois-ci, la relation a semblé plus cordiale. Un millier de maires avaient été conviés à l’Élysée, dont beaucoup du Sud comme Christian Estrosi ou encore Georges Botella, le maire de Théoule-sur-Mer. Mais dans cette année présidentielle, nul doute que les relations entre Emmanuel Macron et David Lisnard seront tendues…
Pascal Gaymard