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PALMARES 78e Festival de Cannes – Jafar Panahi : Palme d’Or pour UN SIMPLE ACCIDENT

Les Festivals se suivent et ne ressemblent pas car après, le bal des « amis » de l’an passé orchestré par Greta Gerwig, nous avons eu droit à un vrai Palmarès sous la houlette d’une Juliette Binoche, meilleure en clôture qu’en ouverture de Festival...

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Photos : Dominique Maurel

Au vu des 22 films projetés, il y avait 7 à 8 films qui sortaient du lot dont 4 sont au Palmarès de cette 78e édition.

UN SIMPLE ACCIDENT, plus qu’une Palme d’Or…

Tout d’abord, à Seigneur, tout honneur, la Palme d’Or n’est pas usurpée du tout. Depuis 15 ans, Jafar Panahi n’était plus venu à Cannes bien que ses films aient été en Compétition Officielle. L’an passé, le Jury n’avait pas eu le courage de consacrer, LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE de Mohammad Rasoulof qui (à défaut de MEGALOPOLIS), aurait fait une bien belle Palme d’Or… Juliette Binoche et son Jury ont eu ce courage de donner sa juste récompense à un Jafar Panahi qui est l’un des meilleurs réalisateurs du monde. Son SIMPLE ACCIDENT est un constant profond et définitif sur la mentalité dans son pays, l’Iran. Lors de la remise de sa récompense suprême par Cate Blanchett, il a rappelé avec force : « Personne doit nous dire ce que l’on doit faire ou pas, ce que l’on doit porter comme vêtement ou pas… ». Un message très clair au régime des mollah iraniens de plus en plus contesté par une jeunesse qui n’en peut plus de vivre dans un pays prison. Dans la conférence du Jury, Juliette Binoche à propos de la Palme d’Or a justifié le choix de son Jury ainsi : « C’est un désir humain, artistique et politique ».

SENTIMENTAL VALUE, un Grand Prix si mérité…

Dès lors, il était normal d’octroyer à SENTIMENTAL VALUE de Joachim Trier, notre autre favori pour la Palme, d’être récompensé par un Grand Prix du Jury. Ce film est un hymne au cinéma, à la création théâtrale ou cinématographique mais au-delà, sur les relations Père/Fille dans un contexte de création qui exacerbe les tensions et les ruptures. Un palmarès, c’est aussi des divergences et les deux Prix du Jury, n’étaient clairement pas nos choix, puisque nous aurions préféré voir cohabiter par exemple, NOUVELLE VAGUE avec LES AIGLES DE LA REPUBLIQUE plutôt que SIRAT, film très faible, et SOUND OF FALLING, longue fresque sur différentes époques parfois incohérente… Sur le Prix Spécial du Jury voulu par la présidente comme elle l’a affirmé elle-même, rien à dire sur RESURRECTION, un film très long, très (trop ?) complexe, et très riche en symboles et hommages au cinéma en passant par Méliès par exemple… Là encore, c’était la décision de Juliette Binoche qui a prouvé qu’elle avait parfaitement assumé son statut décisionnaire.

Deux Prix pour Kléber Mendonça Filho…

Manifestement, le drame Brésilien sur les années de dictature du Brésil dans les années 70, L’AGENT SECRET, avait quelques farouches partisans au sein du Jury comme le réalisateur Sud-Coréen, Hong Sang-Soo… C’est lui qui a justifié cette double récompense pour Kléber Mendonça Filho, meilleur réalisateur et meilleur acteur pour Wagner Moura… Nous aurions préféré que ce prix d’interprétation masculine revienne à Aleksandr Kuznetsov pour DEUX PROCUREURS du réalisateur Ukrainien, Sergueï Loznitsa, sur les purges staliniennes de 1937. Cela aurait rendu le Palmarès plus juste et plus équilibré. Côté féminin, le cinéma Français a été à l’honneur via le film d’Hafsia Herzi, LA PETITE DERNIERE, et sa formidable interprète principale, trouvée en casting sauvage, Nadia Melliti, qui se retrouve avec un prix d’interprétation Féminine à Cannes ce qui va lancer durablement sa carrière. C’était l’un des chocs de ces 11 jours et l’un de nos coups de cœurs personnels. Elle était en concurrence avec l’actrice Iranienne, Parinaz Izadyar de WOMEN ABD CHILD. Enfin, le Prix du Scénario aux Frères Dardenne pour JEUNES MERES est tout à fait incompréhensible puisque le film semble improviser à chaque séquence. Manifestement, il fallait les caser dans le palmarès…

Une belle Caméra d’Or avec THE PRESIDENT’S CAKE

Quant à la Caméra d’Or, THE PRESIDENT’S CAKE de Hasan Hadi est un excellent choix. Le film était présenté à la Quinzaine des Cinéastes et raconte le dilemme d’une petite fille obligée par son instituteur de faire un gâteau pour l’anniversaire d’un Saddam Hussein en fin de règne sous peine d’être bastonnée… Nous aimerions voir dédier le Prix de l’œil d’Or du Meilleur documentaire sur la scène du Grand Auditorium des Frères Lumière juste après, par exemple, la remise de la Caméra d’Or… Ce type d’œuvre le mériterait amplement. Un grand merci aussi à tout le personnel souriant et attentif du Palais des Festivals. Ils sont 1200 à rendre possible cette grande messe du cinéma. Et pourquoi pas une présentation sur la scène du Palais pour les remercier sans doute pas tous mais certains d’entre eux, les autres devant assurés la sécurité et le bon fonctionnement de la séance de clôture… ?

Pascal Gaymard

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