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ONLALU pour vous : LE BUREAU DES AFFAIRES OCCULTES

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CRITIQUE

LE BUREAU DES AFFAIRES OCCULTES – Prix Maison de la Presse 2021 – de Éric FOUASSIER, Éditions Albin Michel, 1ère édition 3 mai 2021, 356 pages.

UN AUTEUR INSPIRÉ DU PERSONNAGE PRINCIPAL 

Éric Fouassier est né en 1963, en région parisienne. Il a commencé par exercer tout un tas de métiers très différents les uns des autres : pompier, pilote de course, ingénieur des fleurs, inspecteur de police, chercheur d’or, mousquetaire, cow-boy solitaire… Un beau jour, disons vers l’âge de 6-7 ans, il a appris à lire et à écrire. Ça lui a tellement plu qu’il a prolongé ses études jusqu’à obtenir un doctorat en pharmacie puis un doctorat en droit, Éric Fouassier s’est spécialisé dans l’histoire de la médecine, qu’il enseigne à l’université.

Après avoir écumé pendant quelques années les concours de nouvelles de France et de Navarre, il s’est dit que le temps était venu de se poser et d’écrire ses propres livres. Depuis, il alterne avec bonheur ouvrages de littérature générale et romans policiers, un style probablement lié à son ancien métier : Inspecteur de police. En 2011, son premier thriller « Morts thématiques » a remporté le prix Plume de Glace au festival de Serre-Chevalier, sous le parrainage de Patrick Bauwen.

Passionné d’énigmes et de codes secrets, son ouvrage Le Bureau des affaires occultes est le premier opus d’une série policière au héros récurrent : Valentin Verne.

UN ROMAN POLICIER AUSSI SOMBRE QUE PALPITANT

Automne 1830, dans un Paris fiévreux, Valentin Verne doit élucider une série de morts étranges…

Le titre à lui seul, Le Bureau des affaires occultes, est un avant-goût d’un polar à mi-chemin entre la manipulation criminelle et l’intrigue surnaturelle. La couverture affiche un personnage stylé, un dandy fort bien vêtu paré d’un chapeau haut-de-forme et en arrière-plan, un Paris orageux du XIXe siècle. Comme une phrase d’accroche, la citation de Jean Cocteau « Je vous livre le secret des secrets. Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va » (Orphée), c’est le regard ouvert sur le visage de son âme et la borne d’entrée et de sortie sur le monde occulte, indiciblement présent sans être visible, perçu sans être compris.   

C’est dans le prologue que la peur inscrit son visage marqué par la souffrance du personnage principal. Affronter sa peur, Valentin Verne a construit sa vie caché derrière un rempart, une citadelle forte pour affronter ses peurs. Il prend tous les risques, persuadé que son étoile protectrice l’aidera à affronter tous les dangers. Intrigué par tant de mystères, il s’y découvrira avec autant de mystères…    

A l’aune d’un automne de 1830, dans un Paris encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente : les partisans Rousséliens, l’autorité par le peuple pour le peuple, face à la monarchie à tendance constitutionnelle.

L’action se déroule dans le Paris de la Révolution de Juillet (Les Trois Glorieuses). Le Paris miséreux et misérable si bien dépeint par Victor Hugo… l’avènement de Louis-Philippe et de la monarchie de Juillet qui est parfois l’alibi pour évoquer des faits et lieux qui s’ancrent dans une vérité historique. Ce n’est pas trop lourd ni exagéré, ce qui rend le texte à la fois instructif et réaliste.

On devine une documentation importante et rigoureuse. L’immersion dans cette époque de la monarchie de juillet est convaincante et parfois l’ambiance évoque l’hybridité d’un récit d’enquête de Fortuné du Boisgobey ou bien d’Émile Gaboriau, écrivain français, considéré comme le père du roman policier.

Nous avons plaisir à découvrir le personnage principal en une période trouble de l’Histoire. L’auteur a véritablement bien travaillé son personnage principal : Valentin Verne, un jeune homme tourmenté et cultivé, mais un policier de génie.

Ce polar nous emmène à l’ombre de Vidocq, un délinquant, bagnard, indic’, policier et détective privé qui marque la même époque – l’aventurier aux 1000 visages et aux multiples vies dont les frasques ont marqué l’histoire de Paris… Depuis, ses aventures rocambolesques passionnent l’imaginaire collectif, Vidocq a inspiré bon nombre d’écrivains comme Balzac pour son personnage de Vautrin dans la Comédie Humaine, Victor Hugo pour Les Misérables, Eugène Sue, Alexandre Dumas ou encore Gaston Leroux.

UNE VIE, DEUX HISTOIRES ET DEUX INTRIGUES

Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, est muté à la brigade de Sûreté fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime. Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité. Féru de chimie et de médecine, comme l’auteur lui-même, cultivant un goût pour le mystérieux et l’irrationnel, Valentin Verne sait en décrypter les codes. Nommé par le préfet à la tête du « bureau des affaires occultes », un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences. Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le seul surnom du Vicaire ? Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ?

Les différents protagonistes ne sont pas aussi lisses qu’il pourrait y paraître et la première impression peut s’avérer trompeuse… Chaque personnage cache, pour un temps au moins, sa véritable personnalité, ou son histoire. Cela permet au récit de rebondir régulièrement et d’accélérer l’action. Valentin par exemple, se découvre petit à petit, à la fois excellent policier, féru de sciences, ami de Vidocq et malgré tout torturé par un passé douloureux.

L’énigme est finalement double : d’abord celle de ces morts qui sont en lien avec des réseaux politiques et qui impactent potentiellement le régime qui peine à se mettre en place face à des antagonistes très virulents, puis celle du Vicaire, cet homme qui séquestre de jeunes enfants et que Valentin recherche depuis si longtemps. Tout est dissocié autant que lié…

Malheureusement, si la première énigme trouve son épilogue à la fin du récit, celle du Vicaire promet de se poursuivre dans le second opus sortir en avril 2022. Il faudra donc livre ce second tome pour en savoir plus sur notre héros et pour savoir s’il arrivera à confondre ce mystérieux et malfaisant personnage qu’est Le Vicaire !

Ce roman historico-policier jette également un regard sur les travaux de Mesmer : le somnambulisme de Puységur, le magnétisme animal ou fluide magnétique, l’hypnose ; et aux premiers travaux psychiatriques : les troubles de la personnalité multiple, renommés aujourd’hui dans la classification psychiatrique, le DSM-IV, comme un Trouble dissociatif de l’identité. L’occulte n’est ainsi jamais très loin : la possession démoniaque du XIXe siècle jusqu’à la dissociation véritable et médiumnique de plusieurs esprits parallèles : un corps, plusieurs vies ! 

En conclusion : La grande et la petite histoire s’entremêlent parfaitement. Les deux intrigues sont très bien ficelées et la fin est surprenante. Avec son rythme soutenu, ses rebondissements, ses révélations savamment distillées, ses personnages tout en nuance, ce roman policier est une grande réussite. Sa lecture est particulièrement prenante et plaisante, ce roman est à remettre entre toutes les mains des lecteurs, les débutants comme les plus corrompus.

Littérairement vôtre, Michelle LEFORT

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