Habitué des comédies bien dialoguées, Emmanuel Mouret s’essaie à la comédie dramatique à costumes avec un talent qui ne se dément pas. Il semble qu’il ait apporté un soin méticuleux au respect des costumes, des décors, de la mise en scène qui donne à sa Mademoiselle de Jonquières une force visuelle et cérébrale incroyable .Car les dialogues sont d’une finesse qui aiguise nos sens, qui nous rend plus intelligents, qui nous donne envie d’aimer la vie. Edouard Baer n’a jamais été aussi sobre face à une Cécile de France incroyable de machiavélisme. Et puis, les seconds rôles, la belle Alice Isaaz ou Laure Calamy, la bonne amie, sont au diapason des premiers rôles.
De quoi parle cette Mademoiselle de Jonquières ? D’une femme blessée, flouée, trahie qui va mettre en place une vengeance implacable. Adapté de Jacques le Fataliste de Diderot, l’histoire parle donc de Madame de la Pommeraye, une jeune veuve, qui cède aux avances après moult refus d’un Marquis des Arcis, un séducteur patenté, qui se lasse vite de cette conquête. Mal lui en prend… Emmanuel Mouret sait s’y prendre avec le vaudeville, avec l’amour, avec la violence des sentiments depuis Caprice ou L’Art d’Aimer ou encore Faites-moi plaisir… et il nous en donne… du plaisir ! Son scénario nous fascine par sa simplicité et son ironie, son phrasé nous séduit par son habileté et sa poésie surannée, ses interprètes nous transportent par leur charisme naturel et leur jeu si charnel.
Mademoiselle de Jonquières est le chef d’oeuvre du cinéma Français de cette année 2018. Ce serait fou de ne pas aller le voir…
Pascal Gaymard