Le Villeneuvois : quelle est votre actu principale du moment ?
Lionnel Luca : En ce début d’année, c’est la préparation du budget de Villeneuve Loubet qui me mobilise. C’est encore plus difficile que l’an passé du fait de l’exonération de la taxe d’habitation qui va concerner 67 % des Villeneuvois (et non pas 80 % comme l’avait annoncé Macron). L’État doit compenser mais nous n’avons aucun élément plus précis. Cela concerne pourtant de nombreux nouveaux locataires.
Le Villeneuvois : quelle priorité outre le budget ?
L. : Le logement. Nous sommes sortis de la carence. Maintenant, il faut construire. Nous avons 5 programmes en cours. Il y a 500 Villeneuvois en attente d’un logement à loyer modéré. Mais je me suis rendu compte d’une tendance que je n’avais pas appréhendée jusque-là : bien des Villeneuvois de 30-35 ans ont été obligés de « s’exiler » à Cagnes ou à Saint Laurent, loin de la commune où ils ont grandi. Et nous observons qu’ils reviennent, grâce aux nouveaux programmes.
Le Villeneuvois : Pourquoi veulent-ils revenir vivre à Villeneuve ?
L. : Dans notre village, il existe encore un mélange de ruralité et d’urbain avec des espaces verts comme le Loup, exceptionnels. Et puis, nous construisons des programmes de qualité, intégrés aux paysages. Nous essayons aussi de favoriser la mixité sociale et générationnelle en privilégiant les couples et les seniors dans un même ensemble. Cela devrait être inscrit dans les textes de loi pour éviter les risques de ghettos. Nous faisons toujours un ratio d’un tiers de locataires pour deux tiers de propriétaires.
Le Villeneuvois : quel type de logements préconisez-vous ?
L. : Nous privilégions des logements de qualité, en les répartissant sur tout le territoire et en rénovant à chaque fois les quartiers, l’assainissement comme les réseaux. Nous créons aussi des bassins de rétention pour dés-inondabiliser les quartiers, des trottoirs, des jardins, ainsi que des pistes cyclables propices aux déplacements doux. Nous changeons le mobilier urbain obsolète pour installer des LED. Nous avons payé jusqu’à 1 million d’euros de pénalités à l’État pour le manque de logements, aujourd’hui, nous en sommes à 540 000 euros. Rendez-vous compte : Villeneuve Loubet a perdu 1250 habitants, entre 2010 et 2014. Nous les aurons retrouvés d’ici 3 à 5 ans. J’ai toujours voulu anticiper les choses et privilégier la sécurité.
Le Villeneuvois : a ce propos, qu’en est-il de la vidéosurveillance ?
L. : En 2018, nous avons installé 5 caméras supplémentaires pour arriver à 70 aujourd’hui. Notre réseau couvre tout le territoire communal, en particulier les quartiers des Maurettes, Vaugrenier, Cabot, Cousteau… Il est tout autant préventif que dissuasif, constituant un élément de sécurité nécessaire mais pas suffisant. Plutôt que de vidéosurveillance, je préfère d’ailleurs parler de vidéo protection.
Le Villeneuvois : en quoi allez-vous embellir les abords de la cité en 2019 ?
L. : Le Parc de la République sera ouvert en plein cœur de la ville au printemps 2019, apportant un jardin d’agrément à proximité de l’Hôtel de Ville. Le Rond-Point du centre village va être totalement refait pour le dédier à Auguste Escoffier avec la mise en évidence de son portrait. Sur celui de la sortie d’autouroute, nous installerons une œuvre de l’artiste Cyril Mendjisky. Embellir la cité est notre objectif premier. Nous sommes candidat aux Rubans du Patrimoine avec la rénovation de l’école Font Bertrane, ses pierres d’origine rehaussées et sa fresque d’art créée par la Compagnie Vincent Ducaroy de Lyon. Nous remettons notre dossier fin janvier 2019…
Le Villeneuvois : Vous évoquez les Ronds-Points. Que pensez-vous du mouvement des Gilets Jaunes ?
L. : A Villeneuve Loubet, j’ai été précurseur des Gilets Jaunes puisque j’ai fait voter une délibération le 8 février 2018 lors de la présentation du Budget en faveur d’une meilleure égalité fiscale sur la CSG, la taxe d’habitation… Cette motion, je l’ai envoyée à tous les maires du département. Seulement deux l’ont reprise. Dommage… Nous avons voté une motion de soutien aux Gilets Jaunes lors du conseil municipal du 29 novembre 2018 en insistant sur le fait qu’à Villeneuve Loubet, la démocratie directe existe déjà ! Grâce à notre Service Allo Mairie et aux réseaux sociaux, nous n’ignorons rien des doléances des citoyens ! De plus, la diffusion du conseil municipal en direct (et en différé) confirme notre lien avec les Villeneuvois.
Le Villeneuvois : qu’est-ce que cette révolte vous inspire-t-elle ?
L. : Pour moi, elle ressemble plus à 1789 qu’à Mai 68. La Gabelle peut être mise en parallèle avec les taxes sur l’essence sous le faux alibi de la transition énergétique. Les Gilets Jaunes ont répondu à un mépris de classe affiché par le président. En 2007, avec Thierry Mariani, nous avions créé la Droite Populaire et déposé un projet de loi sur un Référendum d’Initiative Populaire accessible. Il faut être à l’écoute de tous, être sur le terrain tous les jours. La démocratie directe est une idée moderne et juste. Il faut entendre aussi la révolte de la classe moyenne toujours plus ponctionnée, qui n’a jamais droit à rien car hors tranche, pas dans le barème, pas bénéficiaire par rapport aux planqués et aux assistés.
Le Villeneuvois : et la menace terroriste qui a coïncidé avec l’émergence de ce mouvement ?
L. : La menace terroriste est malheureusement toujours là. Elle existera toujours tant que l’Éducation Nationale n’enseignera pas la République et ses valeurs avec force. Il faut aussi un service national adapté, effectué entre 16 et 18 ans avec comme carotte, la promesse de pouvoir passer son permis de conduire à moindre frais. Recevoir aussi une information professionnelle, intelligente, afin que la démarche ne soit pas vécue comme une perte de temps : je participe à la vie de mon pays, j’acquiers des notions de secourisme, de défense, d’action civique tout en bénéficiant d’un bilan de santé. Ce programme serait encadré par des réservistes et des anciens pompiers, gendarmes policiers…, sans charge supplémentaire pour les corps d’armée. Il faut favoriser la création d’une Garde Nationale dont le but serait d’assurer une éducation citoyenne.
Le Villeneuvois : Faut-il que les maires soient informés des fichiers « S » de sa commune ?
L. : C’est une évidence ! Le contraire est scandaleux ! Nous sommes en tant que maires des officiers de police judiciaire et nous ne sommes pas informés des fichiers « S » résidents dans notre commune ? J’ai défendu le projet de loi de déchéance de la nationalité pour tous ceux partis combattre la France et qui sont des traîtres à la Nation. Ils ne doivent plus avoir aucun droit ni lien avec la France. Il ne fallait pas qu’ils reviennent. Ces 20 000 individus sont des dangers potentiels.
Le Villeneuvois : question récurrente, que pensez-vous aujourd’hui de Macron président ?
L. : Je n’ai pas voté pour lui au 1er comme au second tour… et je m’en réjouis. Je ne demandais qu’à être étonné… Il a été comme je l’avais imaginé, un homme de gauche caviar décomplexée, cette gauche qui méprise le peuple, qui fait les poches aux personnes âgées, qui dit qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du travail. Macron a dupé les Français avec son sourire arrogant, ses impertinences, son insolence propre à ce petit monde friqué et méprisant. Jamais la fonction de président n’a été aussi dégradée ! Le peuple a du bon sens, il mérite le respect… Nous sommes Français et fiers de l’être ! Les médias sont aussi responsables à force de délégitimer les politiques. Il faut bien dire que certains hommes politiques ont participé à ce mouvement. Quand le président s’abaisse à dire, « c’est pas bibi ! », il contribue à cette désacralisation. Les réseaux sociaux font le reste…
Le Villeneuvois : Y-aura-t-il des répercussions sur les élections européennes ?
L. : Ce que nous vivons en France, l’Europe le vit un peu partout, ce mépris affiché envers les Grecs, les Espagnols, les Hongrois et aujourd’hui les Italiens, fondateurs de l’Europe… En 2019, nous fêterons les 30 ans de la chute du mur de Berlin… Qui y pense encore ? Il existe toujours un rideau de fer entre l’Est et l’Ouest érigé par les Macron, Merkel et quelques autres… En diabolisant les ex-pays de l’Est, nous laissons ces peuples livrés à eux-mêmes, eux qui ont subi le fascisme puis le communisme et maintenant le mépris de Bruxelles, la triple peine… De quel droit leur donnons-nous des leçons ? Ces peuples veulent seulement conserver leur identité face aux flux migratoires, le véritable enjeu des prochaines élections du 26 mai.
Le Villeneuvois : Faut-il sortir de l’Europe ?
L. : Bien sûr que non ! Il faut une Europe unie face au dynamisme américain de Trump ou à la Russie de Poutine qui ne doit pas être diabolisée… La Russie est en Europe. Il nous faut de bonnes relations avec lui alors que Trump affiche son isolationnisme. C’est une chance pour l’Europe que les États-Unis se désengagent, il faut que nous construisons enfin notre Europe de la Défense, une politique qui ne peut pas être assumée uniquement par la France maintenant que la Grande-Bretagne a fait son Breixit. Les USA se tournent vers l’Asie : l’Inde, le Japon, et la Chine malgré leur bras de fer, la même tactique qu’ils ont appliquée avec la Corée-du-Nord… Ils ont fait une croix sur l’Europe qui n’est plus qu’un enjeu commercial pour eux.
Le Villeneuvois : et la chine ?
L. : La Chine peut tout se permettre car c’est une puissance économique et aussi la plus grande dictature du monde. Cela ne dérange pas les grands humanistes tel Jean-Pierre Raffarin… La Chine arrête, emprisonne, torture, bafoue les droits de l’Homme… Le seul qui leur fait face est Trump… En France, nous avons des touristes chinois et cela nous suffit, avec quelques contrats commerciaux comprenant des transferts de technologie… Les Chinois achètent l’Afrique et font de même avec l’Europe. Nous n’avons pas de dirigeants au niveau. C’est tout le drame de notre temps.
Propos recueillis par Pascal Gaymard