Décidément, il faut aller au cinéma car les films proposés sont d’une qualité indéniable. Nous en avons retenu deux cette semaine.
Tout d’abord, celui dont tout le monde parle, que tout le monde attendait, que tout le monde espère qu’il fasse un Buzz pour faire revenir les spectateurs dans les salles. J’ai nommé TENET. Le film de Christopher Nolan (Interstellar, Inception, Memento, Batman…) aborde l’un des sujets chers au metteur en scène, l’espace-temps, ses distorsions, ses inversions, ses voyages. Pour comprendre sa nouvelle œuvre, il faut avoir une idée de ce qu’est le carré magique, dit carré SATOR :
S A T O R
A R E P O
T E N E T
O P E R A
R O T A S
Il peut être lu dans tous les sens et surtout il forme une double croix avec les T du TAU et les E de l’Esprit entourant le N du Noûs, le souffle divin, le tout tournant comme la roue du temps, dans un sens ou dans l’autre… Après, TENET reste un excellent film d’action et d’espionnage, emmené par une réalisation de virtuose et orchestré par des comédiens de haut vol : David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki et Kenneth Branagh. Est-ce le film de l’année ? Assurément, l’un des meilleurs que nous avons vus et qui ne manquera pas de vous faire poser bien des questions. Qui cherche trouve…
Dans un tout autre registre, THE PERFECT CANDIDATE nous parle du présent en Arabie Saoudite, du sort des femmes qui ne peuvent rien faire sans leur tuteur masculin, comme voyager… La réalisatrice, Haifaa al-Mansour qui s’était cachée dans une camionnette pour filmer Wadjda a encore fait des prouesses. Entretemps, elle était partie en Grande-Bretagne pour tourner l’excellente Mary Shelley. Elle est revenue dans son pays pour THE PERFECT CANDIDATE car ce film colle parfaitement au vent de réformes qui souffle en Arabie Saoudite via la prise de pouvoir du prince héritier. Nul doute que bien des femmes musulmanes se reconnaîtront dans ce portrait au vitriol d’une société sclérosée où un grand-père refuse que ce soit une femme qui l’opère alors même qu’elle peut lui sauver la vie. Il ne peut même pas la regarder dans les yeux puisqu’elle a laissé au vestiaire l’infamant niqab. L’actrice principale, Mila Alzahrani est d’une beauté fulgurante et son jeu, parfait… comme sa candidature au poste de conseillère municipale. Encore un grand film d’Haifaa al-Mansour qui n’en finit pas d’étonner par la maîtrise de son sujet et la subtilité de ses scénarios, comme de sa mise en scène.
Pascal Gaymard