Depuis UNE AFFAIRE DE FAMILLE d’Hirokazu Kore-Eda, Palme d’Or 2018, le cinéma japonais a changé de registre et de dimension devenue plus sociale. L’INFIRMIÈRE est dans la même fibre. Ichiko, infirmière à domicile, vit une vie a priori sans problème dans une famille qui la considère comme un membre de sa famille. Mais lorsque la cadette de la famille se fait enlever, des soupçons pèsent sur l’infirmière et sa vie va devenir un calvaire. Le réalisateur, Koji Fukada pointe le rôle des médias, véritables vautours de l’info à sensation, mais aussi les manipulations psychologiques, les faux-semblants, les apparences souvent trompeuses… La dramaturgie du film est parfaite, le tempo toujours juste, l’interprétation remarquable notamment Mariko Tsutsui, parfaite dans son ambiguïté, dans ses silences, dans ses non-dits. Elle est à l’image d’un pays où il est important de ne pas faire de vagues, de se fondre dans le moule, de s’excuser pour le tort causé à l’autre. La politesse n’est pas un vain mot au Japon mais elle a aussi ses inconvénients comme le démontre Koji Fukada. Le film pointe aussi les mœurs qui évoluent, les comportements qui changent, les situations sociales quasi désespérées et désespérantes. Bref, L’INFIRMIÈRE est un grand film comme on les aime car vous ne savez jamais où il vous mène. Et si nous étions tous coupables ?
Pascal Gaymard