Le premier jour d’un Festival de Cannes, c’est toujours la course : au badge, au programme presse, au casier, aux docs, et puis toutes ces têtes qui reviennent et que l’on salue avec toujours le même entrain, comme si nous les avions laissés hier… Car entre deux Festivals de Cannes, il n’y a que l’attente… qu’il revienne. On en profite pour trainer au 3ème désormais étage de la presse… On croise une journaliste de France Inter qui nous interroge sur notre pronostic. Pas de langue de bois, j’annonce la couleur, ce sera le Festival de Pedro Almodovar, enfin ! Déjà 5 fois qu’il vient sur la Croisette sans la consécration, 5 fois qu’il l’aurait mérité notamment pour Tout sur ma Mère (1999) ou encore Volver (2006) ou Julietta (2016)… En 2017, il aura été le plus flamboyant, le plus extraordinaire, le plus talentueux des présidents du Festival de Cannes en sacrant The Square, une satire du monde de l’art contemporain alors que son cœur battait pour 120 Battements par minute. Mais il l’a avoué, The Square était le meilleur film en compétition. Alejandro Inarritu aura-t-il le même courage, la même honnêteté, la même volonté en sacrant Pedro Almodovar pour DOULEUR ET GLOIRE, sur les doutes d’un réalisateur si proche du vrai Pedro dans la vie, incarné par Antonio Banderas et Pénélope Cruz, ses complices de toujours ?
Mais pour l’heure, l’ouverture s’est déroulé avec un autre « habitué » de Cannes (Thierry Frémaux déteste ce terme « d’habitué »…), Jim Jarmusch avec THE DEAD DON’T DIE, une histoire de Zombies qui a rassemblé presque tous les comédiens américains…, Bill Murray en tête… Le film de zombie est un genre très codifié, il doit être drôle, non politiquement correct, antimatérialiste et force est de constater que Jim Jarmusch intègre parfaitement tous les archétypes de ce type de film. Une réussite donc, le film étant sorti simultanément dans 600 salles de l’Hexagone. Après, sur la cérémonie d’ouverture elle-même, elle a été parfaitement maîtrisée par un Edouard Baer rompu à ce genre d’exercice. Il a fait preuve encore une fois de sa verve, de son humour, des tacles aussi à Netflix, et a su trouver les mots pour rendre hommage à une grande dame, Agnès Varda. Elle était avec 80 femmes réalisatrices sur les Marches l’an passé avec la présidente du Jury, Cate Blanchett. Aujourd’hui, il y a 14 femmes réalisatrices en sélections officielles, preuve que le délégué général, Thierry Frémaux, a entendu leur appel. Que dire aussi d’Angèle, cette chanteuse belge qui a si bien interprétée Sans Toit pour Agnès Varda, au piano puis avec une orchestration signée Michel Legrand. Le président, Alejandro Inarritu, a donné le ton du Festival: voir les films sans se préoccuper de qui est derrière la caméra, pour sacrer le meilleur, lui qui n’a jamais rien présidé de sa vie, ni un jury, ni dans son foyer, ni sur un plateau de tournage… Après tout ça, il ne restait qu’aux comédiens palmés d’or, Charlotte Gainsbourg et Javier Bardem, a déclaré ouvert le 72e Festival de Cannes…
Retrouvez les photos de Dominique Maurel sur son site.