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Le Festival comme si vous y étiez… épisode 4

par Pascal Gaymard et Véronique Rosa Photos Dominique Maurel

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Jour J + 3 : Vendredi 11 Mai 2018

En préambule, on ne vous a pas dit, mais le réalisateur Russe, Kirill Serebrennikov qui livre avec LETO, un film remarquable sur les débuts du Rock alternatif en Russie n’a pas été autorisé par les autorités judiciaires de son pays de venir à Cannes puisqu’il est assigné à résidence à Moscou… Son équipe, elle, a monté les Marches en brandissant une pancarte à son nom… Et s’il se retrouvait au Palmarès ? Bon, revenons à cette journée de vendredi qui commence particulièrement bien avec une superbe et flamboyante histoire d’amour du polonais, Pawel Pawlikowski, Cold War. Tout en noir et blanc, le film retrace la vie d’une chanteuse/danseuse et d’un musicien/chef d’orchestre dans la Pologne de l’après 2ème guerre mondiale, une époque impossible pour un amour impossible… entre deux âmes sœurs. Joanna Kulig joue Zula, Tomasz Kot, Wiktor…, un couple fusionnel où la passion efface tout, ose tout, provoque tout. En toile de fond, le rideau de fer et le communisme qui fait des gens des mouchards et qui s’immisce dans les vies de chacun pour mieux les briser. De Varsovie à Paris, en passant par Berlin, l’Italie, la Yougoslavie, l’errance n’a qu’un but, se retrouver…

 

Le meilleur peut côtoyer le pire à Cannes comme Arctic avec un Mads Mikkelsen frigorifié dans l’enfer du grand Nord. Répétitif, ennuyeux, et sans relief, le film, même s’il reste une performance dans un tel environnement n’aura pas rallié les voix des spectateurs. Mais le inattendu ratage est venu de là où on ne l’attendait pas, a priori, de Jean-Luc Godard… qui finalement, a décliné l’invitation du Festival. Absence calculée, voulue, dédaigneuse ? Peu importe.

Son Livre d’Image laisse une sensation étrange et dérangeante voire écœurante. Tout commence comme ces derniers films, avec des fragments de textes (qui sont « la seule authenticité possible » selon l’auteur), d’images, de tableaux, de portraits aussi de philosophes et d’écrivains. Le spectateur peut s’amuser à décrypter les extraits des uns et des autres. Mais, très vite, tout dérape. Prenant comme socle de sa démonstration, L’Arabie Heureuse d’Alexandre Dumas, Godard se livre à un enchaînement d’images sursaturées de la nature belle et exaltante avec des plans de guerres avec une incroyable complaisance pour daesh. Pour ceux qui douteraient encore, il livre avec sa voix nasillarde, « je serai toujours du côté des bombes » car elles seraient source de révolution, de changement… A cet instant, le spectateur peut se demander si Godard est devenu sénile ou pas… Lui qui lors de Mai 68 avait voulu se fondre dans le moule et la masse des manifestants, se disant maoïste, le voilà 50 ans plus tard, du côté des terroristes… Finalement, Godard ne serait-il pas le sale type qu’Agnès Varda décrit dans Visages ? Toujours en Compétition, le chinois, Jia Zhang Ke, Prix du Meilleur Scénario en 2013 avec l’excellent, A Touch of Sin, revient avec Les Eternels, un film sur la pègre qui est bien inférieur à celui qui lui avait valu un Prix à Cannes. Mais sa femme, l’actrice, Zhao Tao, illumine le film de sa classe, de son naturel, de sa beauté. Elle se positionne avec ce rôle de Qiao, comme une possible prétendante aux côtés d’Irina Starshenbaum (la Natacha de LETO), ou de Joanna Kulig (la Zula de Cold War)… Parmi les autres sélections, notons L’Ange, un premier film de l’Argentin, Luis Ortega, produit par Pedro et Alfonso Almodovar, présents dans la salle lors de sa présentation en soirée du film. Cette histoire vraie sur le plus célèbre psycho-killer Argentin dans les années 70 est une vraie réussite et révèle un jeune acteur, Lorenzo Ferro dans le rôle du tueur, Carlitos, aux côtés de Chino Darin, son complice, le propre fils de Ricardo Darin venu lui aussi en personne pour soutenir son rejeton qui a tout l’avenir devant lui. Bon sang ne saurait mentir…

Photo de l’équipe du film Cold War