A la fin du XIXème siècle, la mairie-école de Villeneuve Loubet, place de Verdun, ainsi que l’établissement destiné à l’instruction des filles, n’arrivent plus à accueillir une population de jeunes villeneuvois en constante évolution. Décision est prise par le maire de l’époque, Pierre Marcellin Layet, de bâtir une école au bord de la RN85 qui traverse le village. C’est toute une région qui participe à la construction de l’édifice : pierres et moellons issus des meilleures carrières de Roquefort et de Vence, plâtre de Chateauneuf et Mougins, canalisations en terre cuite de Vallauris, sable provenant du lit du Loup, tuiles de Marseille, tomettes de Salernes… Première véritable école publique laïque de la commune, Font Bertrane voit le jour en novembre 1908. A cette époque l’établissement compte deux classes (garçons-filles) et les instituteurs sont logés à l’étage.
Une fresque éblouissante
110 ans plus tard, après bien des tempêtes, au sens propre comme au figuré et l’apparition d’écoles plus modernes, la porte du temps s’ouvre à nouveau sur ce patrimoine hérité de toute une jeunesse villeneuvoise. « L’édifice qui, pendant près d’un siècle, a accueilli l’école communale, méritait un sérieux « lifting », confie le Maire historien Lionnel Luca, particulièrement attaché à la conservation du patrimoine. Avec lui, les vieux bâtiments prennent des couleurs (cf. le bâtiment de la police municipale, ancienne gare de tramway, ou l’ancienne mairie annexe du quartier des Deux rives) et leurs façades sortent de l’oubli. Après 4 mois de travaux, celles de Font Bertrane, suprême récompense, révèlent même des pierres de taille d’origine qui avaient été dissimulées sous le crépi ! Pas moins de 5 entreprises se sont associées au service Travaux de la commune pour offrir une nouvelle jeunesse aux façades est, ouest et nord. Montant total : 144 958,17 €. Le pignon est de cet ensemble architectural a également fait l’objet d’un financement participatif à hauteur de 32 000 € (récoltés auprès de particuliers, entreprises, associations, agents communaux..) pour la réalisation d’une fresque en trompe-l’oeil, disons-le… éblouissante ! Issus de l’école lyonnaise des peintres muralistes, quatre jeunes artistes, dirigés par le talentueux Vincent Ducaroy ont symboliquement fait revivre l’école d’autrefois, représentant notamment l’instituteur Jean Crabé Bonnaserre qui officiait en classe de fin d’études.
La malle à souvenirs
Conseiller municipal délégué au patrimoine et ancien élève de Font Bertrane, René Torto témoigne : « Cette école Font Bertrane est notre malle à souvenirs. Nous entrions au cours préparatoire, à l’emplacement actuel de la police municipale, puis nous traversions la rue en fin d’année pour entrer en classe de CE1 – CE2 chez Madame Saudon, où l’on commençait à apprendre l’histoire. Je me souviens particulièrement de la phrase de morale inscrite chaque jour au tableau, comme par exemple « qui vole un oeuf vole un boeuf »…. C’était une époque où l’on devait saluer dans la rue et se découvrir devant le maître. Pas question de garder une casquette sur la tête. L’instituteur représenté sur la fresque, Monsieur Crabé, avait d’ailleurs un bambou pour nous signifier d’une légère tape sur le cuir chevelu quand nous dépassions les limites. Nous n’en étions pas traumatisés ! » s’amuse-t-il aujourd’hui. Font Bertrane ou l’aboutissement d’un projet collectif généreux qui embellit définitivement l’entrée de ville de Villeneuve Loubet. « Nous avons réussi la prouesse de faire revivre le passé en interpellant visuellement les nouvelles générations, conclut René Torto. En plus d’être esthétique, cette fresque animée aura le mérite chaque jour de nous faire revisiter un pan de notre mémoire ».