Il s’est prêté au jeu de l’interview avec un autre journaliste bien connu, Bernard Persia, qui l’a interrogé sur tous les sujets d’actualité et sur la prochaine sortie (NDLR : le 23 octobre) de son dernier livre, « Voyage dans la France d’Avant ». Retours sans tabous, ni langue de bois…
Bernard Persia : Vous observez la vie politique française depuis 50 ans. On est chez les fous ?
Franz-Olivier Gisbert : On peut le croire. Je viens de l’aéroport avec 1 heure de retard à cause des Aiguilleurs du ciel qui posent un problème de corporatisme… L’Homme n’est pas grave sur le plan institutionnel. Aujourd’hui, il faut de l’intelligence et du courage. Or, sans le courage, il n’y a pas d’intelligence. Quand un chef de l’Etat perd les élections législatives et qu’il lui manque 38 députés pour avoir un semblant de majorité relative, il n’y a pas 36 solutions, il faut les trouver soit au PS, soit chez les LR… Nous n’aurions pas cette crise s’il avait fait preuve d’un tant soit peu d’humilité. Mélenchon n’est pas un interlocuteur valable, il veut arriver au pouvoir par la révolution. L’accord entre la Macronie et LFI pour faire barrage au RN a été orchestré par Gabriel Attal qui, lui, dit qu’il n’avait pas été informé par Emmanuel Macron… La politique est devenue nauséabonde…
BP : Pourquoi ?
FOG : Je prends un exemple. Mitterrand perd les élections législatives en 1988, il prend immédiatement des centristes au gouvernement. Macron est infantile, il n’a pas les épaules assez larges pour le poste de président de la République. Chirac ne foutait rien, il était dépressif car tout le monde l’avait trahi hormis quelques-uns comme Juppé ou Debré. Mais il avait de la modestie, de l’humilité, de l’humour aussi. Il était à l’écoute, il saluait tout le monde. Un jour de 1995 dans les couloirs de France Inter à 8h du matin, il avait croisé une femme de ménage, il avait pris le temps de lui parler… Reagan était un peu comme ça. Ce serait inimaginable aujourd’hui…
BP : Qu’est-ce qu’il vous fait dire ça ?
FOG : Macron a été élu grâce aux juges qui ont mis en examen François Fillon quelques jours avant le 1er tour ce qui a faussé l’élection. Le syndicat de la magistrature a son siège à Marseille, Macron aime Marseille et l’OM… Ils ont fait le même coup à Martine Lassalle (LR) à la mairie de Marseille. La justice, une partie, est aux mains de l’ultra-gauche partisane. Il faudrait que les juges soient élus au suffrage universel comme aux Etats-Unis. La loi sur l’immigration a été rejeté par les juges au nom de l’article 45 de la Constitution qui dit exactement le contraire et qui autorise les dits amendements. Moi, je ne m’habitue pas à cette justice… L’exécution provisoire pour Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy est une honte.
BP : Que pensez-vous de la situation actuelle ?
FOG : Le vrai sujet, c’est la désindustrialisation et la fiscalité énorme qui pèse sur les Français et les entreprises. On est le pays le plus taxé du monde. En France, 60% des emplois ont été délocalisés, 20% en Allemagne à titre de comparaison… La politique française a été faite par des lâches ! Nous avons 7 milliards d’€ de fraude fiscale et que faisons-nous pour y remédier ? Rien ! L’accord de 68 avec l’Algérie nous coûte 2 milliards d’€/an et que faisons-nous face à un pays qui nous insulte tous les jours ? Rien ! On n’est plus gouverné ! Macron laisse tout filer…
BP : Que faut-il faire pour sortir de cette crise ?
FOG : Il faut passer à autre chose. Il doit s’en aller mais n’est pas le Général De Gaulle qui veut. Il a tout raté, il a endetté la France comme jamais en faisant plus de 1100 milliards d’€ après le covid. Sur l’immigration, en 2024, selon les chiffres officiels de l’INSEE, il y aurait eu 486 000 clandestins arrivés en France et aucune structure pour les accueillir… A 13 ans, j’étais Algérie Française pour « emmer… » mon père. Quand De Gaulle arrive en 1958, l’inflation est à 15%, la guerre civile menace. Deux ans plus tard, la croissance est de + 5 à 6%… Le PS et LR vont regretter d’avoir rallié la Macronie. La dissolution ne solutionnera rien, le problème, c’est Macron, il doit démissionner. Il est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il humilie tout le monde en permanence… Il focalise les haines.
BP : Le clivage droite/Gauche existe-t-il encore ?
FOG : Aujourd’hui, les lignes ont bougé. L’extrême gauche est devenue islamophile. Mélenchon joue le communautarisme et cherche à opposé les Immigrés aux Français de souche, les banlieues aux autres. Il joue ses propres intérêts jusqu’à devenir raciste et antisémite. C’est un bon stratège. La manifestation contre l’islamophobie qui a été pilotée par les Frères Musulmans a rassemblé 13 000 personnes là où les organisateurs attendaient plus de 300 000 manifestants…
BP : Est-ce que tout est perdu ?
FOG : Je ne le pense pas. Rien n’est foutu. Il faudra beaucoup d’énergie pour que l’armée, l’éducation, l’université se retrouvent. En finir avec les lâchetés, avec les passions tristes françaises. J’ai un amour mystique pour la France d’où ce livre, « Voyage dans la France d’avant » qui se veut un hymne à la beauté, au talent, à la force de ce pays qui a toujours su se relever. Il faut y croire.
Propos recueillis par Pascal Gaymard