Le maire de Tende, Jean-Pierre Vassalo, est complètement désespéré et se bat tous les jours contre la fatalité de la nature et du monde.
La haute Roya coupée du monde
« Nous n’avons toujours pas d’eau potable. Seulement de l’eau non contrôlée d’une source, deux heures le matin et deux heures le soir ». Aujourd’hui, plus d’hélicos, plus d’armée, plus de routes… Les habitants sont à l’image de leur maire, ils se sentent abandonnés. Après une visio-conférence avec le préfet, Xavier Pelletier, il espère revoir le service du génie de l’armée pour désenclaver la Roya. « Il faut refaire les ponts… La seule route menant à St Delmas-de-Tende s’est fissurée, j’ai dû la fermer momentanément ce lundi ». Pour l’eau, la population vit sur les réserves laissées par l’armée et l’approvisionnement par la draisine, en provenance de Breil-sur-Roya, un wagon vitré à plateaux. Il y a aussi le train des voyageurs qui arrive à la gare de St Delmas-de-Tende. « Le débarquement des rares marchandises se fait dans des conditions difficiles… Elles sont acheminées ensuite par minibus par la seule route qu’il nous reste, reliant St Delmas-de-Tende à Tende ».
Le retour de l’armée, une priorité !
Et il ajoute : « Les gens sont exaspérés ! Ils font la queue pour avoir de la nourriture, ils ne voient pas d’avenir… Pour avoir une nouvelle route, on nous dit qu’il faudra 4 ans. Quid de l’école, des soins… Nous avions tout, maintenant, il n’y a plus rien. Quand les projecteurs de l’actualité vont s’éteindre, nous serons livrés à nous-mêmes avec la neige qui va arriver… ». Même pour le pharmacien, cela devient difficile d’avoir des médicaments. « Nous avons subi un bombardement ! Pourtant, il faut nous accrocher. On trouvera des solutions. Il nous faut le retour de l’armée, des hélicos, des trains de voyageurs mixtes avec des plateaux… Aujourd’hui, il faut 4 semaines pour qu’un train arrive à St Delmas… Quant à l’eau potable, elle ne sera remise que le 15 novembre, dans 3 semaines ». Dans l’immédiat, le maire de Tende va demander au préfet à être classé en zone franche… Plus que jamais, la haute Roya est en danger, il faut une mobilisation totale.
Sébastien Olharan maire de Breil-sur-Roya : « 4000 habitants en détresse »
Le maire de Breil-sur-Roya, Sébastien Olharan, ne fait que renforcer ce que dit son collègue de Tende : « La haute Roya est isolée sans route, sans hélicos maintenant depuis 3 jours, soit 4000 habitants dans la plus grande détresse ». Sans pont aérien et le désengagement de l’armée, les problèmes d’approvisionnement vont devenir préoccupants surtout avec l’arrivée de l’hiver. « À Breil, nous avons des quantités non négligeables d’eau et de nourritures mais il est très difficile de les acheminer vers les communes de la haute Roya. 11 ponts et des kilomètres de route ont été détruits ». Dans les gorges de Paganin, à St Delmas-de-Tende, il n’y a plus rien, la route a disparu. « Le fret par l’Italie n’est toujours pas autorisé, seul le trafic des voyageurs est aujourd’hui toléré. Dans l’immédiat, l’armée doit revenir. C’est incroyable qu’en 1945, nous ayons pu remettre les routes en état que 70 ans plus tard, nous n’en sommes plus capables. L’armée doit remettre les ponts en état ».
Propos recueillis par Pascal Gaymard