Charismatique et discret à la fois, il a su conquérir le public par son talent, son élégance et son intégrité.
Des rôles devenus iconiques
Révélé dans les années 1960, Redford accède rapidement au rang de star mondiale avec des films tels que La Poursuite Impitoyable (1966), Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969) et L’Arnaque (1973), couronné par l’Oscar du meilleur film. Dans les décennies suivantes, il s’impose dans des rôles marquants comme Les Hommes du Président (1976) ou Les Trois Jours du Condor (1975). « Il incarnait l’Amérique idéale, celle qui cherchait la vérité avec détermination », a confié le réalisateur Alan J. Pakula, qui l’avait dirigé dans Les Hommes du Président. A l’époque, il est en concurrence avec un autre beau gosse du cinéma US, Paul Newman. Leur duo dans L’Arnaque fera du film un grand succès… tout comme dans Butch Cassidy et le Kid…
Un réalisateur oscarisé
Dans les années 80, il dénoncera dans Brubaker (1980), l’univers carcéral US avant de passer derrière la caméra pour réaliser, son premier film, Des gens comme les autres (1981). Robert Redford remportera l’Oscar du meilleur réalisateur. Un succès qui le propulse comme cinéaste respecté. « Avec Redford, chaque détail comptait. Il dirigeait avec un mélange de rigueur et de douceur, cherchant toujours la sincérité dans chaque scène », se souvient l’actrice Mary Tyler Moore, vedette du film. Il tournera ensuite, Milagro (1988), Et au milieu coule une rivière (1992) avec une citation aux Golden Globes, et Quiz Show (1994) ou La Légende de Bagger Vance (2001). Le succès n’est pas toujours au rendez-vous…
L’artisan du cinéma indépendant
Pour soutenir les jeunes réalisateurs, il fonde le Festival de Sundance qui va très vite devenir une référence mondiale. Robert Redford transforme en profondeur le paysage du cinéma américain. « Sans lui, je ne serais probablement pas devenu réalisateur », a déclaré Quentin Tarantino, dont le premier film, Reservoir Dogs, a été révélé par Sundance. Euzhan Palcy ne dit pas autre chose, affirmant que c’est lui qui l’a convaincu, après Rue Case-Nègre (que Redford a adoré), de venir tourner à Hollywood. Pour Steven Soderbergh, autre talent révélé au festival, « il a ouvert une porte aux cinéastes indépendants et ne l’a jamais refermée ».
Un engagement citoyen
En dehors des plateaux, Robert Redford s’est illustré comme défenseur de l’environnement et de la liberté d’expression. « Il ne faisait pas que parler, il agissait », a souligné Jane Fonda, son amie et partenaire de jeu à plusieurs reprises. Pour elle, « Robert était un artiste, mais aussi un homme debout, toujours fidèle à ses convictions ». L’écologie était au centre de ses préoccupations comme dans Jeremiah Johnson (1972). Il a utilisé la notoriété de chefs d’œuvre devenus cultes tels que Out of Africa (avec Meryl Streep en 1985), ou Havana (1990) toujours sous la direction de Sydney Pollack, pour faire avancer ses idées. Même vieillissant, il sera toujours l’éternel séducteur de l’Amérique avec Proposition indécente (1993) aux côtés de Demi Moore, ou encore L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998) où il séduit Kristin Scott Thomas.
Un héritage indélébile
Dans les années 2000, il semble passé de mode… Ses films, Spy Game (2002), Le dernier château (2002), L’Enlèvement (2004), Une vie inachevée (2005) ne font guère recettes… En 2007, il reviendra à la réalisation pour diriger Tom Cruise et Meryl Streep dans Lions et Agneaux. L’une de ses dernières apparitions marquantes sera celle d’un marin dans All is lost de JC Chandor en 2013. Il fera des apparitions dans Captain America ou The Avengers voire Truth de Cate Blanchett. Avec Robert Redford disparaît bien plus qu’un acteur : Hollywood perd un symbole d’intégrité et d’élégance. « Redford a prouvé qu’on pouvait être une star et rester un homme engagé, intègre et généreux », a résumé Martin Scorsese. Son héritage, à travers ses films, son travail de réalisateur et le Festival de Sundance, continuera d’inspirer des générations entières. Il ne reste aujourd’hui plus que Clint Eastwood…
La Rédaction