Les mots de Jean-Michel Jarre
C’est à l’hôpital de Brest où il avait été admis le 26 mars dernier en réanimation à cause d’une maladie pulmonaire liée au coronavirus que Christophe est décédé ce jeudi à l’âge de 74 ans. Combien de couples se sont formés sur ses chansons, combien de boums nous ont permis d’emballer une fille en lui susurrant à l’oreille « Aline », « Les Mots Bleus » ou encore « Les Paradis Perdus » ? Il était entré dans nos têtes et beaucoup se réjouissaient de le retrouver au Grand Rex à Paris fin mars pour son dernier concert… Il n’a pas eu lieu et l’homme aux santiags de cow-boy qui adorait le cinéma américain tout autant que les films italiens, nous a joué un sale tour. Tout ça à cause de ce maudit virus qui empêche ses proches de lui faire un dernier hommage comme Jean-Michel Jarre, son parolier de ces deux albums mythiques où l’on retrouve sur l’un « Les Paradis Perdus » (1973) et sur l’autre, « Les Mots Bleus » (1974). Dans sa première réaction, il a avoué « perdre un membre de ma tribu ». C’est lui qui l’avait mis en scène lors de son premier Olympia où Christophe jouait du piano en l’air sur « Emporte-moi ». Jean-Michel Jarre témoigne encore de ce soir de 2015 où il venait de terminer ensemble un morceau alors que Paris pleurait les morts du Bataclan, tombés sous les coups des attentats terroristes islamistes, « un souvenir fort », dit-il. Christophe, c’était la Méditerranée, la mer, un cri, « Aline » (1965) qui hante toujours des générations.
Adulé par la profession…
Un personnage aussi au look unique, un fantaisiste qui aimait la nuit passionnément jusqu’à la passer blanche pour un accord, un son, un mot d’une de ses chansons en studio ou encore lors de parties de poker dont il était si friand. Mais c’était aussi le jour, les amis, l’apéro, la pétanque sous le soleil du Sud. Les voitures rapides, les soirées, la fête, un homme qui savait s’amuser et vivre. Ses yeux d’un bleu profond, ses cheveux longs, ses lunettes rondes fumées bleues, sa moustache, son air de dandy ont participé à sa légende de son vivant. « C’était plus qu’un chanteur, c’était un couturier de la chanson » a dit encore Jean-Michel Jarre. Pour tout le « métier », c’est un peu « une part de l’âme de la chanson française qui s’en va », ce qu’a bien résumé le ministre de la Culture, Franck Riester. Récemment dans ses derniers récents albums « Christophe, etc », volumes 1 et 2, sortis l’an passé, il s’était adjoint des noms comme Étienne Daho, Camille, Sébastien Tellier, Arno, Lætitia Casta, Jeanne Added ou encore Philippe Katerine pour la reprise d’« Aline »… Ses derniers temps, il s’était remis au travail et voulait sortir un album de 10 titres… Sa veuve, Véronique Bevilacqua, après avoir remercié le personnel soignant pour leur dévouement, a déclaré : « Ses forces l’ont abandonné. Aujourd’hui, les mots se lézardent … et tous les longs discours sont bel et bien futiles« . À son épouse et sa fille Lucie, le groupe Le Petit Niçois leur transmet toutes nos plus sincères condoléances. Nul doute que Christophe a rejoint son Paradis Perdu…
Pascal Gaymard