Il en va des génies du 7ème Art comme d’un bon vin, plus il vieillit, plus il s’améliore. Quand les spectateurs ont découvert Whiplash, nul doute que tout le monde s’accordait à dire que Damien Chazelle avait fait un coup de maître. Mais après La La Land, plus personne ne pouvait ignorer que nous avions là un grand metteur en scène. Aujourd’hui, avec son 3ème film seulement, First Man, le premier homme sur la Lune, c’est d’un génie qu’il faut parler, de la graine des Francis Coppola, Martin Scorsese, ou encore Steven Spielberg qui produit d’ailleurs ce film… Le hasard n’existe pas. Nous sommes en 1961, Neil Armstrong est un pilote d’essai (on pense à L’Étoffe des Héros) qui multiplie les incidents tout en s’en sortant toujours, il sera tout de même pressenti pour être du programme Apollo 11 sensé amener le premier homme sur la Lune. Pour les scènes dans l’espace, là encore Damien Chazelle excelle (on pense à 2001 L’Odyssée de l’espace ou Gravity). Mais si la réalisation touche au sublime, le film doit beaucoup aussi à un Ryan Gosling plus taiseux que jamais et visiblement plus doué pour côtoyer l’atmosphère terrestre que pour parler à sa femme ou à ses enfants. Et justement, sa femme, claire Foy dans le film est juste exceptionnelle en émotions rentrées, en responsable d’un foyer au bord de la crise de nerfs. Les allers-retours voire les flashbacks surtout avec leur fille Karen partie trop tôt d’une tumeur au cerveau, démontre toute la complexité d’une âme et d’un esprit humain. Sans toutes ces épreuves, Neil Armstrong/Ryan Gosling aurait-il pu faire face avec tant de sérénité à des situations que personne n’avait vécu avant lui ? Nul doute que le film est en route pour les Oscars avec à la clé, une belle moisson de statuettes…
Pascal Gaymard