Film fantastique qui reprend l’œuvre de 1957 de Jack Arnold, ce film ovni a bénéficié d’une présentation au cinéma Jean-Paul Belmondo (un acteur cher au cœur de Jean Dujardin) avant un débat au Pathé Masséna. Retours sur des échanges chaleureux et instructifs sur une équipe d’artisans du 7ème Art.
L’Antibois : Des retrouvailles pour tous les trois ?
Jan Kounen : Oui, la Côte d’Azur, c’est une partie de ma vie avec notamment la Villa Arson où j’ai fait 5 ans d’études. J’ai toujours présenté mes films ici ce qui me permet de revoir mes amis et ma mère qui habite toujours Grasse. Et Jean (Dujardin) après 99 FRANCS et bien des projets avortés…
Jean Dujardin : Pour moi, c’est la ville où tout a commencé avec BRICE DE NICE… Alors, bien sûr, j’ai un attachement particulier. J’ai tourné en 2010 aussi UN BALCON SUR LA MER de Nicole Garcia avec Marie-Josée Croze… Pour 99 FRANCS, nous avions fait une sacrée soirée en septembre 2007 sur la plage du Beau Rivage après le débat déjà au Pathé Masséna.
Marie-Josée Croze : Je me souviens de la Promenade des Anglais avec Jean (Dujardin) pour UN BALCON SUR LA MER…
LA : Comment vous êtes-vous retrouvé ?
JK : Grâce à Jean. C’est lui qui nous a réunis.
JD : J’ai challengé Alain Goldman (NDLR : Producteur de 99 Francs). Achète les droits de L’Homme qui Rétrécit, et je ferai le film. Cela lui a pris un an et demi. Avec qui comme réalisateur ? Jan Kounen. Et comme partenaire ? Marie-Josée Croze. Voilà, il a dit oui à tout et nous voilà.
LA : Un challenge difficile ?
JD : Pour la faisabilité, on a dit : Jan à toi de jouer ! (Rires).
JK : Le challenge a consisté à réadapter le roman tout en s’appuyant sur le film qui avait été scénarisé par Matheson, l’auteur du livre. C’était un vrai défi technique, car nous avions peu de temps. Comédiens sur fond bleu, caméra mobile, l’équipe et les acteurs se sont retrouvés dans un monde qui… s’agrandit. Nous avons utilisé le procédé de motion control où nous refaisons sur ordinateur un mouvement de caméra déjà enregistré pour obtenir un tout petit mouvement. C’est un vrai film fantastique, j’en rêvais. On ne fera plus de films comme ça dans le futur, c’est l’IA qui planifiera tout le film…
MJC : Toutes les scènes avec Jean quand il est tout petit, je devais les imaginer… Cela nous rend très humbles, mais c’est laborieux. Jean et Jan sont restés 6 à 7 semaines seuls dans la cave… Quel courage !
LA : Comment doit-on aborder ce film ?
JD : C’est une histoire simple. Ce clou devient son Excalibur pour survivre. J’ai de la compassion pour ce personnage. J’aime prendre des risques dans la vie professionnelle, pas dans ma vie perso. C’est un film physique, il fallait être essoufflé, on le ressent dans son corps. J’ai qu’une chose à dire au spectateur, laissez-vous faire…
JK : Par rapport au film précédent, nous avons repris le personnage de la jeune fille du héros, Paul. On a ce rapport d’échelle grâce à elle. Les rôles enfant/adulte sont inversés. C’est l’impermanence des choses, un mouvement, que l’on ne perçoit pas au quotidien. Il y a une dimension initiatique, mystique, mystérieuse dans ce film.
MJC : J’ai été traumatisé par le film de 1957 que j’ai vu lorsque j’avais 7/8 ans. Après, j’ai dû le revoir 15 fois. Quand j’ai rencontré Jan, je lui ai dit ma passion pour ce film, il avait la même approche, lui aussi avait vu le film plusieurs fois… Il y a une tension dans tous les plans. Mon personnage est sombre, pas le film qui parle de la permanence de la vie. On vieillit, on évolue… je n’ai pas de problème avec ça, ni avec la douleur.
JD : C’est un film pour toute la famille.
JK : On peut le traverser comme on veut. Lors de la projection au Grand Rex, sur un écran de 24m, j’ai vu des choses extraordinaires. Il faut un gros son, un grand écran pour mieux apprécier le rapport d’échelle.
LA : Quid d’Alexandre Desplat pour la musique ?
JK : Je ne voulais pas de lui à cause du budget. Mais lorsqu’il a parlé du film, comment il l’avait ressenti, j’ai su qu’il fallait que ce soit lui qui fasse la musique. Il l’a faite juste avant Frankestein.
JD : Leur rencontre a été magique, géniale, un joli mariage.
LA : Quelques mots sur le chat et l’araignée ?
JD : Le chat, c’est une star. Il a déjà fait 6 longs métrages ! Pour l’araignée, c’était celle que l’on trouve dans les maisons de campagne. J’ai imaginé me trouver devant un ours dans les Vosges ou un lion dans la savane.
JK : Il a fallu lui apprendre à jouer avec certaines choses, car un chat ne fait que ce qu’il veut. Il fallait qu’il s’amuse. Pour l’araignée, il y a eu une multitude de dresseurs. Cela a été un travail long et difficile.
LA : Est-ce un drame ou une comédie dramatique ou un conte ?
JK : C’est un peu tout à la fois. À Strasbourg, lors du festival du film fantastique, j’ai vu des gens rire dans la salle, car le film est surréaliste par moments, il flirte avec l’absurde.
JD : Quand il plonge dans l’aquarium et qu’il sourit sous l’eau, c’est parce qu’il est bourré. Il a bu une goutte d’alcool et vu sa petitesse, cela a suffi pour qu’il prenne la plus grosse cuite de sa vie… Mais il parvient à nourrir encore le poisson, il est donc encore utile.
LA : Quels projets ?
JD : Je vais revenir à Nice en 2026, d’avril à juin pour tourner le film du Niçois, Cyril Gelblat, MONTAGNES RUSSES, sur les amours d’une femme et d’un prof d’histoire de l’Art bipolaire.
JK : L’Homme qui rétrécit film sort le 22 octobre. Je sais que c’est un ovni qui peut convaincre le plus grand nombre. Un film exigeant dans lequel il faut s’abandonner.
MJC : Dans une semaine, je commence un autre tournage, j’avais envie de venir pour cette avant-première à Nice, une ville et une région que j’adore.
Propos recueillis par Pascal Gaymard