Accueil À la Une CINÉMA – DIAMANT BRUT : les affres de la téléréalité…

CINÉMA – DIAMANT BRUT : les affres de la téléréalité…

Réaliser dans la Région Sud PACA mais principalement à Fréjus dans le Var, DIAMANT BRUT est le 1er film d’Agathe Riedinger.

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Elle était à Nice au Pathé Gare du Sud pour une avant-première accompagnée de son actrice principale Malou Khebizi et de son interprète originaire de Nice, Léa Goria. Elles se sont livrées aux questions du Petit Niçois avant la sortie en salles du film, le mercredi 20 novembre prochain.

Le Petit Niçois : Quel était votre but avec DIAMANT BRUT ?

Agathe Riedinger : Je voulais faire un film sur ces jeunes femmes qui veulent être connus et qui se brûlent les ailes dans les émissions de téléréalité. Mon désir le plus profond, c’était de leur rendre leur dignité à ces femmes qui doivent toujours être belles…

LPN : Malou, pouvez-vous vous présenter ?

Malou Khebizi : J’ai grandi à Marseille mais j’en suis partie à 14 ans. Cela a été un bouleversement. Mon papa prenait des cours d’improvisations, il m’a initiée au jeu d’une manière très ludique. Je ne me suis jamais projetée comme actrice. Ce n’était pas un projet stable à mes yeux. Je suis bien éloigné du personnage de Liane dans le film… J’ai arrêté ces ateliers et je suis parti à Lyon où j’ai dû faire des jobs alimentaires. Lorsque j’ai appris qu’un casting sauvage était organisé dans le Var pour DIAMANT BRUT, j’ai envoyé sans trop y croire, une vidéo. Huit mois après, on m’a appelé pour me dire que c’était OK. Je n’avais pas beaucoup d’infos sur le personnage hormis que c’était une jeune fille du Sud entre 18 et 21 ans et qu’elle devait avoir un fort caractère, qu’elle était déterminée

LPN : Quelle a été votre source d’inspiration ?

AR : La série Les Marseillais, bien sûr et toutes les émissions parallèles comme les Anges mais pas la Star’Ac ou The Voice qui sont des radios crochets et qui ne correspondent à l’histoire que je voulais raconter. Nous avons vu 3 à 400 candidates, l’équipe en a rencontré une centaine, et moi, une soixantaine. Le Sud était une évidence car cela donne une authenticité au film. Fréjus a des décors intéressants et dispose d’une lumière magnifique. Il fallait que Liane vienne d’une ville plus petite que Marseille. Nous avons eu aussi quelques scènes à Grasse, à Mougins, à Nice, à Cannes La Bocca, ou encore à St Laurent-du-Var…

LPN : Malou, qu’avez-vous de Liane ?

MK : Son physique, sa volonté, son caractère, sa pugnacité, ma constante révolte contre les injustices, mon envie d’être aimée. Mais nous n’avons pas du tout les mêmes goûts. C’est cela qui a été le plus difficile, adopter ses codes à elle. Liane veut qu’on la regarde, pour elle, c’est une question de vie ou de mort. Ses habits, son maquillage, son attitude, elle fait tout pour être remarquée. Quand j’ai enfilé ses habits, ses chaussures, son maquillage, cela est devenu plus simple, je l’ai comprise.

LPN : Agathe, Liane est quoi ?

AR : Une demi-mondaine, une icône, comme Liane de Pougy, une courtisane de la Belle époque… Elle veut être adorée, se faire une place dans le monde, être riche, user de sa beauté pour y parvenir. Elle veut choquer par le regard sur elle. Mais je n’ai pas imposé à Malou, un modèle. Je voulais qu’elle se construise son personnage. Elle incarne une jeune femme universelle. Et surtout pas Loanna qui était loin des réseaux sociaux actuels. La téléréalité est un milieu très violent…

LPN : Est-ce que cela a été facile de convaincre une production sur ce thème ?

AR : Cela n’a pas été compliqué. Mais il nous a fallu 7 ans dont 4 ans d’écriture. Le regard sur moi a changé après mon court métrage, « J’attends Jupiter », produit en 2017 et qui abordait déjà le thème avec l’histoire de Liane. Ma priorité était de faire ressentir tout l’amour que je portais à Liane. Je n’ai jamais douté de mon sujet… Je crois que le film est arrivé au bon moment. Le regard des autres m’indiffère… Il m’a fallu convaincre les partenaires…

LPN : Justement, côté partenaires, est-ce que les aides de la Région Sud PACA et du Département 06 ont été déterminantes ?

AR : Oui, tout à fait. C’est des aides importantes, elles m’ont apporté une reconnaissance, une ouverture de bras XXL. Ils ont compris que je voulais me défaire des clichés, ma tendresse aussi envers mes personnages.

LPN : Quelles sont vos influences en tant que cinéaste ?

AR : Un critique m’a traitée de « petite fille des Dardenne ». Ça m’a vraiment fait plaisir. Je trouve ça hyper flatteur. Il est vrai que ROSETTA est un film magnifique qui m’a beaucoup inspiré pour réaliser DIAMANT BRUT. Liane et Rosetta ont la même énergie, la même fougue, le même tempérament. Après j’aime bien SANS TOIT NI LOI et le personnage de Sandrine Bonnaire ou la réalisatrice, Andrea Arnold.

MK : Je n’ai pas vu ROSETTA, j’ai des lacunes à combler en matière de filmographie. J’y travaille… Je sens que j’ai beaucoup de points communs avec elle mais Agathe (Riedinger) m’a laissé libre de mes choix.

LPN : Parlez-nous de votre sélection au Festival de Cannes ?

AR : Longtemps, je n’ai rien su. Une semaine avant la conférence de presse du 11 avril, rien… La veille, à 10h, 12h, après-midi, 20h30, RIEN ! Je me suis dit, ils m’ont oublié… Mon ami, Julien Colonna (NDLR : réalisateur du ROYAUME vu à Un Certain Regard) est pris dans la sélection officielle, Un Certain Regard. Je suis à la terrasse d’un café un soir de match de foot. Ma productrice m’appelle toutes les 2mn… A 23h, elle m’appelle pour la énième fois et me dit : « C’est bon mais ce n’est pas ce que tu crois (NDLR : Semaine de la critique pour les 1ers films ou Un Certain Regard), tu es en Compétition Officielle ! Mon amie a filmé la scène, je crie : « C’est une blague ! ». Je hurle, tout le monde croit que c’est à cause du match… Après, ce sont des milliards de coups de fil… Je prends un taxi et à la radio, il y a la musique des marches de Camille Saint Saens (NDLR : Aquarius, le Carnaval des Animaux) ! J’ai dormi 2 heures cette nuit-là. Le jour même, je n’y croyais toujours pas. Mon nom tardait car je ne savais pas que c’est par ordre alphabétique des cinéastes que les films étaient présentés. En plus, Thierry Frémaux me présente comme « la petite fille des Dardenne ». Wouah ! La vague de félicitations a été immense…

MK : Moi, j’ étais à l’étranger quand j’ai appris que nous étions sélectionné pour Cannes… J’avais envie de vivre ce moment avec toute l’équipe

LPN : Et le jour même ?

AR : Tout est hyper beau, les robes, les Marches, la pression de la montée, il faut performer aussi intellectuellement lors des interviews et de la conférence de presse. On a vécu ça ensemble avec Malou (Khebizi). J’ai vécu tout ça avec Julien (Colonna) aussi…

MK : C’est un mélange d’émotions intense. Cannes est un univers très impressionnant. Il y a la projection, la soirée, on est aspiré par la vie cannoise…

AR : La conférence de presse nous met une pression de dingue mais nous avons eu un très bon accueil. La date et l’heure de projection nous ont protégé. On se sent comme une balle de flipper…

MK : Le plus difficile, c’était durant la projection, de se rendre compte, de profiter…

Léa Goria : Tout ce monde dans le hall avant de rentrer dans la salle, c’était stressant. Mais avant, il fallait monter les Marches, surtout ne pas tomber… C’était la première fois que je voyais le film. J’étais subjuguée, l’accueil a été exceptionnel et après, ce sont les pleurs, tous ensemble…

LPN : Vous évoquez souvent Julien Colonna…

AR : On a vécu cette aventure cannoise ensemble, on est des amis. Lui était à Un Certain Regard, moi en compétition Officielle. Nous nous sommes retrouvés lors du dîner de la Caméra d’Or. Tout nous relie. Nous avons réalisé un premier film en même temps, nous sommes à Cannes en même temps, nos dates de tournages étaient similaires, des gens ont travaillé sur nos deux films. Lui a été distribué par Ad Vitam, moi par Pyramide. Ils sont venus très vite, plusieurs mois avant le tournage… Le film a été très bien vendu

LPN : Etes-vous repartis tout de suite après la projection ?

AR : Non, nous voulions profiter à fond de Cannes. Nous sommes restées le plus longtemps possible. Je voulais comprendre ce que j’étais en train de vivre. Emmagasiner, ouvrir les yeux, garder des souvenirs… Nous sommes restées 7 çà 8 jours, du mardi au mercredi…

LPN : Et après, et maintenant ?

AR : Après, je n’ai rien lu, pas envie. Là, c’est la promo mais DIAMANT BRUT, c’est ma colonne vertébrale. J’ai de vagues désirs… Je suis heureuse d’être à Nice au Pathé Gare du Sud. Nice, c’est la terre de Léa (Goria), et ici, c’est la région de Malou.

MK : Moi, après le film, je suis entrée dans une Agence à Paris. J’ai passé de nombreux castings et déjà plusieurs projets pour 2025.

LG : Pour ma part, je suis toute à cette soirée d’avant-première. Je sais qu’il y aura mes amis, ma famille dans la salle. Propos recueillis par Pascal Gaymard

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