Et le consensus s’est confirmé avec 7 statuettes dont celle de meilleur réalisateur et surtout de meilleur film.
Corinne Masiero…nue pour défendre les intermittents
Il est bien dommage qu’Albert Dupontel n’ait pas été présent, laissant à sa productrice, la séduisante Catherine Bozorgan, tout le boulot par 7 fois. Elle n’a pas failli et a été l’une des voix qui ont porté l’estocade contre la ministre de la culture présente, Roselyne Bachelot, qui se refuse toujours de donner une date de réouverture pour les cinémas, théâtre, musées… La maîtresse de cérémonie, Marina Foïs, a estimé « n’avoir plus confiance » en sa ministre. Les intermittents ont également eu un moment pour présenter leurs revendications sociales d’une profession sinistrée, mais la plus efficace contribution, la plus folle, la plus inoubliable aura été l’arrivée de Corinne Masiero en Peau d’âne pour présenter le César des meilleurs costumes. Sous sa peau…d’âne, une robe rouge ensanglantée témoignant du combat des intermittents pour Carrie au bal du diable (à L’Odéon ?), et puis sa peau…nue parsemée de messages à la manière des Femen… Cela a été le seul moment de folie d’une cérémonie bien trop sage.
Les surprises de Fathia Youssouf et Jean-Pascal Zadi
Pourtant, les débuts avaient été prometteurs avec un beau discours de Marina Foïs réglant la polémique sur la nécessité de présenter les César cette année : « On n’a pas trouvé pourquoi alors on s’est dit que c’était essentiel ». Le ton était donné. « On va se célébrer avant de vous retrouver… Je rêve de ça… Rire, pleurer, coucher avec des inconnus…célèbres ». Puis Catherine Ringer a si bien chanté « Je reviens te chercher ». Le président, Roschdy Zem, a cité Mnouchkine… « Le cinéma continue d’exister sans sa dimension collective », une façon de rappeler au public que les professionnels les attendent, veulent croire à la réouverture des salles obscures où tout se joue. Tout a débuté par la remise des prix des Espoirs, Fathia Youssouf pour MIGNONNES qui devance la favorite, Mélissa Guers (La fille au bracelet). Elle est la plus jeune lauréate des César. Côté masculin, c’est le discutable Jean-Pascal Zadi pour son faux documentaire, TOUT SIMPLEMENT NOIR qui l’emporte devant les acteurs de l’Été 85 qui eux, étaient de vrais comédiens.
Laure Calamy et Sami Bouajila logiquement
Après, le meilleur 1er film est revenu logiquement à DEUX de Filippo Meneghetti, film qui représentera la France aux Oscars. Il en a été de même pour JOSEP qui était favori pour le meilleur film d’animation. Côté documentaire, ADOLESCENTES a supplanté La Cravate et Sébastien Lifshitz, un réalisateur attachant, a pu savourer ce moment après 7 ans d’efforts. Il a gagné aussi les statuettes pour les meilleurs son et montage. Entre deux prix, la troupe du Splendid s’est retrouvée pour des César d’honneur. Et puis, les comédiens ont tous été ceux que nous avions choisis : Émilie Dequenne pour le second rôle féminin pour LES CHOSES QU’ON DIT LES CHOSES QU’ON FAIT, le grand perdant de la soirée, et le très bon, Nicolas Marié, meilleur second rôle masculin pour ADIEU LES CONS. Mais ce qui était le plus attendu, c’étaient les César des comédiens, Laure Calamy pour la si brillante comédie, ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES, et Sami Bouajila pour UN FILS. Ils étaient deux évidences, deux revanches, deux comédiens habitués des seconds rôles et qui ont brillé en portant chacun, un film sur leurs épaules.
Une ambiance tristounette…
Pour finir, côté ambiance, outre Catherine Ringer, les paroles d’Alain Souchon ont résonné d’une drôle de manière : « Quand je serai KO… Est-ce que tu m’aimeras encore dans cette vie de mort » … L’orchestre mené par Benjamin Biolay a été impeccable. Les hommages aussi à Michel Piccoli, Jean-Loup Dabadie, les mots touchants de Louis Garrel pour son ami, Jean-Claude Carrière, « un grand esprit »… Mais nous attendions de Marina Foïs plus de folie, plus de textes incisifs de Blanche Gardin et Laurent Lafitte, plus de sketchs. Une ambiance tristounette, signe des temps, et une cérémonie trop sage qui aura tout de même le mérite de nous faire oublier la mascarade de l’an passé avec Florence Foresti et d’Adèle Haenel.
Pascal Gaymard