Accueil À la Une CINÉMA – À la Belle Étoile : Histoire vraie de Pâtissier…

CINÉMA – À la Belle Étoile : Histoire vraie de Pâtissier…

Au Pathé Gare du Sud, les avant-premières se succèdent, la dernière étant celle d’À la Belle Étoile, une comédie dramatique signé Sébastien Tulard qui était accompagné de son acteur principal, Riadh, et du célèbre Pâtissier, Yazid Ichemrahen.

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Depuis le début de la tournée à Épernay où une grande partie de l’histoire s’est déroulée, l’équipe a parcouru 10 villes, la sortie du film étant prévue le 22 février prochain. La récompense surprise est venue de leur nomination au Festival de la Comédie de l’Alpe d’Huez. Les retours ont été plus que favorables et le réalisateur, son acteur, et son sujet étaient à Nice pour rencontrer le public azuréen. Retours.

Le Petit Niçois : Quel est le point de départ de ce film, À la Belle Étoile ?

Sébastien Tulard : C’est la productrice, Laurence Lascary, qui a acheté les droits du livre du Pâtissier, Yazid Ichemrahen. Elle avait fait précédemment L’Ascension et elle estimait que le livre véhiculait les mêmes valeurs. Depuis des années, Laurence produisait mes courts métrages. Un autre réalisateur devait faire le film mais il a été empêché. Laurence m’a alors proposait de le faire sur la base d’un scénario de Cédric Ido.

LPN : Comment avez-vous trouvé votre acteur principal ?

ST : J’ai vu une cinquantaine de jeunes et Riadh n’était pas dans ma liste de départ. Laurence me l’a présenté et ses essais ont été bluffants. Il a fait une une très bonne prestation, et a montré beaucoup d’empathie. Il a un énorme potentiel. Alors on a fait un deal : c’est mon 1er, c’est ton 1er, donc il faut faire un truc de fou, ensemble. Il a accepté de poser son téléphone portable durant trois ans. Il a pris des cours de pâtisserie avec Yazid pour avoir les bons gestes, partager sa vision de la vie, son savoir-faire.

Riadh : La préparation a été cruciale. Yazid était présent lors de toutes les scènes de pâtisserie.  Il fallait être sérieux et appliqué pour être plus à l’aise lors des scènes pratiques. Il ne fallait pas le trahir, c’est sa vie qui se joue à l’écran… Puis, il a vu le film…

ST : Et il l’a apprécié ! On avait peur de sa réaction. Il nous a donné la chance de raconter sa vie, de figer son histoire aux yeux du monde. Après la projo, il s’est levé et m’a pris dans ses bras… J’ai versé ma petite larme. Après, nous avons déjeuné et il n’a fait que parler du film. Il est revenu sur certaines scènes comme si la caméra était toujours là.

LPN : Qu’avez-vous changé par rapport au livre ?

ST : Nous ne sommes pas partis d’une page blanche. Il y avait le scénario de Cédric. Il a fallu trier les moments clés afin de respecter le message basé sur la combativité, l’opiniâtreté, faire de la pâtisserie pour survivre. Son leitmotiv au personnage, c’est la reconnaissance de sa mère, des autres pâtissiers, du monde, de lui-même. Yazid s’est sauvé… Oui, nous avons modifié certaines scènes comme celle de la garde à vue où sa mère était dans une cellule juste à côté de la sienne. Nous avons préféré qu’elle vienne sortir de prison son fils.

LPN : Et vous, qu’est-ce que Yazid vous a-t-il dit après avoir vu le film ?

Riadh : Je n’étais pas présent lors de la projo test. Il ma fait comprendre qu’il était content. J’avais tellement peur de le décevoir. Alors on écoute, on pose des questions, on suit les indications du réalisateur, on se donne à 100%. Ce rôle est arrivé au bon moment pour moi. C’est le film que je voulais faire, celui qui résonne le plus par rapport à ma propre vie.

LPN : Comment vous êtes-vous préparé à ce rôle ?

Riadh : Nous avons fait un mois de préparation avec Sébastien, on a tout décortiqué, scène par scène. Les plus compliquées étaient les séquences avec la mère. Il fallait que je lui crie dessus, j’avais peur que ça ne fasse pas vrai.

ST : Yazid lui montrait comment il fallait faire, les attitudes à prendre, surtout face à cette mère toxique. Quand il crie sur sa mère, c’est la dernière scène du film alors que le 1er jour était la sortie de la garde à vue. Lubna (Abidar) est une vraie comédienne. Elle ne lui a pas dit bonjour car elle était déjà dans son rôle. La directrice du foyer, Sandrine Dumas, m’a posé plein de questions. Je lui ai dit qu’on allait faire un bon film. Elle m’a répondu : c’est quoi un « bon film » ? Je lui ai dit : Avec le cœur. Elle était satisfaite.

LPN : Quel a été le meilleur moment pour vous ?

Riadh : Les scènes à Nice, au Grand Hôtel de St Jean Cap Ferrat. Mais aussi les plus difficiles lorsqu’il a fallu se mettre à l’eau en décembre…

LPN : Quels projets ?

ST : Je suis en écriture, ce n’est pas encore fini. Il faut battre le fer quand il est chaud.

Riadh : J’ai des propositions, il faut bien choisir.

Propos recueillis par Pascal Gaymard

Yazid Ichemrahen :

LPN : En tant qu’auteur du livre, vous êtes-vous senti trahi ?

Yazid Ichemrahen : Pas trahi car j’ai été associé à toutes les étapes du film : validation du scénario, choix de l’acteur principal, assurer la partie conseil en pâtisserie… Cela a duré 5 ans… Il y a un sentiment de fierté, mais aussi une mélancolie. Ce que j’ai apprécié chez Laurence (Lascary, productrice) et Sébastien (Tulard), c’est qu’ils avaient envie de m’écouter, de passer un message… Ils sont des artisans, comme moi… La partie sur la Côte d’Azur qui a été un déclencheur pour moi est particulièrement réussie.

LPN : Tout est-il vrai à Nice ?

YI : Oui. Je dormais dehors, mes affaires étaient à la Gare. Tous les jours, j’étais réveillé par le bateau qui lave la plage à 6h. J’ai passé 9 mois comme ça… J’accumulais les chèques du Métropole sans pouvoir les encaisser…

LPN : Qu’est-ce qui a motivé le choix pour l’adaptation du livre ?

YI : En signant avec une petite boîte de prod, je savais qu’ils allaient respecter mon livre, Créer pour survivre, Vivre pour ne pas sombrer. Aujourd’hui, je n’oublie pas d’où je viens, qui je suis et ce que j’ai à faire. Je suis un perfectionniste dans l’âme… Je viens d’écrire un autre livre qui sort demain (NDLR : Le 15/02). Un livre, c’est comme une thérapie…

LPN : Et la période du covid ?

YI : Une descente aux enfers… J’avais fait 39 pays durant les 6 années précédentes. Il fallait que je prouve suite à la victoire du championnat du monde des Pâtissiers avec l’équipe de France. Et puis, le covid a tout cassé. Je me suis rendis compte que j’avais beaucoup de contacts professionnels mais pas d’amis. Cette solitude m’a renvoyé à mon passé et j’ai vécu deux ans de calvaire.

LPN : Et votre ami Manu ?

YI : Manu est un vrai ami, une belle personne. Mais un fossé s’est creusé entre nous. Il a sa vie, son ambition… Nous avons deux vies différentes. On se voie toujours.

LPN : Dans le film, on évoque des génies. L’êtes-vous devenu ?

YI : Non, pas du tout. J’essaie d’être toujours différent des autres. Un génie, c’est Bernard Arnault. Il dit souvent : « Seul le poisson mort va dans le sens du courant ». Donc, je vais à contresens des tendances dans la pâtisserie. Et je la couple avec la mode pour inventer mon « Life Style ».

LPN : Que pensez-vous de toutes les émissions TV sur la pâtisserie ?

YI : C’est une bonne chose, elles mettent notre métier au 1er plan. Mais c’est un travail et ce n’est pas facile .Marcotte et Cyril génère bien des reconversions… La pâtisserie, ce n’est pas que faire de bons gâteaux, il faut aussi faire la vaisselle, nettoyer les sols… Mais cela reste une belle mise en lumière de notre art.

LPN : Quelle promo pour votre 2ème livre ?

YI : Nous aurons une belle exposition au Drugstore de Paris, le 8 mars prochain. Ce sera la Journée internationale de la Femme. Elles sont celles qui mangent le plus de gâteaux. Alors, j’y vois un beau clin d’œil.

Propos recueillis par PG

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