Accueil Antibes 1er Mars 1815 : Napoleon débarque à Golfe-Juan

1er Mars 1815 : Napoleon débarque à Golfe-Juan

Plus de 200 ans après, le débarquement de Napoléon à Golfe Juan reste un événement marquant de l’histoire de France, encore commémoré de nos jours. : C’est le début du Vol de l’Aigle. Retour sur cet épisode aussi étonnant que rocambolesque.

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C’est un rendez-vous auquel les Azuréens et les passionnés sont attachés. Annulée l’année dernière pour des raisons de sécurité, la reconstitution du débarquement de Napoléon à Golfe Juan est de retour. Deux jours de festivités autour du thème, mais aussi, de manière plus générale, consacrées à l’épopée impériale du Corse le plus célèbre de l’Histoire. Pour l’occasion, un village a été mis en place dans lequel bouquinistes et exposants sont venus montrer leurs plus belles pièces de collection (médailles, uniformes, figurines de la Grande Armée). Des conférences et des défilés ont aussi été organisés, sans oublier bien entendu le clou du spectacle : le retour de Napoléon Bonaparte sur les terres françaises. Un engouement aussi spectaculaire que prévisible compte tenue de l’importance de cet épisode mémorable de l’histoire de France.

Une France en paix mais divisée
Depuis 1814, la monarchie est restaurée en France. C’est Louis XVIII, frère de Louis XVI (décapité en1793) qui est à la tête du pays. « La France est en paix » explique Pierre Branda, historien spécialiste du Premier Empire et membre de la fondation Napoléon « néanmoins, l’armée est très en colère contre le roi. D’une part parce qu’elle a toujours soutenu Napoléon mais d’autre part parce que les soldats sont renvoyés dans leurs foyers parce qu’il n’y a plus de guerre. De plus elle ne voit pas d’un très bon œil le retour de l’entourage du roi qui a selon elle trop de pouvoir. Il existe un mécontentement sourd et diffue qui se propage dans les troupes ». Quant à l’opinion publique, elle est divisée « cela dépend des régions » continue l’historien « la Provence a été plutôt satisfaite du départ de Napoléon, comme certains territoires maritimes qui voient se terminer le blocus maritime, d’autres comme le Dauphiné étaient plus favorable à l’Empereur. » Dans une France qui a décapité son monarque vingt ans auparavant, les démonstrations royalistes passent mal auprès des Républicains. Au final « il n’y a pas de soutien réel du pouvoir en place auprès du peuple ».

Napoléon, une menace trop proche
Et Napoléon dans tout ça ? Après son abdication en 1814, l’Empereur des Français est exilé sur l’île d’Elbe au large des côtes italiennes. Une décision du Tsar de Russie qui ne convient pas aux grandes puissances de l’époque que sont la France (royaliste), l’Autriche qui veulent l’envoyer beaucoup plus loin par peur d’un éventuel retour… « Il reste un danger pour la France qui veut s’en débarrasser. Que ce soit par l’exil ou l’assassinat » précise Pierre Branda. En réalité, les puissances européennes espèrent secrètement que Napoléon et Joaquim Murat (maréchal d’empire, Roi de Naples et beau-frère de Napoléon) forment une alliance pour régler ces deux problèmes que représentent ces « usurpateurs » en même temps. Sur l’île d’Elbe, l’Empereur est espionné. « Il sait qu’il ne s’agit plus que d’une question de temps avant que l’on s’en prenne à lui ». Nouvel exil ou tentative d’assassinat, Napoléon doit réagir au plus vite…et il a encore une carte à jouer.

Entre la chance et l’audace
Napoléon décide donc de s’échapper de sa prison dorée et. Mais pour aller où ? « Son principal coup de génie à cette occasion ce n’est pas de partir. C’était attendu. Mais c’est de partir pour la France alors que tout l’attendait en Italie » continue l’historien « personne ne l’imaginait possible de ça. Au point ou la police française, avertit quelques semaines avant son départ d’une possible arrivait aux alentours de Cannes, n’a laissé comme commentaire : rapport d’une intrigante qui veut se faire de l’argent. » A bord du brick L’Inconstant et avec moins d’un millier d’hommes, il part en mer le 26 février 1815 pour arriver à Golfe-Juan le 1er mars. « Grâce aux vents, il réussit à éviter le navire anglais qui arrivait à Portoferraio (Elbe). Un bateau français ne le voit pas non plus. Un troisième l’aperçoit mais n’insiste pas…et 24h après ce même bateau était en train de le chercher. Napoléon joue la carte de l’effet de surprise et cela marche ». Il arrive à Golfe-Juan à 13h, en plein jour. Un lieu propice à un débarquement et qui lui permet de réaliser son principal objectif : passer par les Alpes et rejoindre Grenoble un territoire moins hostile pour lui. « Il a été plutôt bien reçu. Au fort de Sainte-Marguerite, son débarquement a été observé mais les officiers ont cru qu’ils s’agissaient de Barbaresques…une situation assez étrange ». Toujours est-il qu’à partir du moment où il touche le sable azuréen jusqu’à son arrivait à Paris commence ce que l’on appellera « Le Vol de l’Aigle ». Une reconquête du pouvoir sans tirer un seul coup de feu.

Dans la légende
Un dernier coup d’éclat pour l’Empereur car même si ces Cent Jours ravivent la flamme de l’épopée napoléonienne, les dés sont jetés. « Remises de la surprise de son retour, les quatre puissances alliées, Angleterre, La Russie, la Prusse et l’Autriche l’ont mis hors-la-loi et ont décidé de lui faire la guerre tant qu’il menacerait le repos du monde ». Seul contre tous, Napoléon sera définitivement vaincu à Waterloo le 18 juin 1815. Il abdiquera une seconde fois et sera une nouvelle fois exilé, mais cette fois bien plus loin, à St Hélène au milieu de l’océan atlantique. Il y trouvera la mort le 5 mai 1821. Au final que reste-t-il de cette évasion de l’île d’Elbe et de son arrivé sur la plage de Golfe-Juan ? « C’est un coup stratégique magistral. Au pied du mur il a pris tout le monde de vitesse. Cela contribue un peu plus à faire entrer, s’il en été encore besoin, cette épopée dans l’histoire » conclut Pierre Branda. Deux siècle plus tard, sur la plage de Golfe Juan, cette épopée est plus vivante que jamais.

Andy Calascione